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Actu Maroc

Interview avec Abdelfattah Ezzine : « Il faut améliorer l’environnement des affaires pour accueillir les Marocains du monde »


Rédigé par Safaa KSAANI Mardi 6 Septembre 2022

L’encadrement et l’accompagnement des projets d’investissement des Marocains du monde devront se renforcer. Du côté de l’espace de médiation, on reconnaît que ça coince. Interview.



- Le récent discours Royal a mis en avant le rôle crucial des MRE dans le développement économique de leur pays d’origine. C’est dire que le Maroc a plus que jamais besoin de ses talents ?

- Il faut noter que ce n’est pas le premier discours Royal où l’attention particulière que le Souverain porte sur les intérêts et droits des Marocains résidant à l’étranger (MRE) et leur inclusion dans le développement de leur mère patrie est illustrée. On est heureux de voir que suite à ce rappel, des actions concrètes sont annoncées. On attend de voir sur quoi devront-elles déboucher.

Ce rappel Royal intervient dans le cadre de la mise en oeuvre du Nouveau Modèle de Développement auquel une grande partie de spécialistes de la commission constituée sur instruction de Sa Majesté étaient des Marocains du monde dans diverses spécialités. Logiquement parlant, ça devrait bénéficier à cette catégorie de Marocains, qu’on appelle souvent la 13ème région car ils ont participé à la “confection” de ce modèle. D’ailleurs, on avait déjà les jalons de cette participation des Marocains du monde dans le développement de leur pays d’origine. Le Maroc a plus que jamais besoin de ses talents et de compter sur les compétences des MRE dans tous les domaines.


- Devrait-on changer la perception des politiques publiques en matière de gestion des affaires des Marocains du monde ?

- Effectivement, il ne faut pas voir la migration en termes de ressources humaines uniquement. Il faut la voir comme une politique de migration qui touche non seulement les immigrés que nous appelons aujourd’hui Marocains du monde. Car on a des Marocains nés dans des pays d’accueil et qui ont plusieurs nationalités, quitte à avoir des familles et des couples binationaux et trinationaux. Les politiques publiques doivent définir les types d’action dont on a besoin. Il y a d’abord le volet de l’économie, ensuite ceux de l’enseignement et de la recherche, et troisièmement le volet des services. Il faut aussi préparer des politiques qui doivent répondre aux besoins de tous les Marocains qui se trouvent aux quatre coins du monde. Donc il faut une politique qui prend en compte aussi bien les secteurs que les régions.


- Comment qualifiez-vous la représentation des MRE dans les instances de prise de décision où les questions techniques sont un alibi ?

- Cette représentation est archi nulle. Elle doit se faire dans les instances de confection des politiques publiques. Créer une instance avec d’autres instances comme le CCME est intéressant surtout s’ils travaillent en symbiose. Il faut qu’il y ait un travail en accordéon pour optimiser l’apport des Marocains du monde. Pour optimiser cette représentativité, il faut rouvrir le débat entre les Marocains du Monde.


- Quand un Marocain du monde vient investir au Maroc, va-t-on le traiter comme un Marocain à 100% ?

- La politique de migration qui fait du Maroc un leader en Afrique, doit être réfléchie dans ce sens : Comment être en diapason avec sa diversité culturelle de manière à faire fonctionner la Transnationalité sans qu’il y ait de problèmes ici ou ailleurs. La migration n’est pas que des services, c’est aussi une réflexion sur l’architecture sociétale qu’on est en train de bâtir. C’est un choix, comment vivre cette diversité, sans exclusion et dans le respect.


- Qu’est-ce qui va changer après la mise en place de mécanismes permettant l’accompagnement et le soutien des porteurs de projets d’investissements ?

- Je pense que cela dépend des mécanismes mis en place. Vont-ils s’intéresser à la personne qui souhaite investir ou s’installer au Maroc. Cette personne vient avec son héritage culturel. Il ne va pas venir en tant que capital. C’est un être humain à qui il faut préparer les bonnes conditions pour le pousser à se concentrer sur la production des richesses qui ne sont pas uniquement financières et économiques mais aussi culturelles. Il faut améliorer l’environnement d’affaires pour accueillir les Marocains du monde.

Dans ce sens, il faut non seulement préparer des lois et des mécanismes purement économiques, il faut également réfléchir à des mécanismes et des moyens socio-culturels. On est appelé à gérer cette diversité de manière à ce qu’elle soit productive et pas contre productive. Je pense que ces mécanismes doivent non seulement répondre aux volets économique et financier mais aussi au volet socio-économique en vue d’éviter tout conflit entre les Marocains du monde et les Marocains locaux.


- Les vacances d’été sont déjà un premier avant-goût de ce qui pourrait attendre les MRE au Maroc ?

- Ces conflits existent car notre école n’a pas joué le jeu. Pas mal de Marocains du monde ont voulu investir ici mais sont retournés chez eux car ils ont trouvé que le climat était malsain. Il faut que l’école joue son rôle non seulement d’inculquer l’esprit de l’entrepreneuriat mais aussi faire comprendre que la culture peut être un objet d’entrepreneuriat. Ô combien on est en retard en matière d’économies créatives et culturelles.



Recueillis par Safaa KSAANI

Marocains du monde


La consolidation de l’attachement culturel et spirituel d’abord
 
Le coup d’accélérateur est donné. Lors des travaux de la neuvième réunion de la commission ministérielle pour les affaires des Marocains résidant à l’étranger et de la migration, présidée par le Chef du gouvernement le 30 août dernier à Rabat, un intérêt particulier a été donné à la consolidation de l’attachement culturel et spirituel des Marocains résidant à l’étranger.

A la consolidation de l’attachement culturel et spirituel des Marocains du monde s’ajoute la mise en place d’un mécanisme permettant l’accompagnement des talents des Marocains du monde, le soutien de leurs initiatives et projets, et l’encouragement et l’accompagnement de leurs investissements. De quoi mettre le turbo sur la mise en place de la nouvelle Charte de l’investissement.

Dans le même cadre, le Chef du gouvernement a incité l’ensemble des départements et établissements concernés, ainsi que le secteur de la finance et des affaires à accélérer le déploiement de programmes concrets de nature à favoriser la promotion de la situation des Marocains du monde, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur des frontières du Royaume.

Akhannouch a également appelé les membres de la Commission ministérielle, à s’attacher à la mise en oeuvre des mesures nécessaires pour déployer les directives Royales, tout en invitant à veiller à la tenue de réunions régulières du comité technique issu de la Commission, en vue d’assurer le suivi de la mise en oeuvre de l’ensemble des décisions et recommandations.