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International

Irak : La «zone verte» à Bagdad sous vive tension


Rédigé par L'Opinion Mardi 30 Août 2022

Au moins 23 personnes, soutiens du leader Sadr, ont été tuées lundi 29 août dans des affrontements. Le pays est toujours dans une impasse politique.



Les combats entre partisans de forces rivales ont repris mardi à Bagdad, où 23 partisans du leader chiite Moqtada Sadr ont été tués par balle depuis lundi, selon un nouveau bilan fourni par une source médicale. L'Irak, dans l'impasse politique depuis les législatives d'octobre 2021, ne cesse de s'enfoncer dans la crise. Lundi 29 août, la situation a brutalement dégénéré dans la capitale et des centaines de partisans de Moqtada Sadr ont envahi le palais de la République où siège le Conseil des ministres, ont constaté des journalistes de l'Agence France-Presse.

Alors que les sadristes investissaient les bureaux, s'installant dans des fauteuils, sautant dans la piscine ou prenant des selfies, les forces de l'ordre tentaient de disperser d'autres manifestants à coups de grenades lacrymogènes aux entrées de la zone verte, qui abrite les sièges des institutions et l'ambassade américaine, a affirmé une source de sécurité à l'AFP. Quinze partisans de Moqtada Sadr ont été tués par balle et 270 autres blessés, ont indiqué des sources médicales, sans plus de précisions sur les circonstances. Certains blessés ont reçu des tirs, d'autres ont inhalé du gaz lacrymogène.
 
L’ONU appelle à la « retenue maximale »
 
Des témoins ont fait état à l'AFP d'échanges de tirs entre sadristes et partisans du Cadre de coordination, rival pro-Iran du camp de Moqtada Sadr, aux entrées de la zone verte. L'armée a décrété un couvre-feu national qui est entré en vigueur à 16 heures GMT, et les forces de l'ordre ont quadrillé la capitale. La Maison-Blanche a jugé la situation « inquiétante » et a appelé au calme et au dialogue. La mission de l'ONU en Irak, dont le siège se trouve dans la zone verte, a appelé toutes les parties à la « retenue maximale ».

Au moins sept obus de mortier sont tombés dans la soirée dans cette même zone, a appris l'AFP auprès d'une source sécuritaire. Cette source, qui a souhaité conserver l'anonymat, n'était pas en mesure de fournir de bilan dans l'immédiat. De même, on ignorait quel groupe ou quelle faction était à l'origine des tirs. Dans la foulée, des tirs d'armes automatiques résonnaient depuis le quartier de la zone verte, qui abrite des ministères et des ambassades.

Dans la soirée, le couvre-feu semblait respecté à Bagdad. Les rues d'ordinaire animées étaient vides de toute voiture ou de tout passant. Mais le chaos a gagné d'autres régions irakiennes : dans la province de Zi Qar (Sud), des sadristes ont envahi le siège du gouvernorat et pénétré dans d'autres bâtiments officiels à Nassiriyah, selon un journaliste de l'AFP. Le siège du gouvernorat de Babylone (centre), dans la ville de Hilla, a également été occupé par des partisans de Moqtada Sadr, ont indiqué des témoins. Plusieurs routes reliant Hilla à Bagdad et à d'autres provinces du Sud ont par ailleurs été coupées.
 
Consensus pour un scrutin anticipé
 
Depuis près d'un an, les barons de la politique ne parviennent pas à s'accorder sur le nom d'un nouveau Premier ministre. L'Irak n'a donc ni nouveau gouvernement ni nouveau président depuis les législatives. Pour sortir de la crise, Moqtada Sadr et le Cadre de coordination s'accordent sur un point : il faut un nouveau scrutin anticipé. Mais si Moqtada Sadr insiste pour dissoudre le Parlement avant tout, ses rivaux veulent d'abord nommer un gouvernement.

Dans la soirée, le Cadre de coordination a condamné l'« attaque contre les institutions de l'État », tout en appelant les sadristes au « dialogue ». Moqtada Sadr n'a cessé de faire monter les enchères ces dernières semaines. Depuis un mois, ses partisans campent aux abords du Parlement et ont même bloqué brièvement l'accès à la plus haute instance judiciaire du pays.


Al-Sadr entame une grève de la faim "jusqu'à la cessation des violences"

Dans un contexte de troubles meurtriers en Irak, l'influent dignitaire chiite et leader du mouvement Sadriste, Moqtada al-Sadr, a annoncé, lundi, qu'il entamait une grève de la faim jusqu'à la cessation des violences, rapporte l'agence de presse officielle INA. Al-Sadr "a annoncé avoir entamé une grève de la faim, jusqu'à la cessation de la violence et du recours aux armes", a indiqué l'INA, citant un tweet du chef du bloc sadriste démissionnaire, Hassan al-Athari.

"La corruption ne donne à personne, de part et d'autre, sous quelque forme que ce soit, une excuse pour le recours à la violence", a ajouté al-Athari. Selon les médias locaux, au moins dix manifestants ont été tués et 150 autres blessés, lundi, après que des partisans d'al-Sadr ont pris d'assaut le Palais républicain, siège du gouvernement irakien à Bagdad. La situation à Bagdad a dégénéré dans la journée, après qu'Al-Sadr a déclaré qu'il se retirait définitivement de la vie politique. Le Palais républicain est situé dans la Zone verte, hautement fortifiée, qui abrite des agences gouvernementales et plusieurs missions diplomatiques étrangères.

Selon des témoins oculaires, des affrontements armés ont éclaté entre les partisans d'al-Sadr et ceux du Cadre de Coordination rival, une coalition de partis chiites proches de l'Iran. Les autorités irakiennes ont décrété un couvre-feu dans tout le pays pour tenter d'apaiser les troubles. Les partis politiques du pays ont échoué à former un nouveau gouvernement depuis les élections du 10 octobre 2021.