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Journée mondiale des TPE-PME : Soutenir les petites structures pour une relance dynamique


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Jeudi 1 Juillet 2021

La Journée internationale des TPE-PME s’est tenue dans un contexte particulier avec la crise du Coronavirus qui a provoqué un ralentissement économique mondial. Elle a touché le commerce, les investissements, la croissance et l’emploi. Au Maroc, l’UGEP se mobilise pour une relance dynamique des TPE-PME, lesquelles représentent 90% du tissu économique.



Ahmed Abdellah est entrepreneur dans le secteur de la menuiserie à Rabat. Avec ses deux collaborateurs, ils discutent de tout et de rien au tour d’un verre de thé, en ce mardi très ensoleillé. Ma venue soudaine a interrompu la causerie quand je leur ai demandé, en darija, s’ils avaient célébré la Journée internationale des TPE-PME, le dimanche 27 juin.

D’un air étonné, ils me répondirent : « Non, nous ne savons pas de quoi il s’agit ». De son côté, Ahmed Fouad El Filali, Directeur général de SINMARCO, un Cabinet Conseil et qui accompagne plusieurs entreprises italiennes au Maroc, estime que la Journée internationale des TPE-PME n’est pas très connue chez les professionnels. S’agit-il d’une ignorance volontaire ou d’un manque d’informations, s’interroge-t-il. Ce qui est sûr, cette journée est différemment perçue par les professionnels.

Ce qui qui n’est pas le cas des associations professionnelles comme à l’Union générale des entreprises et professions (UGEP) présidée par M. Ahmed Afilal El Alami Idrissi (lire, ci-contre, l’entretien express avec son Conseiller Amine Nejjar). Toujours est-il que la Journée internationale des TPE-PME s’est tenue dans un contexte particulier avec la crise du Coronavirus, une urgence de santé publique de portée internationale, et qui a provoqué un ralentissement économique mondial. Une crise qui a touché le commerce, les investissements, la croissance et l’emploi avec un impact négatif sur la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies.

Pour comprendre la portée de cette célébration, il faut dire, selon les données des Nations Unies, que les TPE-PME formelles et informelles représentent plus de 90 % des entreprises en exercice. Elles génèrent 70 % de l’emploi total et produisent 50 % du PIB. Ces entreprises sont aussi des acteurs clés pour une reprise économique et verte.

Accès aux services financiers
 
Pour les Nations Unies, les TPE-PME sont vitales pour atteindre les objectifs de développement durable, en particulier pour promouvoir l’innovation, la créativité, le travail décent pour tous et l’atteinte des objectifs de développement durable. Les ODD ciblent les exigences pour promouvoir l’accès aux services financiers pour les TPE-PME. De plus, ces entreprises sont une composante importante de la mise en oeuvre de l’ODD 8 (travail décent et croissance économique) et de l’ODD 9 (industrie, innovation et infrastructures).

Le Maroc, à l’instar des autres pays du monde, a été touché par les effets de Covid-19 et les TPE-PME paient le lourd fardeau de la pandémie. Elles rencontraient de réelles difficultés pour se développer d’avant Covid-19 déjà. La situation s’est empirée avec la pandémie où l’activité économique s’est brutalement arrêtée.

D’ailleurs, dans son premier rapport annuel, l’Observatoire des Délais de Paiement, publié par le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration, a rappelé que les délais de paiement sont particulièrement défavorables aux petites structures. Une situation que ne cessent de dénoncer les professionnels. Et les mesures d’accompagnement mises en place par le gouvernement ne semblent pas être à la hauteur tandis que d’autres ne connaissent pas une réelle avancée. Comme c’est le cas d’« Intilaka » qui vise l’accès au financement pour les TPE de moins de 5 ans, Auto-entrepreneurs et porteurs de projets à des conditions encourageantes.

Certains responsables de TPE-PME parlent même de déclin des banques, des secteurs d’administration de tutelle. Une situation à laquelle il convient de remédier, provoquée par le retard pris par le programme « Intilaka ». Des responsables appellent même à la mise en place d’une structure regroupant l’ensemble des intervenants afin d’évaluer les acquis et les incohérences qui minent ledit programme. Car il faut le rappeler, les TPE-PME représentent 90 % du tissu économique du royaume.

Atténuer les effets négatifs

A cet égard, l’UGEP, comme le souligne Amine Nejjar, Conseiller du Président, n’a cessé d’alerter à maintes reprises le Gouvernement sur la nécessité d’accorder une attention particulière aux problèmes et souffrances de ces TPE-PME vécus avec la pandémie du Covid-19. Elle a fait des propositions pour atténuer les effets négatifs de Covid-19 sur les TPE-PME. Toujours est-il que la Journée internationale des TPE-PME a été l’occasion pour les responsables de faire une analyse approfondie et tirer les conséquences de la pandémie pour que ces petites structures reprennent leurs activités de façon dynamique.

Enfin, rappelons que les TPE-PME très endettées à cause de Coronavirus et, sans aucun doute, recherchent des solutions immédiates mais aussi un soutien de l’Etat et des institutions qui accompagnent cette catégorie d’entreprises à travers un programme national urgent. Et l’espoir est permis après la signature récente d’un protocole d’accord entre Bank Al-Maghrib et l’International Finance Corporation (IFC), membre du Groupe de la Banque Mondiale.

