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Interview avec Elmahdi Benabdeljalil: « Un cheminement solidaire pour sauver le monde rural »


Rédigé par Mariem LEMRAJNI Mercredi 23 Août 2023

L'écrivain Elmahdi Benabdeljalil va bientôt lancer son livre «Folles Sagesses» qui va contribuer au financement d'un beau projet pour promouvoir l’évolution de l’engagement associatif vers l’entrepreneuriat solidaire et aider à sauver le monde rural. Dans cette interview, il répond à nos questions.



Interview avec Elmahdi Benabdeljalil: « Un cheminement solidaire pour sauver le monde rural »
- La sortie de votre second livre solidaire, "Folles Sagesses", va contribuer au financement d'un beau projet en partenariat avec l’association Amal Biladi, dont le premier objectif sera de permettre l'accompagnement d'une dynamique entrepreneuriale dans le monde rural. Parlez-nous dans le détail de ce projet.

- L’Académie Rurale d’Excellence est un incubateur rural et un cabinet de conseil et d’accompagnement orienté vers le développement rural, en priorisant cinq secteurs d’activité que l’on peut trouver dans les zones rurales et montagneuses, avec une priorité donnée à l’employabilité et à l’entrepreneuriat.

Les cinq secteurs sur lesquels nous faisons un focus sont le tourisme durable, l’agriculture écologique, voire régénératrice, les constructions écologiques, l’artisanat et la valorisation des produits du terroir.

Le livre «Folles Sagesses» est vendu à partir de 250 dhs, dont 100 dhs vont contribuer au financement de l’accompagnement à l’entrepreneuriat de trois composantes : Former 3 groupes de 5 à 7 jeunes en agriculture écologique, tourisme durable et construction écologique (1 de chaque), et les aider à trouver un emploi ou constituer leur propre coopérative. Puis Incuber 5 start-ups pendant 6 mois, et aider les plus résilientes et prometteuses à pitcher pour trouver un premier financement.

Accompagner et accélérer le développement de 3 coopératives à fort potentiel pendant 6 mois pour les aider à résoudre des problèmes structurels et augmenter leur chiffre d’affaires de manière significative.
Nous souhaitons lancer le projet pilote de l’Académie dans trois villages situés dans le Nord du Maroc, dans les provinces de Larache, Chefchaouen et Tétouan, traversées par la forêt de Bouhachem.

Nous sommes attirés par ces villages et ces provinces pour la richesse des ressources naturelles qui existent, le niveau important donné à l’entrepreneuriat féminin, et les efforts soutenus des autorités, des élus et acteurs de la société civile pour endiguer le taux de précarité qui est l’un des plus élevés du Royaume. Les ventes du livre se font à partir du site www.elmahdibenabdeljalil.com.

- D’où vous est venue l’idée, l’envie d’écrire et quelles sont vos sources d’inspiration ?

- Cela faisait longtemps que cette histoire m'interpellait. J'entendais certains de ses passages me héler au loin, je percevais certaines images, certains sons, certaines odeurs, mais le pont entre l'appel et la concrétisation n'avait pas encore abouti.

Et puis la magie s'est installée, il y a quelques semaines. J'ai enfin pu, après une longue absence, retrouver le goût et l'amour de l'écriture. J'ai pu orienter mon cœur et mes oreilles vers ces mots que me susurraient les anges de l'inspiration.

C'est cette histoire que j'essaie de raconter, celle de mon engagement auprès de certaines catégories démunies habitant en zones rurales et montagneuses, et de tout faire pour aider à ce qu’elles ne le soient plus, ou moins. Mon souhait dans cet engagement est de montrer la voie à tous ceux qui ont compris que l’assistanat ne menait pas loin, et que les démunis d’un jour pouvaient se transformer en contributeurs pour toujours.        

J’ai souhaité partager avec mes lecteurs francophones, arabophones et anglophones les émotions que j’ai pu ressentir et découvrir tout au long de ce cheminement qui a pris naissance il y a 30 ans.

C’est aussi et surtout un moyen de promouvoir l’évolution de l’engagement associatif vers l’entrepreneuriat solidaire, et de montrer une entreprise solidaire, l’Académie Rurale d’Excellence peut être un vecteur important pour impulser une dynamique entrepreneuriale pérenne et aider à soulager les maux des villages d’origine des jeunes femmes et jeunes hommes accompagnés.

- Il semble que vous gardez dans votre cœur une profonde force qui est celle de l’engagement pour une cause authentique. Quelles formes d’action envisagez-vous pour réussir ce challenge ?

