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L'Opinion : Recel de criminel


Rédigé par Majd EL ATOUABI le Dimanche 25 Avril 2021



L'Opinion : Recel de criminel
Elle semble bien loin l’époque glorieuse où des juges espagnols de l’audience nationale, investis d’une compétence universelle restreinte puis étendue, brandissaient haut l’étendard de la lutte pour les droits de l’homme et de la chasse aux dictateurs, au-delà même des frontières de la péninsule ibérique.
 
On se rappelle à ce propos de l’affaire du militaire argentin Adolfo Scilingo, condamné par un tribunal espagnol en 2005 à 1000 ans de prison pour avoir jeté depuis des avions des centaines de rebelles à la mer, du temps de la dictature du général Videla. On se souvient surtout de l’estocade portée en 1998 jusqu’au Royaume-Uni de Tony Blair par le célèbre juge Baltasar Garzón contre le général et dictateur chilien Augusto Pinochet qui sera arrêté, inculpé, mis sous résidence surveillée, mais jamais véritablement jugé, puisque décédé en 2006 avant le prononcé du verdict par un tribunal chilien.
 
De ces affaires aux issues décousues et aux motivations nébuleuses, l’Espagne sortira tout de même auréolée de la réputation d’une nation où la justice jouit d’une véritable indépendance et d’un vrai pouvoir qui transcende les frontières, contribuant ainsi à fermer les issues aux criminels contre l’humanité qui voyaient leur univers se rétrécir comme peau de chagrin à coups de mandats d’arrêts internationaux. C’est cette Espagne là que l’actuel gouvernement ibérique vient de déshonorer en autorisant l’entrée dérobée sur son sol d’un criminel sur lequel pèsent des accusations de crimes contre l’humanité et de viols proférées par des citoyens marocains et espagnols.
 
L’exfiltration du criminel Brahim Ghali sous un nom d’emprunt et avec des documents de voyage falsifiés, en totale violation de la réglementation espagnole et européenne sur les déplacements au sein de la zone Schengen, orchestrée de concert entre les autorités espagnoles et les généraux algériens, présentée ensuite comme une opération à vocation humanitaire, est non seulement une insulte à la mémoire de ses victimes, elle constitue aussi un cinglant désaveu de l’indépendance de la justice espagnole. Pour laver cet affront, celle-ci n’a d’autre choix que de sévir contre Brahim Ghali, mais également contre les barbouzes impliqués dans cette affaire de recel de criminel.
 
Majd El Atouabi