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Actu Maroc

Hausse des températures : Le Maroc doit-il craindre les retombées d’un super-El Niño ? [INTÉGRAL]


Rédigé par Omar ASSIF Mercredi 12 Juillet 2023

Suite à une alerte de l’Organisation Météorologique Mondiale, le monde se prépare à faire face aux impacts d’un nouvel épisode du phénomène El Niño. Le Maroc est-il concerné ? Éclairages.



Depuis le début du printemps, un grand nombre de scientifiques et de météorologues a spéculé sur la formation et l’intensité du phénomène El Niño dont le début du cycle était attendu cet été. Associé au réchauffement des températures de surface de l'océan dans le centre et l'Est de l'océan Pacifique tropical, l’épisode actuel de ce phénomène « s’inscrit dans le contexte d’un climat modifié par les activités humaines », explique l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). En clair, El Niño intervient alors que les impacts du réchauffement global ont déjà altéré le climat mondial. Le 4 juillet 2023, l'organisation (qui est une agence spécialisée de l’ONU) a même appelé les gouvernements à anticiper les conséquences du phénomène météorologique El Niño qui vient de débuter, généralement associé à une hausse des températures mondiales, "pour sauver les vies et les moyens de subsistance". Le phénomène El Niño se poursuivra toute l'année à une intensité qui devrait être "au moins modérée", indique la même source.
 
Quelles conséquences ?

"L'arrivée d'El Niño augmentera considérablement la probabilité de battre des records de température et de déclencher une chaleur plus extrême dans de nombreuses régions du monde et dans les océans", souligne le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas, dans le bulletin de l'organisation, ajoutant que «l'annonce d'un épisode El Niño par l'OMM est un signal donné aux gouvernements du monde entier pour qu'ils se préparent à en limiter les effets sur notre santé, nos écosystèmes et nos économies". Si plusieurs pays situés dans le pourtour de l’océan Pacifique semblent directement concernés par les conséquences de cet épisode climatique, l’annonce de l’OMM n’a pas manqué d’interpeler la presse mondiale qui a consacré plusieurs articles et formats télévisés évoquant un « Super Niño », et la nécessité d’améliorer les systèmes d'alertes précoces et les mesures d'anticipation des phénomènes météorologiques extrêmes associés "pour sauver les vies et les moyens de subsistance".

Quid du Maroc ?
 
Composant avec des vagues successives de canicule et de sècheresse, notre pays fait partie des régions mondiales qui peuvent raisonnablement s’inquiéter de voir un nouveau phénomène s’ajouter à l’addition climatique. « Le Maroc n’est pas influencé directement par ce phénomène vu sa position géographique par rapport à l’océan Pacifique. En effet, les recherches scientifiques conduites en la matière montrent qu’EL Niño n'a pas d'impact direct et stationnaire sur la région géographique dont fait partie le Maroc », rassure cependant Rhizlane Feddoul, ingénieur de Recherche et Développement au Centre National du Climat. « Ceci dit, on rappelle que l’année 2022 est l’année la plus chaude jamais enregistrée au Maroc depuis plus de 40 ans. L’anomalie de la température moyenne annuelle a atteint +1,63°C par rapport à la normale climatologique sur la période 1981-2010. Les températures moyennes ont été supérieures à la normale pendant 80% des jours de l’année et 4 records de température moyenne mensuels au niveau national ont été battus », ajoute la même source.
 
Records de température mondiale
 
Si le phénomène El Niño n’a pas d’impact « direct et stationnaire » sur notre pays, il n’en demeure pas moins que ses conséquences ne manqueront pas de toucher l’ensemble de la planète. Ainsi, en perspective du phénomène, l'OMM avait prévu en mai dernier qu'au moins l'une des cinq prochaines années, et la période de cinq ans dans son ensemble (2023-2027), seront les plus chaudes jamais enregistrées, battant le record de l’année 2016. Il existe par ailleurs une probabilité de 66% que la température mondiale moyenne annuelle près de la surface dépasse temporairement de plus de 1,5°C les niveaux préindustriels pendant au moins une année entre 2023 et 2027. "Cela ne veut pas dire que dans les cinq prochaines années, nous dépasserions le niveau de 1,5°C spécifié dans l'Accord de Paris, car cet accord fait référence à un réchauffement à long terme sur de nombreuses années. Toutefois, il s'agit d'un nouveau signal d'alarme", a cependant nuancé Chris Hewitt (cité par l’AFP), responsable des services climatologiques auprès de l'OMM.

 

3 questions à Rhizlane Feddoul « Le changement climatique pourrait augmenter la probabilité d'événements El Niño intenses »

Ingénieur de Recherche et Développement au Centre National du Climat, Rhizlane Feddoul répond à nos questions concernant le phénomène El Niño.
Ingénieur de Recherche et Développement au Centre National du Climat, Rhizlane Feddoul répond à nos questions concernant le phénomène El Niño.
Ingénieur de Recherche et Développement au Centre National du Climat, Rhizlane Feddoul répond à nos questions concernant le phénomène El Niño.

