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Loi anti-tabac : le gouvernement s’obstine à l’ignorer


Rédigé par Anass Machloukh Jeudi 21 Janvier 2021

L’Exécutif a rejeté une proposition de loi sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics, omettant ainsi de faire face à un danger de la santé publique dans ces temps de pandémie.



Loi anti-tabac : le gouvernement s’obstine à l’ignorer

Fumer dans l’espace public fait toujours polémique, après des années de débat public sur ce sujet et les appels multipliés pour mettre un terme à la circulation périlleuse des fumés de nicotine dans les airs publics partagés par les citoyens, le gouvernement reste insensible, et le démontre par les faits. L’Exécutif, a balayé d’un revers de main, une pro­position de loi à la Chambre des conseillers dont les dispositions interdisent de fumer dans cer­tains lieux publics, et prohibent également la promotion publici­taire du tabac. L’Exécutif a avisé la présidence de la Chambre haute du Parlement de son avis défavo­rable sur cette proposition dépo­sée en 2015.

Insouciance ou difficulté à appliquer la loi ?

La proposition de loi voulait interdire les cigarettes et leur consommation dans des endroits publics à forte mixité sociale tels que les écoles, les universités, les hôpitaux, pharmacies, cafés, ciné­mas, transports publics et la liste et longue… L’équipe de Saad Dine El Othmani n’a trouvé d’autres prétextes pour justifier son refus que d’avancer que la législation marocaine contient déjà des lois anti-tabagisme, nous indiquent des sources parlementaires proches du dossier. Hélas, le gou­vernement demeure incapable d’appliquer une loi ancienne qui date des années quatre-vingt-dix sur l’interdiction de fumer dans les espaces publics qui contient des amendes « symboliques » aux contrevenants qui varient de 10 à 50 dirhams. La nouvelle propo­sition veut les augmenter à 500 dirhams et 1000 dirhams dans certains cas. Cette loi n’a malheu­reusement pas été suivie d’effets, bien qu’elle soit publiée sur le Bulletin officiel, faute de textes réglementaires d’application. En revanche, l’Exécutif s’est conten­té de taxer davantage les tabacs manufacturés à hauteur de 1500 dirhams les 1000 milligrammes dans le projet de Loi des finances 2021, tout en élargissant l’imposi­tion aux cigarettes électroniques.

Pandémie oblige, qu’attend le gouvernement ?

En plus des effets néfastes sur la santé des citoyens non-fumeurs, les dégâts des fumées des ciga­rettes peuvent s’avérer d’autant plus périlleuses dans ces temps de pandémie, que le SARS-COV 2 circule plus aisément grâce aux fumées. En témoigne l’avis du Comité National français Contre le Tabagisme (CNCT) qui ex­plique que la fumée des cigarettes est un vecteur de transmission du virus. Alors que le gouvernement a décrété la fermeture des cafés de Chicha, pourquoi ne s’évertue-t-il pas à interdire les cigarettes au moins dans les lieux publics ? Allal Amraoui, médecin et dé­puté istiqlalien à la Chambre des représentants estime que l’Exécu­tif essuie un échec monumental, sachant que notre pays a été le premier de sa région à promul­guer une loi anti-tabac. Selon le député, le moment est propice pour que le gouvernement et les forces politiques se penchent sur les problèmes relatifs à la santé publique et notamment celui du tabagisme.

Des intérêts économiques en jeu ?
 
Le gouvernement ne semble pas vouloir s’attirer des ennuis, voire de la colère, en excommuniant subitement les cigarettes des lieux publics. Quel que facile qu’il puisse paraître, en finir avec la consommation des cigarettes dans les lieux publics n’est pas chose aisée. Le tabac est ancré dans les mœurs sociales, plusieurs Marocains sont accoutumés à aller aux cafés pour fumer leurs cigarettes. Les cafés seraient privés d’un grand nombre de clients, nous indiquent des proprié­taires que nous avons interrogés. En outre, l’industrie du tabac est très ren­table, elle génère des recettes fiscales que le gouvernement ne semblerait pas prêt à abandonner.

Des intérêts Cigarettes et Covid-19 : Le couple meurtrier
 
Fumer des cigarettes dans les espaces publics est une aubaine pour le SARS-COV-2, les fumées contribuent fortement à une circulation plus rapide du virus, Yves Martinet, président du CNCT, explique  « Une personne fumeuse qui est positive au Covid-19, a plus de risque de contaminer son en­tourage. En effet, les fumeurs exhalent de la fumée qui contient des particules fines sur lesquelles peuvent se fixer les virus. Ces particules deviennent donc infectantes », insistant sur l’impératif que les fumeurs ou « vapoteurs » respectent une distance de sécurité de 10 mètres, loin de toute personne et de toute habitation.








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