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Fès-Meknès : Les dossiers brûlants sur la table du nouveau wali


Rédigé par Mohamed LAABIDY le Vendredi 28 Novembre 2025

Après plusieurs mois de vacance institutionnelle au sommet du pouvoir territorial, la région de Fès-Meknès retrouve enfin un nouveau souffle avec la nomination de M. Khalid Aït Taleb au poste de wali de la région et gouverneur de la préfecture de Fès.



Ancien ministre de la Santé et ex-directeur du Centre hospitalier universitaire Hassan II de Fès, le professeur Aït Taleb n’est pas un inconnu dans la capitale spirituelle du Royaume. Il y a bâti sa carrière, forgé sa réputation et démontré un leadership reconnu dans la gestion des grands chantiers publics.

La cérémonie de son installation, tenue dans une atmosphère empreinte d’émotion et de chaleur, a été l’occasion pour les élus, les autorités locales et la société civile de saluer le retour d’un cadre qui connaît intimement les spécificités du territoire. Tous partagent aujourd’hui une même attente : voir la région renouer avec une dynamique de développement soutenu, après une période marquée par le ralentissement de plusieurs projets structurants et par un manque de visibilité dans la conduite des affaires territoriales.
 
Une région aux atouts multiples mais sous-exploités

La région de Fès-Meknès dispose d’un potentiel exceptionnel sur les plans économique, culturel et touristique. Avec plus de 4,5 millions d’habitants, elle représente l’un des pôles historiques du Royaume, à la croisée des routes reliant le nord, le centre et l’oriental. Fès, capitale spirituelle et universitaire du Maroc, abrite un patrimoine mondial unique classé par l’UNESCO, tandis que Meknès, cité impériale, regorge d’infrastructures touristiques et d’un riche tissu artisanal.

Sur le plan économique, la région s’appuie sur des zones industrielles en pleine mutation, notamment à Ain Cheggag et à Ras El Ma, ainsi que sur un secteur agroalimentaire en développement. Cependant, le manque d’investissement public et la faible coordination entre les acteurs institutionnels ont limité la portée de ces atouts. Le chômage des jeunes, la précarité dans les zones rurales et la faiblesse de l’offre d’emploi qualifié demeurent des freins majeurs à l’émergence d’un modèle de développement équilibré.
 
Des dossiers lourds hérités du passé

À son arrivée, le nouveau wali trouve sur son bureau plusieurs dossiers urgents qui nécessitent une approche stratégique et concertée.

La région souffre de déséquilibres territoriaux persistants entre les centres urbains et les zones rurales. Le développement urbain de Fès s’est souvent fait sans vision intégrée, entraînant des problèmes de mobilité, d’habitat insalubre et d’infrastructures inachevées. Le nouveau wali devra relancer la mise en œuvre du Schéma régional d’aménagement du territoire et renforcer la coordination entre les collectivités locales et les services déconcentrés de l’État.

Malgré sa position stratégique, la région attire peu d’investissements directs par rapport à Casablanca-Settat ou Tanger-Tétouan-Al Hoceima. La lenteur administrative décourage nombre d’entrepreneurs. Une relance ciblée de la politique d’attractivité économique, soutenue par la simplification des procédures et la mise à disposition de zones industrielles prêtes à l’emploi, s’impose.

Si Fès demeure une destination culturelle majeure, la région n’a pas encore pleinement tiré profit de son potentiel touristique. L’absence de promotion concertée, la vétusté de certaines infrastructures et le manque d’animation touristique pèsent sur la compétitivité de la destination. Le nouveau wali sera attendu sur la redynamisation du tourisme intérieur, en lien avec les opérateurs privés et les communes touristiques de Meknès, Ifrane et Sefrou.

La question écologique représente également un défi majeur. Le site de la décharge de Fès, la gestion des eaux usées et la protection des forêts de l’Atlas sont autant de sujets sensibles. Les associations environnementales espèrent que le nouveau wali adoptera une approche participative pour concilier développement et durabilité.

Ironie du sort, l’ancien ministre de la Santé retrouve dans sa nouvelle mission une région où la carte sanitaire reste inégalement répartie. Les hôpitaux de proximité manquent de ressources humaines et d’équipements, et les disparités territoriales persistent. Sa connaissance approfondie du secteur pourrait lui permettre de rééquilibrer l’offre de soins et d’améliorer la coordination entre les hôpitaux régionaux et provinciaux.
 
Vers une nouvelle gouvernance territoriale

Au-delà des urgences sectorielles, le véritable défi réside dans la refondation de la gouvernance territoriale. La réussite du Nouveau programme de développement intégré dépend largement de la capacité du wali à instaurer une convergence effective des politiques publiques. Dans ce sens, Khalid Aït Taleb est appelé à renforcer la coordination entre la wilaya, le Conseil régional, les préfectures et les communes.

L’enjeu est d’instaurer une culture de résultats, fondée sur la transparence, l’évaluation et la reddition des comptes. Une approche participative impliquant la société civile, les chambres professionnelles et les universités pourrait aussi donner une nouvelle impulsion à la concertation territoriale.
 
Un espoir de relance

La nomination du professeur Aït Taleb suscite donc de forts espoirs dans une région qui aspire à retrouver sa place de locomotive du centre du Maroc. Son profil technocratique, allié à une connaissance fine du terrain, lui confère un avantage certain pour comprendre les réalités locales et traduire les ambitions nationales en actions concrètes.

Le contexte national, marqué par la régionalisation avancée, offre un cadre propice à cette relance. Mais la réussite dépendra de la capacité du nouveau wali à fédérer autour de lui les énergies dispersées, à mobiliser les ressources et à instaurer une dynamique de confiance entre l’administration et les citoyens.







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