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Maroc - Egypte : Le business au service du réchauffement d’une relation historique


Rédigé par Anass MACHLOUKH Mardi 10 Mai 2022

A l’occasion de la visite du Chef de la diplomatie égyptienne au Maroc, Rabat et Le Caire s’apprêtent à hisser leur niveau de coopération économique avec un focus sur l’investissement. Détails.



Maroc - Egypte : Le business au service du réchauffement d’une relation historique
Le 9 mai, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, s’est rendu au Maroc dans le cadre d’une visite officielle à l’invitation de son homologue marocain Nasser Bourita. Ce dernier l’a reçu au siège de la Diplomatie marocaine devant la cité historique de Chellah.

Pour les uns, cette visite est comme celle de tout autre ministre étranger, pourtant elle revêt une importance particulière vu les annonces qui ont été faites à l’issue de la rencontre entre les deux diplomates.

Après les nombreuses interprétations de la position égyptienne sur la question du Sahara, Sameh Choukri a tranché le débat faisant clairement part du soutien de son pays à l’intégrité territoriale du Maroc. Une position d’autant plus claire qu’elle a été actée dans le communiqué conjoint.

Le Caire demeure attachée à une solution onusienne, elle soutient, pourtant, une solution du conflit dans le cadre de la souveraineté marocaine. Sameh Choukri a réitéré le soutien de son pays à la Résolution 2602 du Conseil de Sécurité de 2021, qui a clairement reconnu la pertinence et la centralité du plan d’autonomie proposé par le Maroc comme solution du conflit, en appelant les parties, dont l’Algérie, à prendre part au processus politique.

Outre cela, Sameh Choukri a saisi l’occasion de sa présence au Maroc pour saluer les efforts sérieux et crédibles du Maroc visant à aller de l’avant vers un règlement politique de la question du Sahara. Le Royaume, rappelons- le, ne cesse d’accumuler les victoires diplomatiques, en obtenant le soutien de l’Allemagne, l’Espagne, la France et des Etats- Unis à l’initiative d’autonomie. Un soutien auquel s’ajoute l’appui de nombreux pays africains et arabes qui ont ouvert des représentations diplomatiques dans les provinces du Sud.

Convergence des vues

La position égyptienne traduit la convergence de vue entre Rabat et Le Caire qui partagent la volonté d’approfondir la concertation sur tous les sujets d’intérêt commun. Sur ce point, il a été décidé de relancer le mécanisme de coordination et de concertation politique, dont la quatrième session aura lieu au Caire.

Quoique la date ne soit pas encore annoncée, cette réunion aura lieu au cours du deuxième semestre de l’année en cours. Il s’agit là d’un mécanisme institutionnel, par lequel les deux pays peuvent échanger les vues et coordonner leurs actions au sujet des différentes questions d’intérêt commun sur les plans arabe et africain. «Il y a une convergence de vues entre le Maroc et l’Egypte et une volonté de traduire la coordination bilatérale en initiatives conjointes au service aussi bien des intérêts des deux pays que de la sécurité, de la paix et de la stabilité régionales », a déclaré Nasser Bourita, lors d’un point de presse conjoint avec son homologue égyptien.

Des dossiers sensibles sur la table

Nombreuses sont les questions sensibles sur lesquelles Rabat et Le Caire peuvent travailler aussi bien sur le plan arabe que sur le plan africain. Là, il sied de rappeler que les deux pays partagent l’appartenance à la Ligue arabe et à l’Union africaine. Cependant, les sujets sensibles ne manquent pas, on cite le dossier sulfureux du Barrage de la Renaissance (Ennahda) qui oppose l’Egypte à l’Ethiopie au sujet de l’exploitation des eaux du Nil.

Sur ce dossier, la diplomatie marocaine se comporte avec prudence et modération, d’autant que Le Caire attend un soutien du Maroc en échange de son soutien affiché à la cause nationale. Le Royaume a également des intérêts à préserver avec l’Ethiopie. La question a été au coeur des discussions entre Nasser Bourita et Sameh Choukri qui ont parlé des derniers développements du conflit qui, aux yeux des Egyptiens, est une question vitale puisqu’il s’agit de la sécurité hydrique.

Prenant acte de cela, le Maroc soutient pleinement et entièrement la souveraineté et la sécurité hydrique de l’Egypte, tout en rejetant les décisions unilatérales s’agissant de l’exploitation des ressources du Nil. Il s’agit là de la position officielle du Royaume telle qu’exprimée par Nasser Bourita dans le communiqué conjoint où le Chef de la diplomatie marocaine a appelé Le Caire et Addis-Abeba à privilégier la coordination et la concertation avec une bonne intention, et ce, conformément à la Résolution du Conseil de Sécurité en septembre 2021.

Le ministre égyptien a, d’autre part, fait savoir que son entretien avec M. Bourita a été l’occasion d’évoquer plusieurs questions d’intérêt commun en lien avec l’Afrique, notamment la région sahélo saharienne, les développements en Libye, la question palestinienne et la lutte contre le terrorisme, les organisations terroristes et l’idéologie extrémiste.

Bientôt le forum d’affaires

Par ailleurs, les deux pays veulent désormais passer à la vitesse supérieure dans la coopération économique. Durant leurs entretiens, Nasser Bourita et son homologue égyptien ont mis l’accent sur la nécessité de promouvoir les investissements et le business de façon générale.

Évidemment que la convergence politique ne suffit pas pour raffermir les rapports internationaux au XXIème siècle sans intérêts économiques communs. Raison pour laquelle le Maroc et l’Egypte souhaitent promouvoir l’investissement dans les deux sens, en mettant en place le forum d’affaires. Il s’agit d’une étape préliminaire avant la tenue de la Commission économique mixte qui sera présidée par les Chefs d’Etat des deux pays.

A cet égard, le communiqué conjoint a souligné que la dimension économique et d’investissements est un pilier fondamental dans les relations entre les deux pays, compte tenu de la capacité des deux Etats à établir une relation de coopération et de complémentarité dans de nombreux domaines, du positionnement stratégique unique des deux pays, de leurs grandes potentialités économiques et de leurs excellentes compétences humaines.



Anass MACHLOUKH


Dépasser les malentendus
 
La Commission économique mixte permettra de faciliter la coopération à tous les niveaux, y compris le volet commercial. Les deux pays, rappelons-le, ont eu un malentendu l’année dernière concernant les restrictions d’importation des voitures de l’usine Tanger Med en Égypte.

Cet épisode a failli déclencher des “escarmouches commerciales” entre les deux pays suite à l’intervention de l’ex ministre de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy. Ce dernier a pu trouver un accord avec son homologue égyptien, en juillet 2021, permettant à 250 voitures marocaines, bloquées depuis mars de la même année, d’entrer sur le marché égyptien. Cet épisode semble oublié et les deux pays ont pris conscience du potentiel de coopération dont ils disposent afin d’aller de l’avant.
 








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