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Options pour les pays du Moyen-Orient après les pourparlers de Vienne


Rédigé par Salem AlKetbi le Jeudi 17 Mars 2022



Options pour les pays du Moyen-Orient après les pourparlers de Vienne
Face aux nouvelles contradictoires et à l’incertitude quant au sort des négociations de Vienne visant à relancer l’accord nucléaire de 2015 entre l’Iran et le P5+1, il est légitime de se demander quelles sont les options qui s’offrent aux pays de la région, notamment aux pays du CCG et à Israël, compte tenu de la convergence de vues sur la menace iranienne, si l’accord sera signé ou si les cycles de négociations marathon se solderont par un échec et une impasse.

Le dilemme n’est plus seulement que l’Iran et les États-Unis doivent s’entendre sur une formule d’entente pour relancer l’accord. Le texte final pour relancer l’accord nucléaire de 2015 entre l’Iran et les puissances mondiales est pour l’essentiel prêt et sur la table, a déclaré Josep Borrell, chef de la politique étrangère de l’UE.

Mais les discussions doivent être interrompues en raison de « facteurs externes, » un terme devenu courant pour décrire les conditions posées par la Russie pour obtenir des garanties américaines sur la poursuite de la coopération avec l’Iran dans tous les domaines.

Un « accord » a été trouvé, mais l’obstacle des nouvelles conditions russes, qui constituent un choc inattendu pour les Iraniens et un chantage politique illégitime du point de vue de l’Occident, doit encore être surmonté. L’accord sur le nucléaire iranien ne pourra probablement pas être conclu sans la Russie, principalement pour des raisons techniques liées aux aspects opérationnels de l’accord.

Cela ouvre la voie à des spéculations sur le sort de l’accord, Moscou ayant sans doute du mal à se départir de ses conditions, d’autant plus qu’elle pourrait voir dans l’échec du « deal » sur le nucléaire iranien une occasion de maintenir les relations tendues entre Téhéran et Washington, avec tous les avantages possibles pour la partie russe.

Les républicains américains estiment qu’un accord avec Téhéran serait une « grande victoire » pour le président russe Vladimir Poutine. Mais cette « victoire » dépend nécessairement de l’assurance donnée par les États-Unis à Moscou que le commerce et les échanges militaires avec l’Iran ne seront pas affectés par les sanctions américaines. Il n’y a aucun doute à ce sujet.

Il est peu probable que l’accord soit conclu si la Russie se conforme aux conditions que Washington qualifie de « non pertinentes. » La question la plus intéressante dans ces circonstances est celle des conséquences stratégiques possibles si l’accord est signé ou si les négociations sont déclarées infructueuses.

Ici, nous pouvons dire que, dans la pratique, il n’y a pas de différences significatives entre les deux cas, du moins en ce qui concerne la sécurité. L’Iran a atteint un niveau d’enrichissement de l’uranium qui rend la distance avec la possession d’armes nucléaires extrêmement faible.

Il est désormais soumis à des décisions politiques, tandis que les comportements et pratiques négatifs de l’Iran restent les mêmes et vont probablement augmenter en raison de l’augmentation des bénéfices iraniens après la levée des sanctions.

Je pense que la guerre en Ukraine a redoublé l’engagement des négociateurs américains en faveur d’un accord avec l’Iran pour plusieurs raisons et considérations. Certaines d’entre elles consistent à tenter de « neutraliser » le rôle de l’Iran dans le conflit qui fait rage entre la Russie et l’Occident et à « différer » la menace nucléaire iranienne jusqu’à ce que la crise ukrainienne soit résolue.

D’autres sont soucieux en interne d’obtenir, avant les élections du Congrès de novembre, quelque chose qui puisse être vendu aux électeurs américains comme un « succès » de l’actuelle administration démocrate, à condition que la Russie ne bénéficie en aucune manière de la signature de cet accord, d’autant plus qu’un grand nombre de membres du Congrès s’opposent à la poursuite des négociations de Vienne avec la participation de la Russie et demandent au président Biden de s’en retirer.

L’administration Biden est confrontée à deux dilemmes : elle doit trouver une formule qui puisse être commercialisée en interne et en externe. Deuxièmement, il faut s’assurer que la Russie n’utilise pas l’accord pour contourner les sanctions occidentales.

Pour les pays du Golfe et Israël, qui sont les plus étroitement liés à la question du nucléaire iranien, je ne pense pas que cela fasse une grande différence qu’un accord soit conclu ou non. De même, les réactions qui étaient sur la table avant le déclenchement de la guerre en Ukraine ne sont plus pertinentes dans les circonstances actuelles.

Par exemple, jusqu’à nouvel ordre, il n’est plus possible pour Israël de mener facilement une attaque préventive unilatérale contre les installations nucléaires iraniennes.

Israël risque une confrontation avec son allié traditionnel, les États-Unis, ainsi qu’avec des pays européens, qui pourrait dégénérer en une guerre ouverte dont les conséquences et les répercussions sur la sécurité d’Israël sont difficiles à évaluer, compte tenu du réseau de la milice terroriste à Téhéran, et qui compliquerait encore la situation internationale.

Il est également impossible pour Israël d’obtenir le feu vert des États-Unis pour une attaque contre l’Iran dans ces circonstances délicates. Pour les pays du CCG, la situation avec l’Iran ne changera que si les convictions et les perspectives stratégiques de Téhéran concernant ses intérêts évoluent fondamentalement, tant en termes de stabilité régionale que de relations avec les pays voisins.

Cela ne s’est pas encore produit, à l’exception de quelques déclarations répétées et de discussions exploratoires qui n’ont pas encore abouti à des progrès positifs, et un accord ne signifiera pas que le rôle régional de l’Iran sera réduit.

Je pense qu’au vu de la confusion internationale et du chaos qui règne dans l’ordre mondial sur fond de guerre en Ukraine, une coordination et une coopération régionales sont nécessaires, sans exclure Israël en cas d’escalade soudaine, de menace ou de crise. Cette coopération ne sera pas dirigée contre une partie régionale. Elle constituera un pare-feu contre toute menace potentielle à la sécurité des États de la région.
 


Salem AlKetbi
Politologue émirati et ancien candidat au Conseil national fédéral



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