- Ma première action solidaire remonte à la constitution de ma première association, Baraka, il y a 30 ans, pour servir une cause noble. Lorsque j’ai découvert un Maroc que je ne connaissais pas il y a 11 ans, celui des zones rurales et montagneuses, j’ai pris la décision d’y consacrer ma vie, et j’ai longuement cherché un modèle qui allait pouvoir me permettre de vivre décemment tout en œuvrant pour avoir un impact pérenne, d’où la priorisation donnée à la dynamique entrepreneuriale, combinée à des actions sociales et humanitaires dans les villages originaires des jeunes que nous allons accompagner.

J’ai aussi compris que le volet culturel, artistique et sportif pouvait être un levier incroyable pour porter haut et loin la parole de ces populations démunies, en mettant l’accent non pas sur leur situation difficile, pour ne pas dire misérable, mais sur leur dignité, leur hospitalité, et les ressources naturelles incroyables que l’on peut trouver à proximité de leurs foyers.

Mon livre «Folles Sagesses» s’inscrit ainsi dans cette dynamique, tout comme la tournée de «The Wild man show, ou le show de l’homme sauvage», ainsi que d’autres déclinaisons sur lesquelles nous sommes en train de travailler avec mes collaborateurs, pour nous permettre d’élever encore plus la portée de notre message, et bien évidemment de lever des fonds pour nos projets dans l’Académie Rurale d’Excellence.

- Quels sont les témoignages les plus percutants et les plus fréquemment soulignés lors de votre parcours engagé en tant qu’acteur associatif et entrepreneur solidaire ?

- J’ai été frappé par l’hospitalité d’un vieux monsieur de 90 ans qui m’avait invité à boire le thé dans la grotte où il vivait, avec pour seul confort une couverture, et une petite bouteille de gaz. Sa gentillesse, son humilité et sa dignité m’accompagnent souvent.

J’ai été émerveillé de voir une femme qui n’avait que 50 dhs par mois, marchait à quatre pattes à cause d’une malformation physique, et dont la mule s’accroupissait pour la laisser monter sur son dos pour l’emmener au marché.

J’ai été heurté par les petites filles que l’on marie de force à 12 ans, alors qu’elles sont innocentes, et effrayées à l’idée de vivre avec un «vieux de trente ou quarante ans».

J’ai des milliers d’images dans le cœur et la tête, et ce sont ces moments forts qui me donnent la force de continuer à avancer malgré les difficultés et les erreurs que peuvent commettre certains humains qui n’ont pour autre priorité que de s’enrichir ou de servir des intérêts limités.

- Vous vous engagez à travers vos écrits au soutien des populations enclavées en zones rurales et montagneuses. L’écriture est-elle chez vous une seconde peau pour être constamment en éveil ?

- J’ai la chance d’écrire depuis longtemps, et c’est un exercice que je réservais en priorité pendant le mois de Ramadan, ou pour décrire mes voyages, mes rencontres et mes aspirations pour ces milliers de villages en zones montagneuses et rurales. L’écriture me permet aussi de coucher mes émotions et de ne pas garder certaines d’entre elles en moi, c’est un bel exutoire.
Elle devient avec «Folles Sagesses» et le prochain livre un moyen de lever des fonds, et j’en suis heureux.

- Vous vous êtes orienté naturellement vers le métier de l’accompagnement, avec une composante forte autour du développement humain et de l’entrepreneuriat solidaire. Quelle catégorie visez-vous plus particulièrement à travers vos initiatives ?

- Dans mon approche, j’aime travailler avec différentes catégories de personnes, en ayant une politique tarifaire qui varie en fonction du niveau de revenu et de la catégorie sociale.

Aujourd’hui, par rapport à l’Académie Rurale d’Excellence, nous allons lancer aussi des prestations d’accompagnement pour les territoires et les entreprises qui souhaitent se projeter dans le temps en fédérant le maximum d’acteurs qui composent leur structure.

Bien évidemment, nous allons aussi permettre aux jeunes qui vont intégrer l’Académie de pouvoir prendre conscience de leur talents, et de les aider à les exploiter au mieux dans leur parcours professionnel et personnel.

Nous comptons aussi consacrer une partie de notre temps bénévolement aux villages d’où sont originaires les jeunes que nous allons accompagner à l’Académie Rurale d’Excellence, pour différentes thématiques (gestion des conflits, identification d’actions d’amélioration de vie dans la vie, collaboration avec villages voisins…)








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