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Actu Maroc

Maroc-Espagne : 4400 disparus sur les routes Migratoires en 2021


Mercredi 5 Janvier 2022

2021 est l’année la plus meurtrière sur les routes migratoires qui mènent à l’Espagne, selon Caminando Fronteras. L’ONG a recensé 4404 migrants morts ou disparus durant l’année passée, c’est deux fois plus qu’en 2020.



Actif depuis 2002, le collectif Caminando Fronteras publie ce lundi son rapport annuel sur les victimes des routes migratoires de la frontière Euroafricaine. Selon l’ONG, 4404 personnes ont disparu l’an dernier en tentant la traversée vers l’Espagne. Dressant le bilan des victimes de drames migratoires sur la base des appels de migrants ou de leurs proches sur ses numéros d’urgences, l’ONG estime qu’en moyenne douze personnes par jour ont été disparues.

Une féminisation des routes migratoires vers l’Espagne a été également remarquée : en 2021, 628 femmes et 205 enfants sont morts ou disparus en tentant de rejoindre le pays ibérique.

 L’année de la douleur, 12 décès par jour

 En raison de la militarisation des frontières méditerranéennes, mais également des intérêts territoriaux (maritimes et terrestres) disputés sur la côte atlantique, les tentatives de traversées par la mer depuis le nord du Maroc jusqu’aux territoires espagnols sont de moins en moins nombreuses. Néanmoins, on continue de mourir en mer en raison du manque de moyens de sauvetage. C’est deux fois plus qu’en 2020. À cette époque déjà, 2170 personnes étaient mortes ou disparues en tentant de rejoindre l’Europe via l’Espagne.

Le nombre tragique fait de 2021 l’année la plus meurtrière depuis 2015 et le début des rapports de l’ONG Caminando Fronteras. L’ONG relève que les politiques de dissuasion et de contrôle mises en œuvre par l’Europe et le Maroc sur les itinéraires de la Méditerranée occidentale ont considérablement détourné les flux migratoires vers l’Atlantique, les îles Canaries devenant la principale destination des personnes en déplacement.

À partir du mois d’avril, le nombre de morts et de disparus aux Frontières occidentales euro-africaines n’a cessé d’augmenter. L’un des pics de mortalité a coïncidé avec les moments les plus difficiles de la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne : entre fin mai et début juin, en à peine quinze jours, dix tragédies ont eu lieu, provoquant la mort de quatrecent-quatre-vingt-une personnes.

La hausse du nombre de victimes est aussi liée à l’augmentation du nombre de bateaux pneumatiques partant des côtes situées entre le Cap Boujdour et Guelmim. Ces embarcations, utilisées pour les traversées en mer Méditerranée, sont fragiles et précaires, et sont d’autant plus dangereuses sur l’océan Atlantique. Mais c’est au mois d’août que les chiffres ont atteint les plus hauts sommets : vingt et une tragédies ont été enregistrées au cours desquelles plus de six-cents personnes ont trouvé la mort et ont disparu aux frontières.
L’année des embarcations pneumatiques vouées à ne pas s’en sortir
 Depuis fin 2020, l’ONG déclare une augmentation des embarcations pneumatiques sur l’itinéraire des Canaries. Durant les six premiers mois de l’année, trente-trois pour cent d’entre elles ont connu une fin tragique. Les facteurs à l’origine de ces drames sont liés aux mauvaises conditions des embarcations et aux retards dans les opérations de recherche et de sauvetage, mais ils sont dus également aux difficultés de coordination entre l’Espagne et le Maroc lorsqu’il s’agit de défendre la vie en mer. Au mois d’août, des embarcations composées de personnes d’origines maghrébines ont également commencé à apparaître dans cette zone de la route atlantique. Ces populations migrantes étaient parties du centre du Maroc pour, là encore, attendre dans le désert de Dakhla avant d’entamer la traversée vers les îles Canaries. Plusieurs de leurs bateaux ont fini par disparaître complètement, laissant les familles sans nouvelles. Cela n’a fait que confirmer une réalité déjà présente chez les victimes des frontières maritimes, à savoir le nombre élevé de naufrages qui ne laissent aucune trace derrière eux.