-Quel est le message derrière votre chanson اللحية د الشيطان ?
Cette chanson est un coup de gueule, contre la désinformation que l'on subit à longueur de journée. Le stress lié au confinement n'a fait qu'amplifier ce phénomène très nocif pour notre société, où l'esprit critique est largement absent.
Le choix, de la métaphore du pissenlit (en arabe اللحية د الشيطان) dans les paroles, m'est venu tout à fait naturellement, car les graines caractéristiques semées à tout vent, illustrent parfaitement le comportement de la population vis-à-vis des fausses nouvelles.
-Parlez-nous de cette stratégie de marketing musical que vous avez mené pour promouvoir cette chanson. Sur quoi est-elle basée ?
Sur la satire de la désinformation. Dès la diffusion de la chanson, j'ai eu l'idée de lancer un canular (en guise d'expérience sociale) : faire croire au grand public que l'on est connu et reconnu à l'international par des journaux et chaines télé aussi farfelus qu'inexistants... La farce a bien marché.
-Comment avez-vous eu cette idée ?
À vrai dire, quelques heures après la publication de la chanson, je me suis rendu compte qu'elle n'était pas assez diffusée sur les réseaux contrairement à mes productions antérieures. J'ai eu donc l'idée de lancer cette expérience en parodiant les fake news que nous croisons chaque jour sur nos smartphones (inventions, remèdes miracles, numérologie...)
-Au-delà du simple fait de vouloir plus d’audience, quel était le but d’une telle stratégie ?
De montrer, par l'expérience, qu'il est très facile de faire circuler de fausses nouvelles ou de faux arguments sans fondement, et que malheureusement, certains relais et leaders d'opinions ne font pas l'effort de vérifier les sources, l'unique objectif étant le scoop ou le buzz.
-Comment avez-vous préparé et mené cette campagne de promo ?
À vrai dire, tout cela a été improvisé et fait sur le tas. Le canular a duré 3 jours, les fausses publications ont atteint une population de plus de 150.000 internautes, cette portée a été générée à partir de 200 partages sur les réseaux sociaux. L'échantillon était assez significatif pour en tirer des constatations.
-Vous avez partagé de fausses affiches de journaux ou d’interviews télévisées avec quelques indices pour aider les internautes à comprendre votre message. Est-ce que les gens l’ont rapidement saisi ?
Effectivement, j'ai inséré à plusieurs reprises des clins d'œil dans les messages tout au long de l'expérience. Parfois, l'indice se trouvait dans le nom du site web sur la coupure du journal, parfois dans le titre même de l'article... J'ai remarqué que plusieurs personnes se sont immédiatement rendues compte du canular (à travers leurs commentaires pleins d'humour et d'exagération), mais ont toutefois relayé les publications pour assurer la réussite de l'expérience ou pour piéger leurs amis.
Cette chanson est un coup de gueule, contre la désinformation que l'on subit à longueur de journée. Le stress lié au confinement n'a fait qu'amplifier ce phénomène très nocif pour notre société, où l'esprit critique est largement absent.
Le choix, de la métaphore du pissenlit (en arabe اللحية د الشيطان) dans les paroles, m'est venu tout à fait naturellement, car les graines caractéristiques semées à tout vent, illustrent parfaitement le comportement de la population vis-à-vis des fausses nouvelles.
-Parlez-nous de cette stratégie de marketing musical que vous avez mené pour promouvoir cette chanson. Sur quoi est-elle basée ?
Sur la satire de la désinformation. Dès la diffusion de la chanson, j'ai eu l'idée de lancer un canular (en guise d'expérience sociale) : faire croire au grand public que l'on est connu et reconnu à l'international par des journaux et chaines télé aussi farfelus qu'inexistants... La farce a bien marché.
-Comment avez-vous eu cette idée ?
À vrai dire, quelques heures après la publication de la chanson, je me suis rendu compte qu'elle n'était pas assez diffusée sur les réseaux contrairement à mes productions antérieures. J'ai eu donc l'idée de lancer cette expérience en parodiant les fake news que nous croisons chaque jour sur nos smartphones (inventions, remèdes miracles, numérologie...)
-Au-delà du simple fait de vouloir plus d’audience, quel était le but d’une telle stratégie ?
De montrer, par l'expérience, qu'il est très facile de faire circuler de fausses nouvelles ou de faux arguments sans fondement, et que malheureusement, certains relais et leaders d'opinions ne font pas l'effort de vérifier les sources, l'unique objectif étant le scoop ou le buzz.
-Comment avez-vous préparé et mené cette campagne de promo ?
À vrai dire, tout cela a été improvisé et fait sur le tas. Le canular a duré 3 jours, les fausses publications ont atteint une population de plus de 150.000 internautes, cette portée a été générée à partir de 200 partages sur les réseaux sociaux. L'échantillon était assez significatif pour en tirer des constatations.
-Vous avez partagé de fausses affiches de journaux ou d’interviews télévisées avec quelques indices pour aider les internautes à comprendre votre message. Est-ce que les gens l’ont rapidement saisi ?
Effectivement, j'ai inséré à plusieurs reprises des clins d'œil dans les messages tout au long de l'expérience. Parfois, l'indice se trouvait dans le nom du site web sur la coupure du journal, parfois dans le titre même de l'article... J'ai remarqué que plusieurs personnes se sont immédiatement rendues compte du canular (à travers leurs commentaires pleins d'humour et d'exagération), mais ont toutefois relayé les publications pour assurer la réussite de l'expérience ou pour piéger leurs amis.
