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Interview avec Saâd Abid : «Des sanctions contre les éco-délinquants s’imposent»


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 5 Avril 2021

Seul Marocain et Africain à recevoir le prestigieux Prix IVLP de la décennie pour l’innovation sociale et le changement, Saâd Abid nous parle de son aventure et nous livre sa vision sur la situation environnementale au Maroc.



- Vous êtes le premier Marocain et Africain à être lauréat de la décennie par l’Organisation Global Ties US, mandatée par le Département d’Etat américain pour décerner le Prix “IVLP Alumni Decade of Social Innovation and Change Award”. Une reconnaissance des actions menées tout au long des dix dernières années ?

- C’est le fruit des efforts déployés les dix dernières années au sein de l’association Bahri, à travers plusieurs actions, notamment la sensibilisation des jeunes sur l’importance de la protection des plages ainsi que le lancement du 1er projet de valorisation des chiffonniers en organisant 68 opérations de nettoyage de plages, dont une qui a connu la participation de 5.400 personnes sur la plage de Aïn Diab. Un record national. Toutes les actions que nous avons menées ces dix dernières années ont attiré l’attention du Département d’Etat américain. J’espère que cette récompense permettra aux jeunes de réveiller leur sens du bénévolat, chacun dans son domaine respectif, en faveur de notre pays.

- A cette occasion, vous avez été félicité par l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat, John Kerry, pour votre travail en première ligne pour faire face à la crise climatique. Quelles sont les actions que vous avez menées jusqu’à présent dans ce cadre ?

- Nous avons mené environ soixante opérations de nettoyage depuis octobre 2010. Nous avons également lancé le premier projet de valorisation des chiffonniers pour qu’ils gagnent plus d’argent et leur dignité en leur offrant un triporteur, un vélo électrique et une tenue. Avec l’aide d’un architecte français, nous avons travaillé sur la « méthode zéro énergie » qui consiste à créer des bancs à base de déchets et de pneus. Ces derniers, généralement brûlés ou jetés, sont des déchets qui ont du mal à se recycler. Malheureusement, nous n’avons pas eu de soutien financier pour pouvoir développer ce projet. En plus de ces trois actions majeures, nous intervenons auprès de différentes entreprises et écoles afin d’animer des conférences qui ont pour but d’inspirer les collaborateurs et étudiants afin d’être des acteurs de leurs communautés. Par ailleurs, nous investissons en masse sur l’éolien. Selon un ami, spécialiste en énergies éoliennes, les énergies marines ont plus de potentiel, surtout dans un pays comme le nôtre qui compte 3.500 km de côtes. Il faudrait qu’on puisse mettre en place des projets de grande envergure en énergies marines. Mon rêve est de voir un haut responsable nous confier cette tâche. Je suis sûr qu’on peut créer des métiers verts à travers les énergies marines, réduire nos émissions CO2 et avoir une énergie propre.

- Les questions environnementales sont actuellement au cœur des préoccupations du Maroc. Quel commentaire faites-vous sur la délinquance écologique au Royaume ?

- La délinquance écologique existe encore dans Royaume. C’est une réalité. Selon mon point de vue, la police de l’environnement n’a jamais été efficace. Honnêtement, je pense qu’il y reste beaucoup à faire et être plus strict et sévère vis-à-vis des délinquants écologiques. D’un autre côté, il faudrait instaurer une taxe pour sanctionner les personnes qui font montre d’incivisme et récompenser celles qui le méritent.

- Quelles recommandations faites- vous pour améliorer la situation au Royaume ?

- Si on me donnait un poste de responsabilité, où je pourrais mettre en place des actions en faveur de la protection de l’environnement, la première chose que je ferais est de former tous les policiers sur la police de l’environnement. Les membres de police de l’environnement formés au départ sont complètement insuffisants. Si on a des policiers de l’environnement qui enregistrent des contraventions, le citoyen fera plus attention à son comportement. Ensuite, je veillerai sur l’application de la loi du littoral, dont l’application laisse encore à désirer. Ensuite, je proposerai au ministère de l’Education nationale de programmer des cours de civisme et de bénévolat, comme c’était le cas il y a longtemps.

