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Culture

La Maison des femmes – Mélisa Godet : « La violence est un sujet dont on doit parler le plus possible »


Rédigé par Yassine Elalami le Mercredi 3 Décembre 2025

Présenté en avant-première MENA au Festival international du film de Marrakech, La Maison des femmes marque l’entrée remarquée de Mélisa Godet dans l’univers du long métrage. Inspiré d’un lieu réel dédié à l’accueil de femmes victimes de violences, le film déploie une fresque chorale, sensible et profondément ancrée dans le réel, où les trajectoires individuelles se mêlent à un combat collectif porté par des soignantes en première ligne.



Un endroit où enfin la parole des victimes compte ! Le film se déroule dans une Maison des femmes, espace à part où celles qui ont été menacées, brutalisées, violées ou mutilées trouvent une oreille attentive. Diane, Manon, Inès, Awa et leurs collègues y accueillent des patientes dont les récits, parfois insoutenables, exigent écoute, patience et humanité. Godet choisit une narration ancrée dans le quotidien : consultations, accompagnements, scènes intimes et moments d’épuisement composent une mosaïque qui dit la violence, mais aussi la solidarité et la reconstruction.
 
Pour la réalisatrice, ce lieu réel — créé à Saint-Denis par la gynécologue Rada Hatem — est une source évidente de cinéma. « Quand j’ai entendu son projet à la radio, j’ai tout de suite perçu un enjeu immense : une histoire chorale, un sujet profond, un espace où la réalité dépasse déjà la fiction ».
 
Avant le cinéma, Mélisa Godet a étudié les sciences politiques et fait ses premières armes dans la production. Écrivaine récompensée, scénariste puis réalisatrice de courts métrages, elle développe très tôt un intérêt pour les récits humains et les questions sociales. La Maison des femmes s’inscrit ainsi dans un sillon qu’elle assume pleinement : « Ce sont des sujets qui me touchent, dont on doit parler le plus possible ».
 
La force du film repose aussi sur la distribution. Pour incarner les soignantes, Godet réunit Karin Viard, Oulaya Amamra, Laetitia Dosch, Juliette Armanet ou encore Eye Haïdara. Les patientes, elles, sont interprétées par des actrices professionnelles, une décision pleinement assumée : « Les rôles étaient trop lourds pour être confiés à des non-professionnelles. Il fallait du recul, une capacité à porter des récits difficiles, à tourner de nombreuses prises. »

S’ancrer dans le réel pour mieux le comprendre
 
Pour préparer leurs rôles, les actrices ont passé du temps dans la véritable Maison des femmes, auprès des sages-femmes et médecins. Cette immersion leur a permis de saisir la dureté du quotidien, mais aussi la charge émotionnelle de ces métiers. « Ce sont des professions où l’on ne laisse pas son travail à la porte », insiste Godet. Le film montre ainsi comment ces femmes, habituées à absorber la douleur des autres, tentent tant bien que mal de préserver leur propre équilibre.
 
Invitée dans la sélection Horizon du FIFM, la réalisatrice voit cette projection marocaine comme une étape essentielle : « Les violences faites aux femmes ne s’arrêtent à aucune frontière. Plus le sujet circule, mieux c’est. » Le dialogue avec les publics d’autres pays, notamment le Maroc, s’est révélé particulièrement précieux : « C’est passionnant de confronter les points de vue, d’échanger avec des femmes marocaines sur ce qu’un tel film raconte. »
 
Même si elle reconnaît ne pas bien connaître le cinéma marocain, Godet salue cette ouverture et ce pont culturel. La présence de l’actrice Oulaya Amamra, d’origine marocaine, a d’ailleurs renforcé ce lien : « Sa mère est venue découvrir le film hier soir. C’était un moment très émouvant. »



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