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Culture

MAGAZINE : Raouia, l’écran total


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 16 Novembre 2025

Du 28 novembre au 6 décembre se tiendra à Marrakech la 22e édition du Festival international du film. Dans sa rubrique « Hommages », cette fête du cinéma passera en revue le Mexicain Guillermo del Toro, l’Egyptien Hussein Fahmi, l’Américaine Jodie Foster et la Marocaine Raouia. La carrière de cette dernière, Fatima Hernadi de son vrai nom, regorge de magnétisme. A 74 ans, elle est toujours d’aplomb. Après un parcours de plus de quatre décennies.



Raouia est dans l’ample qu’elle magnifie avec un doigté caressant. / Crédits image : Stephane Cardinale
Raouia est dans l’ample qu’elle magnifie avec un doigté caressant. / Crédits image : Stephane Cardinale
Son nom d’emprunt est à lui seul un envol lyrique. Narratrice aux allures de cantatrice, son visage et ses expressions content la vie et pas seulement la sienne. A chacun des rôles qu’on lui confie, elle ajuste ce que l’écrit ne trame pas, le suggère seulement. Elle s’occupe du reste, du plus gros, donnant vie à l’inertie d’un récit. Raouia n’est pas dans l’à peu près, dans l’approximation. Elle est dans l’ample qu’elle magnifie avec un doigté caressant. Même l’humour enjoint, elle le manipule avec aisance, l’insinuant plus que l’exposant. Elle ne lit pas un scénario, elle le dorlote, le malléabilise.

Quant à son regard, il peut être doux, amer ou sans substance. A l’image de ce qu’offre l’existence, loin de la fiction. Mais Raouia a la subtilité de confondre les deux en convoquant l’illusion. Magnétique, elle séduit le metteur en scène et subjugue le réalisateur. Les deux lui reconnaissent une exceptionnelle performance, une puissante personnalité, de la profondeur, du charisme. La Zemmourie de 74 ans est aujourd’hui emballée par la consécration du 22e Festival international du film de Marrakech (FIFM) : « C’est un grand honneur de recevoir une invitation du FIFM. Je suis comblée de joie et d’émotion, un sentiment indescriptible d’être honorée dans mon pays, dans la ville rouge, lors de l’un des plus grands festivals de cinéma au monde. »

En 2021 déjà, elle reçoit dans la même cité les honneurs de l’Ecole supérieure des arts visuels à l’occasion de son éphémère rendez-vous « Fête du cinéma de Marrakech ». L’hommage que cette Fête lui rend la touche, la bouleverse comme elle l’exprime le soir de l’ouverture : « Arrêtez, je vais pleurer ! » Et elle écrase quelques larmes avant de partir en courant, droite dans des baskets surmontés d’un jeans et rehaussés d’un pull quasi-vintage. Trois films mettent en scène, pendant cet évènement, la dextérité enveloppant ses prestations : « Les yeux secs » (2003) de Narjiss Nejjar, « Rock the Casbah » de Laïla Marrakchi et « Lhajjates » de Mohamed Achaouer. Parmi les coquetteries de la star, monter la première dans le bus, attendre que tout le monde soit là pour se rappeler qu’elle doit retourner à l’hôtel chercher une veste dans sa chambre. Du coup, tout le monde dit au chauffeur qui s’impatiente : « On attend Raouia ! » Gagné, grande interprète.


Le théâtre, le cinéma

Au cours de ses études secondaires au lycée Chaouki de Casablanca, la future Raouia s’amourache du théâtre et convainc l’artiste Mustapha Toumi de la prendre sous son aile. Elle gagne ensuite Rabat où elle intègre la troupe Al Mansour. C’est avec cette dernière qu’elle décroche le prix de la meilleure comédienne pour son rôle dans « Al Fachiloune » au Festival du théâtre amateur.

Très tôt talentueuse, elle est assoiffée d’aller encore plus loin : « Malgré les prix qu’elle a remportés, Rawia a continué à perfectionner son art aux côtés des acteurs et réalisateurs marocains les plus célèbres tels que Tayeb Saddiki, Ahmed Taïeb Alj, Farid Benmbarek et Abdel Samad Kenfaoui qui l’ont choisie pour rejoindre la Compagnie nationale de théâtre où elle a joué dans de nombreuses pièces à succès et s’est constitué un public fidèle d’admirateurs. »

Après cette tempête de performances, c’est le calme qui entoure Raouia. Sa renaissance, elle la doit au cinéma, notamment avec Mohamed El Abbazi qui la gratifie d’un rôle en 1997 dans « Les Trésors de l’Atlas ». Les propositions se succèdent alors et l’actrice se mêle à différents genres de cinéma, enchaînant les tournages avec Saad Chraïbi, Jilali Ferhati, Noureddine Lakhmari, Narjiss Nejjar, Laila Marrakchi, Abdelhai Laraki, Othman Naciri, Mourad El Khaoudi… : « Sa participation au film de Mohamed El Abbazi lui a ouvert les portes de nombreux films, tels que ‘’Histoire d’une rose’’, ‘’Les lèvres du silence’’, ‘’Soif ’’, ‘’Mona Saber’’, ‘’Rock the Casbah’’, ‘’Casanegra’’ et ‘’Les Yeux secs’’ pour lequel elle a remporté le prix de la meilleure actrice au Festival national du film de Tanger. Elle a également participé à de prestigieuses productions internationales, notamment ‘’Et maintenant… Mesdames et Messieurs’’ de Claude Lelouch, ‘’Le Djinn’’ de Hugues et Sandra Martin et ‘’Des hommes et des dieux’’ de Xavier Beauvois. » Sa prestation dans « A Mile in My Shoes » de Saïd Khallaf se traduit en 2016 par le Prix de la Meilleure actrice à Tanger et à Carthage.

La télévision n’est pas en reste pour Raouia. Elle marque les esprits à très peu d’exceptions et à leur tête « Capitaine Hajiba ». On retient plutôt « Mandeel Safia », « Mawsem Jaf », « Ridaat Al Walida », « Jabarout », « Kayna Dourouf » … Raouia, la discrétion, l’intensité. 







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