Cet accord vise la promotion de l’accès des TPE-PME au financement, les deux institutions entendent préparer une stratégie de financement des filières en accord avec les acteurs concernés du système bancaire marocain et de permettre aux Très Petites Entreprises et aux Petites et Moyennes Entreprises d’accéder facilement au financement.
 
Wolondouka SIDIBE
 

 

A propos de l’UGEP

Forte de plus de 40.000 entreprises de taille moyenne, petite, voire très petite, l’Union générale des entreprises et professions (UGEP) est aujourd’hui un interlocuteur crédible à la fois pour les opérateurs économiques et les responsables gouvernementaux, en prônant un dialogue constructif fondé sur des propositions concrètes aux problématiques posées par ses membres. Elle a pour objectifs la défense des intérêts de ses adhérents auprès du Gouvernement et des différents services publics. Dans sa noble mission, l’UGEP assure une plateforme de formation, d’assistance et d’encadrement de ses membres afin de les faire adhérer à l’économie transparente et formelle et d’éviter le travail dans l’économie informelle. Elle organise des conférences, journées d’études, manifestations sur des sujets d’ordre socio-économique et/ou professionnel. En outre, elle organise et structure les associations et syndicats professionnels dépendant de l’UGEP au niveau régional, provincial et local en phase avec les dispositions du règlement intérieur de l’UGEP.


Amine Nejjar, Conseiller du Président de l’UGEP

Journée mondiale des TPE-PME : Soutenir les petites structures pour une relance dynamique

Promouvoir l’accès des TPE-PME aux services financiers
 
Pour Amine Nejjar, Conseiller du Président de l’UGEP, le gouvernement doit prendre attache avec les véritables représentants de TPE-PME pour s’enquérir des nombreux problèmes et souffrances de ces structures économiques marocaines au regard des conséquences désastreuses de la pandémie du Covid-19. Explications.


- Que représente pour vous la Journée mondiale des TPE-PME ?

- Les Nations Unies rappellent que les TPE-PME vont jouer un rôle essentiel dans la relance économique et verte. A cet égard, elles seront des acteurs principaux pour atteindre les objectifs de développement durable dont essentiellement la promotion de l’innovation, de la créativité et du travail décent. Au Maroc, la TPE-PME, que l’on retrouve dans le secteur formel et informel, ne bénéficie pas de l’attention requise et attendue de la part du Gouvernement surtout quand on connaît son poids dans la production du PIB et le nombre d’emplois qu’elle génère.

De plus, on déplore l’absence totale de dialogue avec les véritables représentants (dont l’UGEP) de ces centaines de milliers d’unités puisqu’on se limite toujours au niveau du Gouvernement à n’avoir qu’un seul et unique interlocuteur.

Nous demandons, à l’occasion de cette journée avec insistance, au Gouvernement de prendre attache avec les véritables représentants de ces TPE-PME pour s’enquérir des nombreux problèmes et souffrances de ces entités économiques marocaines, surtout avec les conséquences désastreuses de la pandémie du Covid-19.


- Le Maroc a-t-il des engagements ou obligations internationales en la matière ? Si oui, quelles en sont les principales directives ?

- Bien entendu, le Maroc est tenu dans le cadre de l’atteinte des objectifs de développement durable de promouvoir l’accès aux services financiers pour les TPE-PME. On en est encore loin aujourd’hui. Malgré les efforts entrepris, le ressenti des TPE-PME est que cet accès est très difficile et semé d’embûches pour le plus grand nombre d’entre-elles. Le Maroc, dans le cadre de la mise en oeuvre des objectifs de développement durable 08 (travail décent et croissance économique) et 09 (industrie, innovation et infrastructures), doit compter sur la forte implication du tissu entrepreneurial marocain composé dans sa quasi-majorité de TPE-PME.


- A votre avis, quelles sont les conditions de la relance post Covid-19 au niveau des TPE-PME ?

- Des remontées du terrain des affiliés à l’UGEP concernant les enjeux, plutôt que les conditions de la relance post Covid-19, peuvent se résumer pour les TPE-PME dans les 4 F et les 2 C. Il s’agit de la fiscalité (simplifiée, incitative, progressive et ciblée en fonction du potentiel à créer des emplois et à être innovant), le financement (revoir complètement la relation du système bancaire avec la TPE-PME sur cet aspect et prévoir des voies alternatives de financement avec l’avènement du Fonds Mohamed VI sous la forme de prises de participation directes et indirectes dans le capital de ces TPE-PME).

Il s’agit aussi de la formation continue du capital humain (à intégrer dans les mécanismes d’accompagnement de proximité des TPE-PME auprès des CRI en ciblant les formations en relation avec le digital et l’économie du numérique) ainsi que le foncier public (accès à un prix symbolique avec aménagement de zones d’activités commerciales et industrielles équipées, connectées aux réseaux de transport et proches des bassins d’emplois).

Il en est de même de la commande publique (comme levier du développement de la TPE-PME tout en étant accessible partout au Maroc avec un suivi régulier des réalisations en la matière) ou encore les coûts de l’énergie et de la logistique (baisse importante à réaliser).
 
Propos recueillis par Wolondouka SIDIBE
 








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