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Mohammedia : La Kasbah, un quartier aux relents de grigris et de grisbi


Rédigé par Houda BELABD Lundi 7 Août 2023

La Kasbah de Mohammedia est bien plus qu'un quartier de l'ancienne médina de Fédala. Si l'on se fie à certains faits divers qui reviennent comme une ritournelle sur les colonnes de la presse nationale, ces quelques hectares regorgent d’énigmes et de mystères. Abracadabra !



Photo: droits réservés.
Photo: droits réservés.
 
Nous sommes à Mohammedia en cette fin d’après-midi ensoleillée. Il est 17h10. Une dame portant de larges lunettes noires demande son chemin le plus discrètement du monde avant qu’une horde de femmes quittant la maison d'un célèbre guérisseur lui bloque la route. Soudain, un senior se mit à prier le Seigneur de bien vouloir préserver le quartier de la déviance et de la menace de ses charlatans. Nous ne sommes pas à Poudlard, mais à la Kasbah de la Cité des fleurs.

Construit en 1768, sous le règne du Sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah, ce vieux quartier encercle, non sans une curieuse contradiction, deux mondes différents : celui des esprits brillants, et celui des esprits maléfiques.

Dans l’enceinte de ces quelques bouts de terre se côtoient, en effet, médecins et guérisseurs, dispensaires et herboristes, médecine douce et magie noire. Les diseuses de bonne aventure, quant à elles, prennent d’assaut une allée où les vendeurs de grigri côtoient, non sans un brin de mépris, les vendeurs d’eau coranique, en quête de personnes simples d’esprit et assez faibles émotionnellement pour croire dur comme fer à leurs interprétations approximatives dans l’optique de leurs dérober des sommes, parfois, faramineuses.

Ces marginaux qui fricotent avec le diable

En effet, dans ce coin mystérieux, il est facile de constater que certains commerçants ne se contentent pas de vendre des herbes de bon augure, car les vendeurs de maléfices, ou de «khyouba», font également partie de ce décor digne de Poudlard.  Le plus souvent, ces mauvais sortilèges sont minutieusement confectionnés à partir de carcasses de rongeurs, de reptiles, d'organes génitaux de sangliers, de cerveaux de hyènes ou, tenez-vous bien, de poils de taupe !

De plus, à notre plus grande surprise, une habituée des lieux, vivant probablement dans les parages, va jusqu’à nous parler de talismans écrits avec du sang de hérisson. Toujours selon ses dires, «l’on vend également du mercure utilisé lors des rituels d’allégeance et de soumission ». Un rituel dont aucun vendeur interrogé n’a su ni pu nous en déceler le secret.

«Je vis dans une éternelle paranoïa et malgré mes années passées à la Faculté des sciences de l’éducation, je me suis moi-aussi mise au rituel du désenvoûtement au plomb, car mon voisin fréquente les marabouts. Je suis sûre qu'il me veut du mal pour que je lui vende mon appartement à bas prix», confie une jeune femme d'une quarantaine d'années.

«J’ai démarré mon activité en tant que vendeur d’huiles essentielles et senteurs arabesques il y a une dizaine d’années et aujourd’hui, je ne vous cache pas que mon activité se porte comme un charme », nous avoue Adil, un commerçant qui nous explique que sa principale source de revenus est la vente des bois et autres substances résineuses orientales tels que le santal, le benjoin, l'encens, le musc, l'ambre, le bois d'agar et l'oud. Des odeurs «paradisiaques qui chassent les mauvais esprits », comme d’aucuns se plaisent à répandre.
 
A quelques enjambées de la mosquée jouxtant la fameuse allée des herboristes, des vendeurs d'un autre monde parallèle s’affairent dans la vente de vêtements de contrefaçon aux grosses griffes qui, bien qu'ils semblent tirer de l'argent sur le tas, semblent avoir une longueur de retard sur leurs voisins ayant vendu leurs âmes au diable.







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