-Quelles sont les régions qui sont touchées directement par le phénomène El Niño ?

-El Niño est un phénomène climatique naturel associé au réchauffement des températures dans l’est et le centre de l'océan Pacifique tropical. Ce phénomène se produit en moyenne tous les deux à sept ans, avec des épisodes de neuf à douze mois.

-Quelle est la relation qui existe entre les réchauffements dus au changement climatique et ceux qui sont causés par El Niño ?

-Concernant le réchauffement dû au changement climatique, on rappelle que la hausse continue de la température observée à l'échelle du globe est liée principalement aux gaz à effet de serre d'origine anthropogénique émis dans l'atmosphère. Ceci dit, durant les épisodes El Niño, on assiste à une surchauffe générale des eaux des océans qui libèrent une chaleur supplémentaire dans l'atmosphère. Quoique limitée, cette chaleur contribue à son tour à une hausse additionnelle de la température moyenne annuelle de la terre.

-La cyclicité et l’intensité de ce phénomène sont-elles perturbées ou exacerbées par les changements climatiques ?

-La relation entre le changement climatique et la cyclicité d'El Niño est complexe. Les études scientifiques suggèrent que le changement climatique pourrait augmenter la probabilité d'événements El Niño intenses. D'autre part, les événements El Niño peuvent également avoir des effets sur le changement climatique à court terme. Pendant les épisodes El Niño, la chaleur accumulée dans les océans est libérée dans l'atmosphère, ce qui peut entraîner une augmentation des températures globales à court terme. Il convient de noter que la variabilité naturelle d'El Niño reste un élément important dans le système climatique, indépendamment du changement climatique d'origine humaine. Les modèles climatiques et les observations continuent d'être étudiés pour mieux comprendre la façon dont le changement climatique peut influencer la cyclicité et les caractéristiques d'El Niño.

Cycle climatique : Déséquilibre des pressions entre Pacifique-Est et Ouest

Dans les années 1920, les scientifiques avaient noté un phénomène de déséquilibre des pressions atmosphériques entre Pacifique-Est et Ouest, déséquilibre qu'on sait aujourd'hui appartenir au phénomène El Niño. Actuellement, ce phénomène cyclique est généralement associé à une augmentation des précipitations dans certaines régions du Sud de l'Amérique latine, du Sud des Etats-Unis, dans la Corne de l'Afrique et en Asie centrale.

Il peut provoquer de graves sécheresses en Australie, en Indonésie, dans certaines régions de l'Asie du Sud et en Amérique centrale. En revanche, ses eaux chaudes peuvent alimenter les ouragans dans le centre et l'Est de l'océan Pacifique, alors qu'elles peuvent freiner la formation d'ouragans dans le bassin atlantique.

L'épisode de 2018-2019 de ce phénomène avait laissé place à un épisode particulièrement long de presque trois ans d’un autre phénomène : La Niña, qui provoque les effets inverses et notamment une baisse des températures. À noter qu’El Niño se produit en moyenne tous les deux à sept ans et les épisodes durent généralement de neuf à douze mois.
 

L’info...Graphie


Plan canicule : Le ministère de la Santé mobilisé contre les menaces

Dans une récente circulaire, le ministère de la Santé et de la Protection sociale a appelé ses directions régionales à prendre toutes les dispositions et les mesures nécessaires, « à travers la mise en œuvre de plans d'action régionaux, en mobilisant les ressources matérielles et humaines requises pour assurer la prévention et la prise en charge adéquate aux personnes touchées par les conséquences sanitaires liées aux fortes chaleurs ». Ainsi, le ministère appelle à instaurer la permanence des soins 24 h/24 et 7 j/7 au niveau des formations sanitaires, en prévoyant des équipes de soutien et des équipes de réserve.

Il est également question de maintenir la mobilisation des Services d'assistance médicale urgente et renforcer la régulation des appels médicaux d'urgence. Les directions régionales sont également invitées à renforcer le personnel des formations sanitaires, dont les services d'accueil des urgences des hôpitaux de référence des provinces concernées. La circulaire du ministère de la Santé souligne par ailleurs la nécessité de renforcer les formations sanitaires en médicaments et en dispositifs médicaux nécessaires, de prévoir des pièces rafraîchies au niveau des hôpitaux de référence et de renforcer les moyens de transport sanitaire, avec instauration de la garde des chauffeurs et des techniciens ambulanciers. La circulaire appelle à renforcer la prise en charge des personnes vulnérables, notamment les enfants en bas âge, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes atteintes de pathologies chroniques.








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