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Interview avec Lahcen Haddad : «La quatrième révolution bat son plein» !


Rédigé par Safaa KSAANI Mardi 4 Mai 2021

Dans son nouvel ouvrage intitulé « Le Management à l’ère de la quatrième révolution industrielle », Lahcen Haddad démontre les gains en business et en notoriété si on investit intelligemment dans une transition soutenue vers plus de digitalisation.



« La quatrième révolution bat son plein ! Les entreprises arabes et africaines ne sont pas outillées »
- Votre nouvel ouvrage traite des problématiques liées au statut des entreprises à la lumière de la 4ème révolution industrielle. Qu’est-ce qui a motivé la rédaction de cet ouvrage ? 
 
Le changement est dans l’air, la quatrième révolution bat son plein ! Mais les entreprises arabes et africaines ne sont pas outillées pour faire face à ce bouleversement. Les entreprises sont, certes, mal préparées dans les pays industrialisés, mais elle sont très en retard - pour ne pas dire perdues - dans les pays du Sud. Au moins, en Occident, on en parle, quoique le passage à l’action demeure limité aux grands  comme Uber, Apple, Facebook, Amazon, Google, Booking, Rb&B et d’autres. Mon objectif est de sensibiliser l’entrepreneur arabe sur la nécessité de prendre conscience et agir. Mais le but est également de vulgariser pour que ce changement n’intimide pas. Tout le long du livre, j’essaye de montrer les gains en business et en notoriété si on investit intelligemment dans une transition soutenue vers plus de digitalisation, d’automatisation et de R&D. 
 
Quels sont les défis auxquels fait face l'entrepreneuriat à l'ère de cette révolution industrielle ? Quelles opportunités se présentent ? 
 
- Chez nous, la réalité de la quatrième révolution industrielle ne semble pas encore affecter le quotidien de nos entreprises, ou peut-être qu’elles sont affectées, mais pas de la même manière que chez les pays industrialisés. Dans la plupart de nos entreprises, on remarque l’absence d’une vision concernant l’intégration de l’Intelligence Artificielle, ou l’utilisation du Big Data pour mieux vendre ; aucune stratégie de reskilling des Ressources humaines n’existe chez la plupart de nos acteurs du secteur privé. Chose normale vu que personne ne peut prévoir comment le monde du travail et des compétences va évoluer au long des dix à quinze prochaines années. Idem pour les universités arabes et africaines. Malgré des efforts louables ici et là dans le domaine de la modernisation et la gouvernance, les plans stratégiques relatifs au développement de la demande en nouveaux « skills » tardent à venir. On ne sait toujours pas par quoi commencer et comment le faire. Le rôle des gouvernements est primordial dans ce sens ! Il faut mettre en place des scénarios en fonction des réalités économiques des différentes régions et différents pays, de leur stratégie industrielle et d’innovation et de l’impact des développements technologiques mondialisés sur la production et la productivité locales. Ces scénarios doivent renseigner les pouvoirs publics, les associations professionnelles et les universités sur les métiers de demain et les compétences requises pour bien préparer les lauréats. Mais il faut être flexible puisque les développements futurs ne sont ni clairs, ni certains. C’est pourquoi il faut mettre l’accent sur les compétences de vie, les « skills » d’entrepreneuriat et le « life long learning » (apprendre à apprendre toute la vie). Les ressources humaines de demain doivent être agiles, flexibles, toujours prêtes à se former et à se reformer ; l’adaptabilité est primordiale.
 
- La 4ème Révolution industrielle remet en question la place de l’Homme dans notre société. Représente-t-elle un réel danger ? 
 
La quatrième révolution industrielle est une réalité qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Elle devrait bientôt parvenir à son apogée. Les organisations qui ne se préparent pas ou le font mal sont condamnées à disparaître. La nouvelle ère favorise les visionnaires, les courageux qui n’ont pas peur du changement mais qui y voient une opportunité pour mieux faire, pour mieux évoluer dans la jungle de la révolution de l’industrie 4.0. Idem pour les individus. C’est un monde presque Nietzschéen qui se profile à l’horizon. La quatrième révolution industrielle est source d’anxiété, certes, mais elle est également porteuse d’espoirs pour celles et ceux qui sauront cueillir à temps ses nombreux fruits.
 
D’énièmes révolutions industrielles sont-elles attendues ? Si oui, comment les entreprises peuvent-elles y faire face ? 
 
Prenons un cas concret  : la Blockchain. Avec cette technologie, le rôle des institutions économiques, financières et gouvernementales traditionnelles sera bouleversé, pour ne pas dire ébranlé, surtout avec le recours grandissant d’un grand nombre d’utilisateurs à cette technologie. La Blockchain peut donner un coup de fouet à la démocratisation de l’accès au financement de la part des pauvres, car elle éliminera les intermédiaires et permettra au grand public de commercer et d’échanger entre eux sans intermédiaires qui contrôlent les marchés, les transactions et les prix. Il y a beaucoup de hype qui accompagne l’évolution de la technologie Blockchain, mais ce qui est certain et vrai est qu’elle créera une révolution en elle-même dans le cadre de la quatrième grande révolution industrielle. 

​Risques: Le chômage s’accentue à l’ère de la 4ème Révolution industrielle. Des solutions existent.

Perçue à la fois comme une source de dangers pour notre Société mais également comme un moyen d’améliorer sensiblement notre qualité de vie grâce aux nombreuses innovations qui ont vu le jour. Pourtant, la 4ème Révolution industrielle ne manque pas de dangers qui sont « le chômage dû à l’automatisation, et le fossé qui se creuse de plus en plus entre les analphabètes et les alphabètes, ceux et celles qui sont outillés et ceux et celles qui ne le sont pas, entre les pays du Grand Nord et les pays du Grand Sud », nous explique Lahcen Haddad, ancien ministre du Tourisme et parlementaire du Parti de l’Istiqlal. 

Pour faire face aux changements économiques et sociaux imminents, « le reskilling est le préalable à toute préparation de la main-d’oeuvre à l’ère de l’automatisation et de la digitalisation », recommande Lahcen Haddad dans son nouvel ouvrage intitulé « Le Management à l’ère de la quatrième Révolution industrielle ». 

Et d’ajouter qu’il faut « mettre en place des curricula adaptés nécessitant une agilité que les universités n’ont pas, surtout dans les pays en développement. Il faut également mettre en place des bachelors fondés sur les « life skills, le life long learning » et les STEM (Sciences, Technologie, Ingénierie et Maths) et investir dans les spécialisations de l’Industrie 4.0 ». 

Mais avant tout, une refonte complète des compétences des enseignants et de leurs méthodes d’enseignement, voire une véritable révolution dans la culture de l’enseignement, est nécessaire. « Les enseignants doivent se remettre en question, apprendre de nouvelles façons de faire et moderniser leur vision de l’apprentissage. Ils doivent également « apprendre à toujours apprendre» », tient à souligner Lahcen Haddad. 
S. K. 








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