L'une des fausses affiches utilisées par Ayoub dans cette expérience. Comme indice le site du journal est "www.mtelle3ha3likoum.com".
-Qu’avez-vous constaté de cette expérience ?
Qu'il est encore plus facile aujourd'hui de manipuler les populations tellement la désinformation peut se répandre très vite.
L'hypothèse de départ est bien affirmée : l'instinct grégaire continue de nous guider dans notre choix du contenu à consommer. Au lieu de découvrir par nous-même les produits culturels qui peuvent nous intéresser, on se suffit de ce que les autres préfèrent et de ce qui marche, l'avalanche s'amorce...
-Que pensez-vous des fakes news et quelle est selon vous l’importance d’éveiller la conscience des gens sur le phénomène ?
J'assiste avec plaisir aux débuts d'une révolution intellectuelle et véritable guerre contre la désinformation au Maroc, menée par de vrais influenceurs qui font de la vulgarisation scientifique et critique leur cheval de guerre (Najib El Moukhtari, Marouane Alaoui Lamharzi, Mustapha El Fekkak et bien d'autres...), et je souhaiterais que mes confrères artistes, de toutes les disciplines, se joignent à cette lutte pour éveiller les sens et la conscience.
Qu'il est encore plus facile aujourd'hui de manipuler les populations tellement la désinformation peut se répandre très vite.
L'hypothèse de départ est bien affirmée : l'instinct grégaire continue de nous guider dans notre choix du contenu à consommer. Au lieu de découvrir par nous-même les produits culturels qui peuvent nous intéresser, on se suffit de ce que les autres préfèrent et de ce qui marche, l'avalanche s'amorce...
-Que pensez-vous des fakes news et quelle est selon vous l’importance d’éveiller la conscience des gens sur le phénomène ?
J'assiste avec plaisir aux débuts d'une révolution intellectuelle et véritable guerre contre la désinformation au Maroc, menée par de vrais influenceurs qui font de la vulgarisation scientifique et critique leur cheval de guerre (Najib El Moukhtari, Marouane Alaoui Lamharzi, Mustapha El Fekkak et bien d'autres...), et je souhaiterais que mes confrères artistes, de toutes les disciplines, se joignent à cette lutte pour éveiller les sens et la conscience.
-Il y’a beaucoup d’humour et de sarcasme dans cette idée, est ce que vous avez eu des réactions aussi drôles ? Si oui, racontez-nous une anecdote.
J'ai reçu quelques messages et invitations pour parler de mon succès outre-atlantique (factice) à la radio et sur des journaux digitaux, et j'ai été tenté de pousser le bouchon un peu plus loin afin de mettre à nu le comportement de certains face aux fake news, mais je me suis abstenu par crainte que ce soit mal pris et que ça attise des foudres non-averties.
-Qu’avez-vous tiré de cette expérience ? Est-ce que vous envisagez de mener d’autres expériences sociales en parallèle avec votre musique ? Si oui, quel est l’intérêt pour vous ?
Notre société est clairement en mal d'esprit critique ! La meilleure solution à envisager est de prévoir des cours spéciaux au collège et au lycée, où le but serait d'enseigner aux élèves la méthode scientifique, en leur inculquant les techniques de base d'analyse et de vérification de la fiabilité de l'information, par le biais de jeux de rôles et d'ateliers ludiques.
Pour répondre à la suite de votre question, je pense que le jeu a assez duré, le temps d'un coup de gueule. D'autres expériences sociales ? J'en fais régulièrement (mais dans un contexte plus académique) dans le cadre de mes recherches doctorales en neuro-marketing, au laboratoire "Équipe de recherche en Études et en Décisions Stratégiques" de L'École Nationale de Commerce et de Gestion de Kénitra, sous l'encadrement du Professeur Hassan AZDIMOUSA, dans le but de comprendre les stimuli du comportement d'achat liées aux sens et à la perception du consommateur.
J'ai reçu quelques messages et invitations pour parler de mon succès outre-atlantique (factice) à la radio et sur des journaux digitaux, et j'ai été tenté de pousser le bouchon un peu plus loin afin de mettre à nu le comportement de certains face aux fake news, mais je me suis abstenu par crainte que ce soit mal pris et que ça attise des foudres non-averties.
-Qu’avez-vous tiré de cette expérience ? Est-ce que vous envisagez de mener d’autres expériences sociales en parallèle avec votre musique ? Si oui, quel est l’intérêt pour vous ?
Notre société est clairement en mal d'esprit critique ! La meilleure solution à envisager est de prévoir des cours spéciaux au collège et au lycée, où le but serait d'enseigner aux élèves la méthode scientifique, en leur inculquant les techniques de base d'analyse et de vérification de la fiabilité de l'information, par le biais de jeux de rôles et d'ateliers ludiques.
Pour répondre à la suite de votre question, je pense que le jeu a assez duré, le temps d'un coup de gueule. D'autres expériences sociales ? J'en fais régulièrement (mais dans un contexte plus académique) dans le cadre de mes recherches doctorales en neuro-marketing, au laboratoire "Équipe de recherche en Études et en Décisions Stratégiques" de L'École Nationale de Commerce et de Gestion de Kénitra, sous l'encadrement du Professeur Hassan AZDIMOUSA, dans le but de comprendre les stimuli du comportement d'achat liées aux sens et à la perception du consommateur.