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Hajar Mousannif : « Le machine learning est très prometteur au Royaume »

Entretien avec Hajar Mousannif, experte en Intelligence Artificielle


Rédigé par Safaa KSAANI Jeudi 10 Décembre 2020

La jeune enseignante-chercheuse a été récompensée pour son parcours exceptionnel
en Intelligence Artificielle (IA), un domaine en cours de développement au Maroc.



Hajar Mousannif
Hajar Mousannif
- Vous avez remporté le premier Prix de la catégorie “Global AI Inclusion Award”, dans le cadre du prestigieux Prix « Women Tech ». Qu’est-ce qui a fait la différence par rapport aux autres candidates ?
- Ce Prix récompense les chercheuses en Intelligence Artificielle (IA) qui ont de l’impact. Le jury se base sur quatre critères, en l’occurrence le parcours, les projets, les recherches scientifiques menées et la promotion de l’environnement technologique de diversité à l’aide de l’IA. Les projets en robotique ou en Intelligence Artificielle, j’en ai plein. Les autres candidates également. Je crois que la différence se place au niveau du l’état d’esprit du chercheur. 

- L’Intelligence Artificielle s’est beaucoup développée ces dernières années. Qu’en est-il actuellement ?
- Au Maroc, l’IA n’est pas très développée. Cependant, on commence déjà à avoir une prise de conscience par rapport à l’importance de l’IA. Beaucoup d’initiatives ont vu le jour, dont la création de l’Ecole Euromed d’Ingénierie Digitale et d’Intelligence Artificielle (EIDIA) ainsi que le programme Al Khawarizmi qui vise à financer des projets de recherche en Intelligence Artificielle, mais nous n’avons pas encore atteint le niveau d’avoir une industrie à grande échelle qui exploite l’IA. Heureusement que nous avons les ressources et les compétences humaines nécessaires, ainsi que les entreprises qui font de l’IT, et qui sont les pierres angulaires de cet édifice. Nous avons besoin de la bonne volonté du gouvernement pour renforcer davantage ce domaine prometteur et pour réduire le gap entre les industriels et le monde académique. En Afrique, le Maroc est parmi les pays qui ont accordé beaucoup d’attention à ce champ de recherche. D’autres pays du continent essayent, pour leur part, de le développer.

- Qui dit IA dit des outils onéreux. Est-ce la raison pour laquelle les jeunes s’y investissent peu ?
- Il y a des sous-domaines de l’IA, dont l’apprentissage automatique (machine learning) qui nécessite beaucoup de programmation et de mathématiques. C’est le sous-domaine le plus accessible au Maroc. Pour développer l’IA, nous aurons besoin de data centers, de serveurs puissants et de grandes capacités de calcul et de stockage. Ce n’est pas hors de portée. Mon message aux jeunes intéressés par l’IA est d’investir dans le sous-domaine du machine learning, en tenant compte de nos ressources.

- Ainsi, l’IA pourra-t-elle générer plus d’emplois ?
- Beaucoup de personnes se trompent en pensant que l’IA élimine des emplois. La plupart des métiers ne pourront pas se passer de l’intelligence humaine. Les machines sont toujours sous la supervision des êtres humains. Les machines sont là pour aider l’accomplissement des tâches que de remplacer l’Homme complètement. De plus, de nouveaux métiers seront créés en lien avec l’IA.

Recueillis par Safaa KSAANI

Portrait

La passionaria de l’Intelligence Artificielle
Il aura fallu jouer des coudes pour avoir un créneau sur son agenda. Entre la famille, la gestion d’un programme de Master, la recherche scientifique et l’animation de la communauté scientifique sur les réseaux sociaux, la jeune enseignantechercheuse Hajar Mousannif tient un rythme infernal. “Ma famille m’estime et me soutient. Ma fille aînée fait de son mieux pour suivre mon chemin”, nous confie-t-elle sur un ton enjoué. La scientifique ne cache pas sa fierté d’avoir marqué le parcours de ses étudiants. 

La jeune mère de trois enfants, native de Marrakech, est titulaire d’un Doctorat en informatique obtenu en 2012, et d’un Diplôme d’Ingénieur d’Etat en Informatique de l’Institut National des Postes et Télécommunications (INPT) décroché en 2005.

Professeur au Département d’Informatique et coordonnatrice du Master « Data Science » à la Faculté des Sciences Semlalia (Université Cadi Ayyad), elle a gagné sa notoriété par ses inventions technologiques. Elle compte à son actif plusieurs brevets d’invention en Intelligence Artificielle, dont un sur le «système de rétroactions et d’évaluation des apprentissages des étudiants» et un autre sur la «diffusion de contenu personnalisé en se basant sur la reconnaissance des émotions via les terminaux mobiles».

Hajar Mousannif détient deux Brevets d’Invention pour ses recherches en Intelligence Artificielle. Elle a d’ailleurs obtenu plusieurs Prix et distinctions, dont le Prix «L’Oréal-UNESCO : For Women In Science », et le « Emerald Literati Prize for Excellence». Ses recherches focalisent sur l’Intelligence Artificielle, la Big Data, l’Apprentissage Automatique, les Objets Connectés (IoT) et les technologies innovantes de manière générale.

S. K. 

Repères

Euromed Fès mise sur l’Intelligence Artificielle
L’Ecole Euromed d’Ingénierie Digitale et d’Intelligence Artificielle (EIDIA), nouveau pôle de l’Université Euromed de Fès (UEMF), a ouvert ses portes au mois de septembre 2019. Cette école dispose de trois programmes de formation (licence, master et doctorat) et propose des cours en robotique et « cobotique » (collaboration homme-robot), en Intelligence Artificielle, cyber-sécurité, technologies web et mobile et Big Data. Labellisée par l’Union pour la Méditerranée avec l’appui des 43 pays membres, l’UEMF constitue une plateforme académique régionale (euro-méditerranéenne) basée sur le dialogue interculturel, l’échange et la coopération entre les deux rives de la Méditerranée. Elle compte des cadres issus de l’espace euro-méditerranéen et cible des étudiants de la région MENA, de l’Europe et de l’Afrique subsaharienne.
Programme Al Khawarizmi : 45 projets innovants financés
Le programme Al-Khawarizmi a été initié en mai 2019, à travers un appel à projets de recherche appliquée dans le domaine de l’Intelligence Artificielle (IA) et ses applications, avec une enveloppe budgétaire de 50 millions de dirhams. Il a été lancé par le ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MENFPESRS), en partenariat avec le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique (MICEVN), l’Agence de Développement du Digital (ADD) et le Centre national pour la recherche scientifique et technique. Dans ce cadre, le Comité de pilotage a retenu 45 projets à financer. 








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