L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Interview avec Zineb Benabderrazik : « Kalimates a l’ambition de promouvoir l’action citoyenne »


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 28 Juillet 2025

Dans cet entretien, Zineb Benabderrazik, fondatrice du podcast « Kalimates », présente son initiative axée sur la transmission du savoir et de l'action citoyenne.



Zineb Benabderrazik, Fondatrice du podcast « Kalimates »
Zineb Benabderrazik, Fondatrice du podcast « Kalimates »
  • Pourriez-vous nous présenter « Kalimates » et ce qui vous a poussée à lancer ce podcast ? 
 
Kalimates est le fruit d’un amour profond, celui que je porte pour le Maroc. Les choses qui me font sentir bien chez moi et surtout pour les choses que je ne veux plus voir, entendre ou vivre. Un amour qui m’a été transmis par mes grands-parents, fiers gardiens d’une culture, d’expressions et de savoirs qui se dissolvent avec le temps. 

C’est un cri du cœur : l'envie que cet amour ne se limite pas à des mots, des clichés ou des préjugés, mais qu’il se transforme en action - en action citoyenne. L’envie que cet amour permette de mettre en valeur le savoir de ceux et celles que l’on n’entend pas assez.
 
  • Le projet « Kalimates » ambitionne de devenir une plateforme de transmission du savoir en mettant en avant des thématiques essentielles pour le Maroc. Pouvez-vous nous en dire plus sur la vision à long terme de votre initiative, et comment vous comptez atteindre cet objectif ?

À long terme, je rêve que « Kalimates » devienne un espace de création multiple : des jeux de société sur le Maroc, des séries sur les grandes périodes historiques, une romance entre Youssef Ben Tachfine et Zineb Nefzaouia, une pièce de théâtre sur le drame du 8 septembre 2023, ou encore des romans sur les héros du quotidien. Ce sont des idées qui me viennent spontanément… mais qui sait ? Peut-être qu’un jour, elles deviendront réalité. Le besoin de représentation est, pour moi, vital. 

Nous avons grandi avec des modèles culturels qui n’étaient pas toujours les nôtres. Ces références extérieures peuvent parfois créer une forme d’aliénation : elles affaiblissent le lien que nous avons avec notre propre Histoire et nos traditions… Je crois qu’il faut se réapproprier notre imaginaire. « Kalimates » est un début. Ce chemin prendra du temps, il dépendra des rencontres et des opportunités. 
 
  • « Kalimates » vise à repenser le narratif marocain et à contribuer à l'internationalisation de l'image d'un Maroc moderne. Comment le podcast aborde-t-il cette dimension, et quels types de récits cherchez-vous à construire ou à mettre en avant ? 

Je préfère parler d’un Maroc pluriel, à l’image de ses 38 millions d’habitants. Il n’y a pas un Maroc mais des « Maroc ». Le podcast a pour objectif de refléter cette richesse mais n’a pas la prétention de dire qu’il a réussi, le chemin est encore très long. L’ambition, c’est que chacun(e) s’y reconnaisse. Pour cela, diversifier les langues - darija, tasousite, tarifite, hassania, français, anglais… - est une réponse afin que TOUS les Marocains puissent se sentir représentés, écoutés, impliqués. Mon podcast cherche à raconter les récits de celles et ceux qui bâtissent ce pays, à toutes les échelles. Toute personne qui, à sa manière, peut mettre une pierre à l’édifice.
 
  • Vous aspirez à donner de la visibilité à ceux que l'on n'entend pas assez. Pouvez-vous nous donner un exemple d'une voix ou d'un sujet que « Kalimates » a particulièrement mis en lumière et qui vous semble avoir eu un impact significatif ?

Kalimates est encore au stade embryonnaire pour parler d’impact, mais on peut parler de premiers résultats. J’ai deux exemples. Le premier, le plus gratifiant, est le débat dans les commentaires : créer des échanges et encourager chacun à se forger une opinion, c’est déjà un premier pas vers la transformation collective. 

Le deuxième est une vidéo courte qui commence par « En tant que Merrakchi, on a l’impression que cette ville ne nous appartient plus » et, justement, j’ai l’impression que les mots choisis pendant cette intervention ont vraiment percuté l’audience. Et depuis, je sens une forme de prise de conscience à ce sujet. 
 
  • Quels sont les prochains experts que vous prévoyez inviter, et quels sujets comptez-vous explorer avec eux ?

Je ne citerai pas les noms sans leur accord, mais les prochains sujets sont les suivants : relations Maroc-Afrique, la sécurité marocaine et l’emploi à l’ère de l’industrialisation
 
  • Quels sont les défis majeurs que vous rencontrez dans la production et la diffusion de « Kalimates » ?

Honnêtement : le financement et le temps. J’ai une activité professionnelle à côté, et c’est elle qui me permet de faire vivre « Kalimates ». En ce qui concerne le financement, il n’est pas toujours simple d’assumer son engagement sur les réseaux - et j’ai l’impression que cela freine de potentiels partenariats. Par ailleurs, dans l’espoir que « Kalimates » s’autofinance, j’ai récemment conçu un jeu que j’aurais aimé commercialiser, mais la charge de travail est trop importante pour que je puisse en garantir la qualité dans le temps que j’ai.
 
  • Comment envisagez-vous l'évolution de « Kalimates » dans les prochaines années ? Y a-t-il de nouveaux formats, de nouvelles collaborations ou de nouvelles directions que vous aimeriez explorer ?

On ne peut pas anticiper les surprises et les opportunités. Mais j’apprécierai beaucoup organiser des événements autour du débat citoyen, mettre en lumière des citoyens engagés, professionnaliser l’accès à l’information tout en gardant la transparence et l’authenticité derrière. « Kalimates » n’a pas de prétention académique, juste l’ambition d’ouvrir la parole, de transmettre, et d’AGIR ENSEMBLE !
 
Recueillis par
Safaa KSAANI







🔴 Top News