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Actu Maroc

Le mariage des mineures, un phénomène d’une grande actualité au sein de la société


Rédigé par La rédaction (avec MAP) Lundi 12 Avril 2021

Le mariage des mineures représente un phénomène d’une grande actualité dans la société marocaine, vu son impact direct sur les droits de l’enfant, tels qu'énoncés dans les conventions internationales y afférentes, a souligné lundi à Marrakech, le Procureur général du Roi près la Cour de Cassation, Président du Ministère Public, Moulay El Hassan Daki.



Président du Ministère Public, Moulay El Hassan Daki
Président du Ministère Public, Moulay El Hassan Daki
Intervenant lors de la cérémonie d’ouverture d’un atelier de coordination organisé, sur deux jours, par le Ministère Public autour du mariage des mineures, M. Daki a relevé que le Maroc, en tant qu’Etat-partie de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) et de la Convention sur le consentement au mariage, l'âge minimum du mariage et l'enregistrement des mariages, est en parfaite harmonie avec ses engagements internationaux, notant que le Royaume a adapté sa législation nationale et fixé l'âge de capacité matrimoniale à 18 ans comme étant une règle générale.

Dans la foulée, il a expliqué que la législation marocaine, à l’instar de celles dans plusieurs pays, soumet le mariage des mineures à une autorisation préalable entre les mains des juges, qui octroient ou non cette autorisation exceptionnelle, et doivent justifier leur décisions et les motifs autorisant ou non ce mariage, après avoir auditionné les parents et recouru à une expertise médicale ou une enquête sociale pour trancher en faveur de l’intérêt de l’enfant.

27.623 demandes d'autorisations de mariages de mineures en 2019

Les statistiques et rapports officiels indiquent que les tribunaux enregistrent une augmentation de demandes des autorisations pour le mariage des mineures, a-t-il noté, faisant savoir qu’en 2019, les tribunaux ont reçu quelque 27.623 demandes d'autorisations de mariages de mineures, selon le rapport de la Présidence du ministère public réalisé au titre de cette année.

"Si en tant que magistrats, nous ne sommes pas responsables des chiffres alarmants de demandes d'autorisations de mariages des mineures, un phénomène lié à plusieurs causes socioculturelles et économiques. En revanche, nous sommes responsables du nombre d’autorisations octroyées, ce qui nous interpellent tous, et nous imposent de ne pas vider cette autorisation législative exceptionnelle de son contenu", a-t-il dit. Et de poursuivre qu'il appartient aussi aux magistrats de prendre en considération l’intérêt suprême de l’enfant, d'autant plus que la situation interpelle tous les intervenants œuvrant dans le domaine de la protection des droits de l’enfant, à intensifier leurs efforts pour mettre fin à ce phénomène social.

Des chiffres en trompe-l'oeil

Après avoir mis l’accent sur le projet du ministère public relatif à la réalisation d’une étude-diagnostic sur le mariage des mineures, à même de permettre de jeter la lumière sur la situation réelle du phénomène, M. Daki, a relevé que les statistiques officielles ne reflètent pas véritablement la réalité en raison, de cas de mariages de mineures passés inaperçus et non pris en compte officiellement, tels que les mariages coutumiers.

La présidence du ministère public croit aux vertus de l’approche participative, étant donné que le mariage des mineures constitue un phénomène social où s’interfèrent les dimensions sociale, économique, religieuse et culturelle, a-t-il estimé, relevant l’importance de la collaboration entre la présidence du ministère public et le ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui ouvre la voie à une approche participative destinée à lutter efficacement contre la déperdition scolaire, qui est en corrélation directe avec l’augmentation des cas de mariage des mineures.

Et de conclure que cet atelier est à même de proposer des moyens efficaces pour la prévention contre ce phénomène et mettre les données juridiques et sociales disponibles pour parvenir à cette finalité, sachant que la région Marrakech-Safi servira d'expérience pilote avant sa généralisation sur les autres régions du Royaume. Le Directeur de l’Académie régionale d’éducation et de formation (AREF) de Marrakech-Safi, Moulay Ahmed Karimi, a souligné, de son côté, que l'AREF met au cœur de ses préoccupations, la lutte contre la violence en milieu scolaire et la considère comme "un prélude" essentiel pour la lutte contre la déperdition scolaire, tout en se mobilisant à la faveur de la promotion de l’adhésion à l’obligation de l’éducation et de l'enseignement, que notre pays a hissé au rang de priorité et de levier pour la promotion de l’individu et de la société.