Repères

Cinq ans après la loi « Zéro Mika », où en sommes-nous ?
« Tout reste à faire », martèle Saâd Adib, qui constate que « les sacs en plastique sont interdits mais il n’y a pas de suivi, ce qui fait que maintenant tout est revenu à la normale ». Participant à une conférence en ligne, organisée par la Fédération Nationale des Associations des Consommateurs du Maroc (FNAC), tenue le 15 mars dernier à l’occasion de la Journée Mondiale du Consommateur, consacrée à la « Lutte contre la pollution par les plastiques », Helena Laurent, directrice générale de Consumers international, avait rappelé que si rien n’est fait, il y aura en 2050 plus de plastiques que de poissons !

Loi du littoral, encre sur papier ?
Le 23 juin 2015, la Chambre des conseillers avait adopté, présenté en Conseil de gouvernement en 2013 et transféré par la première Chambre en août 2014, la loi sur le littoral. Cette loi a le mérite d’adopter une protection globale et intégrée du littoral et de mettre en place des «pratiques vertueuses pour le milieu», tel qu'a pu le constater le Conseil économique, environnemental et social. Toutefois, « on peut reprocher un certain manque d’opérationnalité des mesures tant attendues par ladite loi », déplore Saâd Adib. Et d’ajouter : « Je ne comprends pas pourquoi il y a encore des gens qui ne respectent pas cette loi ».

42% du littoral marocain sera exposé aux inondations d’ici 2030
Une étude récemment dévoilée par la Banque Mondiale annonce qu’une grande partie du littoral du Royaume fera face à des phénomènes d’inondation et d’érosion à l’horizon 2030. Ce risque qualifié « d’ élevé » par les experts de la Banque Mondiale est d’autant plus préoccupant que l’échéance annoncée approche à grands pas et que les zones concernées sont très peuplées. Selon l’étude, plusieurs secteurs seront touchés par ces phénomènes : l’agriculture, l’eau, l’énergie, la pêche, les forêts et la santé.

​Portrait

Le guerrier du climat à l’assaut des consciences marocaines

Saâd Adib est a priori fait pour le bénévolat pour la protection de l’environnement et le climat. La voix posée, les paroles claires, une élocution sans faille… il marque les esprits des décideurs et des jeunes.

Après 10 ans à Montréal, au Canada, où il a obtenu ses diplômes dans la prestigieuse école de commerce John Molson School of Business de l’Université Concordia, il a décidé de retourner au Maroc pour participer au développement de son pays natal. En 2010, Saâd Abid se lance dans un combat pour la planète, en fondant l’association Bahri dont il est actuellement le président. En 2015, il a accompagné la délégation marocaine pendant la COP21 à Paris.

A force de pugnacité, le jeune activiste était, en Septembre 2016, l’invité du secrétaire d’Etat Américain John Kerry à la conférence « Our Ocean » en étant le seul représentant de la société civile marocaine. En Septembre 2017, il est invité par le Secrétaire Général des Nations Unies António Guterres à participer à une réunion de haut niveau au siège des Nations Unies à New York pendant la 72 ème Assemblée Générale de l’ONU.

Il est à l’origine de la campagne digitale marocaine : Maymkench2026. Il s’est donné comme challenge de rencontrer 26 célébrités en 26 jours dans 26 villes afin de soutenir la candidature du Maroc 2026. De fil en aiguille, il a pu rencontrer des stars internationales comme Lionel Messi, Samuel Eto’o, Daddy Yankee, Zlatan Ibrahimovic, Andrès Iniesta, Cristiano Ronaldo, Luka Modric et plus encore.

Fort de cette longue expérience qu’il tient à partager avec des associations locales et des jeunes volontaires, cet homme passionné par la nature consacre aujourd’hui une grande partie de son temps à la production de contenu vidéo impactant avec pour objectif la promotion du Royaume.








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