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Interview avec Dore Gold : « Israël sera toujours pour le Maroc sur la question du Sahara »


Rédigé par Yassine Elalami Dimanche 3 Juillet 2022

Reprise diplomatique, coopération sécuritaire, marocanité du Sahara… Dore Gold, ancien représentant permanent d’Israël aux Nations Unies, nous livre sa vision sur les perspectives de coopération entre Rabat et Tel Aviv.



Ph : DR
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- Depuis la reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, les annonces de partenariats se multiplient. Quelles sont les opportunités qui se présentent à chacun des deux pays ?

- Les deux pays ont des intérêts diplomatiques similaires. Israël a une forte relation avec les Etats Unis et c’est le cas aussi pour Rabat qui a une relation diplomatique historiquement excellente avec Washington, cela doit pousser les deux pays à collaborer ensemble pour renforcer ces liens, et pour s’assurer que les perspectives des deux Etats soient alignées.


- La souveraineté énergétique est une priorité pour le gouvernement marocain. Quelles sont les perspectives de coopération entre Rabat et Tel Aviv sur cette question ?

- Israël travaille depuis 2009 la valorisation et l’exploitation du gaz localisé en Méditerranée orientale. Actuellement, nous avons découvert de larges gisements de gaz dans nos eaux territoriales, ce qui représente un intérêt particulier pour l’Europe, qui cherche l’alternative depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

D’ailleurs, cette opportunité s’ouvre également au Maroc, étant donné que le continent africain est riche en matière de gaz naturel, notamment suite aux grandes réserves du Nigeria. Si cette ressource naturelle est acheminée vers le Nord à travers le gazoduc Nigeria-Maroc, elle pourrait représenter une alternative fiable pour le vieux continent, qui a besoin, aujourd’hui plus que jamais, de diversifier ses fournisseurs en gaz.


- L’usage thérapeutique du cannabis est également un domaine d’expertise pour Israël. Le Maroc vient de légaliser l’usage médical de cette plante. Ce secteur intéresse-t-il les investisseurs israéliens ?

- Israël effectue des recherches sur les utilisations pharmaceutiques du cannabis et c’est sûr que cette expérience sera partagée avec le Maroc. Israël a démontré son expertise en ce qui concerne la recherche médicale, y compris les expériences sur cette plante comme étant source de plusieurs bienfaits médicaux. Si l’Etat marocain prend en considération une collaboration avec Israël à cet égard, il nous trouvera à ses côtés.


- La coopération en matière de sécurité est également un point important de la coopération entre les deux pays. Quels en sont les enjeux ?

- Malheureusement, les liaisons entre l’Iran et l’Algérie sont dangereuses et pourraient impacter les intérêts de l’Etat marocain ainsi que ceux d’Israël. Je pense que les deux pays ont intérêt à voir l’expansion iranienne arrêtée, pour assurer la stabilité au niveau de la région.


- L’évolution de tous les points que nous avons évoqués nécessite que les deux pays restent sur la même longueur d’onde à plusieurs niveaux. Ne pensez-vous pas que le conflit entre Israël et la Palestine pourraient causer des problèmes entre les deux pays ?

- Je crois que l’Etat marocain réalise qu’Israël a déployé des efforts considérables pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Lors du dernier mandat d’Obama, Mahmoud Abbas avait visité la Maison Blanche, à l’époque où les Américains ont développé un plan de paix.

Le président Obama avait demandé au président palestinien s’il accepte le projet proposé par les Etats Unis, la réponse du leader palestinien, comme l’a rapporté the Washington Post, était « je reviendrai vers vous », du fait qu’elle n’était pas conforme aux attentes des Palestiniens. Par contre, Tel Aviv avait accepté. Aujourd’hui, la relation maroco-israélienne pourrait être un levier pour renforcer le dialogue entre les deux parties.


- En ce qui concerne le Sahara marocain, la position d’Israël n’est pas conforme aux attentes des Marocains, qui aimeraient voir Tel Aviv faire de même que les États-Unis. Comment expliquez-vous cette hésitation ?

- Honnêtement, je n’en ai aucune idée ! La ministre israélienne de l’Intérieur, Ayelet Shaked, lors de sa visite au Maroc la semaine dernière, a déclaré qu’Israël soutient la souveraineté marocaine sur le Sahara. Israël a intérêt que le Maroc gagne ce dossier, d’ailleurs le Polisario a soutenu la vision iranienne, ce qui rend évident que le choix israélien ne sera jamais de son côté.



Recueillis par Yassine ELALAMI

Portrait


A man with ambition
 
Dore Gold est un politologue et diplomate américano-israélien qui a été Représentant permanent d’Israël auprès des Nations Unies de 1997 à 1999. Il est actuellement Président du Centre des affaires publiques et de l’État (CAPE de Jérusalem). Il a également été conseiller de l’ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon et du Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant son premier mandat.

En mai 2015, Netanyahu l’a nommé Directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères. Dore Gold est né en 1953 à Hartford, Connecticut, aux États-Unis, et a grandi dans un foyer juif conservateur. Il a fait son éducation primaire à la Yeshiva orthodoxe de Hartford.

Dans les années 1970, Gold fait ses études secondaires à la Northfield Mount Hermon School (promotion de 1971) puis s’inscrit à l’Université Columbia, où il a obtenu le Bachelor of Arts et le Master of Arts en sciences politiques, puis un doctorat en Sciences politiques et en études du Moyen-Orient. Gold a étudié aussi la littérature arabe et s’est spécialisé en droit international. Sa thèse de doctorat a porté sur l’Arabie Saoudite.
 








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