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Interview avec Anthony Shim : « Ça serait un honneur pour moi de pouvoir tourner au Maroc dans les années à venir »


Rédigé par Mina Elkhodari Dimanche 18 Décembre 2022

Le premier long métrage « Riceboy Sleeps » du réalisateur canadien d’origine coréenne, Anthony Shim, a reçu la plus longue ovation lors de sa projection dans le cadre de la 19ème édition du Festival International du Film à Marrakech (FIFM). Dans cet opus, le jeune réalisateur braque les projecteurs sur le vécu des mères célibataires et des enfants d’immigrés.



Le réalisateur y sonde les tréfonds identitaires d’une communauté dans laquelle il se reconnaît lui-même, étant issu d’une famille immigrée.

- Votre film « Riceboy Sleeps » met en image le parcours d’un enfant d’immigré au Canada qui tente de panser les blessures du passé à la recherche de la réconciliation avec soi et avec son identité. A quel point votre vécu vous a inspiré pour réaliser cet opus ?

- Le film est inspiré de mon expérience et de mon propre vécu en tant qu’enfant d’immigré qui a grandi et vécu une bonne partie de sa vie au Canada dans les années 90. A travers ce film, je voulais faire le portrait de mes journées au Canada et les moments que j’ai passés à la recherche de qui je suis, dans un monde nouveau et presque étrange pour moi en tant que Coréen. « Riceboy Sleeps » met, en effet, la lumière sur le lien émotionnel que j’ai entretenu et j’entretiens toujours avec toute ma culture, notamment la langue, la cuisine asiatique, la famille et même moi. A partir de ce film, j’ai voulu montrer à quel point c’est important pour moi de grandir, de découvrir, de comprendre et d’apprécier ma culture de Coréen même sous le sol d’un autre pays.


- Votre long métrage traite de sujets complexes qui sont passés souvent en silence, notamment la question de l’immigration et le dilemme d’être mère célibataire ou d’être fils d’une mère célibataire, pourquoi ce choix ? S’agit-il d’une manière de dénoncer les stéréotypes collés à cette catégorie ?

- Je pense que j’ai touché à ce sujet d’une manière ou d’une autre puisque j’ai parlé de ce que veut dire être mère célibataire. D’ailleurs, dans les années 60 ou 70, il n’y avait pas suffisamment d’éducation sexuelle en Corée, notamment en termes de contraception.

A l’époque, avoir un enfant hors mariage, soit par hasard ou de manière intentionnelle, était une sorte de honte que ce soit pour la femme ou pour son enfant. Ce dernier ne pouvait même pas jouir de ses droits en tant que citoyen comme les autres. J’ai touché à ce sujet car j’ai vu quelque chose d’intéressant dans l’idée qui pousse le fils et sa mère à partir ailleurs pour chercher une maison pour eux dans un autre pays étranger. Le message que je voulais transmettre c’est qu’une maison est bien plus qu’un espace physique, un pays ou une ville, mais c’est nous-mêmes et aussi les relations que nous entretenons avec les autres et avec nos origines.


- En regardant « Riceboy Sleeps » qui a eu la plus longue ovation lors de sa projection dans le cadre du FIFM, nous avons senti que le portrait de femme que vous avez fait est différent de ce qu’on voit tous les jours. Cette démarche est-elle faite exprès ?

- Effectivement, dans tous les films hollywoodiens, par exemple, que j’ai regardés j’ai trouvé que les portraits de femmes ont été limités à certaines règles. Sincèrement, je n’ai pas senti que ces portraits représentent la femme avec qui j’ai grandi. A partir de « Riceboy Sleeps », mon intention portait surtout sur le fait de dresser le portrait d’un protagoniste avec ses dimensions les plus larges. C’est pour cela que j’ai essayé de soigner les petits détails, notamment les images et les dialogues, pour réussir le message du film.


- La culture coréenne est de plus en plus populaire dans le monde arabe, notamment au Maroc, comment expliquez- vous ce succès ?

- Franchement, je ne sais pas (rires). C’est une question qui revient toujours, non pas seulement de votre part mais aussi de Coréens. Je pense que c’est la combinaison entre le fait que la Corée du Sud crée de plus en plus de programmes de divertissement uniques qui plaisent à tout le monde malgré son background culturel différent. A mon sens, ce n’est pas dû au hasard puisque la Corée du Sud a bien travaillé sur cet aspect jusqu’à en faire une industrie à part entière.


- Comment est-ce que votre présence au Maroc pourrait-elle vous inspirer dans vos prochaines créations ?

- J’ai profité de ma présence au FIFM à Marrakech pour faire le tour de la Médina et découvrir cette ville éblouissante. La levée et le coucher du soleil sont juste magnifiques. Le ciel qui combine entre plusieurs couleurs à la fois fait rêver. Je ne l’ai jamais vu dans d’autres coins du monde. La manière dont les bâtiments sont construits et colorés est unique aussi. Ce Maroc a un charme particulier et ça serait un honneur pour moi de pouvoir y tourner dans les années à venir.




Recueillis par Mina ELKHODARI

FIFM


Le Prix de la meilleure interprétation féminine pour « Riceboy Sleeps »
 
L’actrice coréenne Choi Seung-Yoon, qui a incarné So- Young dans l’oeuvre cinématographique «Riceboy Sleeps », a remporté le Prix de la meilleure interprétation féminine, au dernier Festival International du Film de Marrakech (FIFM). « Riceboy Sleeps », de son réalisateur canadien d’origine coréenne, a forcé l’admiration du public des cinéphiles, lors de sa projection dans le cadre de la 19ème édition du FIFM.

Dans une salle comble, l’oeuvre a eu la plus longue ovation après sa projection. Ce premier long métrage d’Anthony Shim raconte l’histoire de la diaspora coréenne prise entre deux mondes. Il s’agit de Soo Young, une mère célibataire d’origine coréenne qui abandonne sa vie en Corée du Sud pour le Canada, espérant donner à son fils une meilleure vie. La vie au Canada ne semble pas pour autant cheminer sans difficultés, la petite famille devient l’objet de regards suspects et dérangeants.

L’enfant, Dong-Hyun se trouve le seul étranger dans sa classe, ce qui le met dans la ligne de mire des autres qui ne cessent de pointer du doigt sa supposée singularité, jusqu’à sa nourriture coréenne. Le destin de la petite famille bascule complètement lorsqu’elle décide de retourner en Corée, espérant une réconciliation avec le passé.

A travers ce long métrage Anthony Shim questionne la notion de l’identité entre intégration, assimilation et acculturation, à travers un portrait unique de la vie des migrants souvent pris entre deux mondes et qui sont à la recherche de repères qui puissent les aider à s’identifier.

« Dans ce film, je voulais explorer l’importance de la réconciliation avec son passé et à quel point ce retour pourrait aider à retrouver la paix », nous a confié Anthony Shim.


M. E. K.








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