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International

Etats-Unis / Médiation Maroc–Algérie : Deux mois pour un accord post-Résolution sur le Sahara


Rédigé par Hichem ABOUD Mardi 11 Novembre 2025

​Un rapport récemment publié par le Middle East Institute (MEI) met en lumière d’importants repositionnements géopolitiques au Maghreb, à la suite du vote du 31 octobre 2025 au Conseil de Sécurité de l’ONU.



Steve Witkoff, Envoyé spécial américain, a évoqué la possibilité d’arracher, dans un délai de 60 jours, un accord global entre le Maroc et l’Algérie.
Steve Witkoff, Envoyé spécial américain, a évoqué la possibilité d’arracher, dans un délai de 60 jours, un accord global entre le Maroc et l’Algérie.
La Résolution adoptée ce jour-là a réaffirmé la centralité de l’initiative marocaine d’autonomie comme base «réaliste et sérieuse» pour parvenir à un règlement du conflit du Sahara, ouvrant la voie, selon le MEI, à une nouvelle stratégie américaine visant à désamorcer les tensions entre Rabat et Alger.

Le rapport indique que l’administration du président Donald Trump entend capitaliser sur ce Momentum diplomatique pour arracher, dans un délai de soixante jours, un accord global entre le Maroc et l’Algérie. Cette orientation a été évoquée publiquement par l’Envoyé spécial américain Steve Witkoff dans un entretien accordé à CBS à la mi-octobre. Selon le MEI, Washington voit dans cette initiative l’opportunité de signer un nouveau succès diplomatique en Méditerranée et en Afrique du Nord, avec des répercussions directes sur la stabilité régionale, notamment au Sahel et dans le sud de l’Europe, ainsi que sur la sécurité énergétique.

Le think tank souligne que la crise entre Rabat et Alger ne se limite plus à la question du Sahara. Elle s’inscrit dans un conflit de leadership régional enraciné depuis la Guerre des Sables de 1963. A partir de là, les deux puissances maghrébines ont suivi des trajectoires idéologiques opposées : un Maroc tourné vers l’Occident, la libéralisation économique et l’intégration africaine, et une Algérie campée sur un discours révolutionnaire, anti-impérialiste et souverainiste.

Cette rivalité s’est intensifiée ces dernières années sur les plans diplomatique, économique, culturel et sportif. Rabat se positionnant comme un pont entre l’Afrique et l’Europe à travers des projets structurants, tels que le gazoduc Nigeria–Maroc et l’Initiative Atlantique, tandis qu’Alger mise sur une posture sécuritaire centrée sur le Sahel et l’orthodoxie non-alignée. Cette compétition s’accompagne d’une course à l’armement, avec des dépenses militaires estimées à 25 milliards de dollars pour l’Algérie contre 13 milliards pour le Maroc.

Sur le plan international, la Résolution de l’ONU apparaît comme le couronnement d’une stratégie diplomatique marocaine soutenue par la reconnaissance américaine de 2020, puis renforcée par l’appui croissant de l’Espagne, de la France et du Royaume-Uni. Le Maroc a, de plus, consolidé ses alliances via les Accords d’Abraham, renforçant son image auprès de Washington et des capitales européennes.

L’Algérie, en revanche, se trouve dans une position plus délicate. Depuis la rupture des relations diplomatiques avec Rabat en 2021, elle maintient une ligne dure et refuse toute médiation. Toutefois, la visite à Alger en juillet 2025 de l’émissaire américain Massad Boulos aurait rouvert, selon le MEI, «une fenêtre étroite de dialogue», d’autant que l’Algérie redoute de potentielles sanctions américaines au titre de la loi CAATSA, en raison de ses achats d’armements russes. Le rapport note également le recul de l’influence algérienne au Sahel, parallèlement à la montée en puissance du Maroc. Alger conserve néanmoins des atouts majeurs : son rôle de fournisseur clé de gaz pour l’Europe et le poids de son armée.

Le MEI estime que «le rapport de force actuel tourne à l’avantage du Maroc», qui renforce sa stature internationale sans avoir à négocier directement avec Alger. À l’inverse, l’Algérie serait désormais confrontée à un choix stratégique : poursuivre sa politique d’isolement ou accepter un compromis lui permettant de sauver la face tout en obtenant des bénéfices politiques et économiques.

Le rapport conclut en appelant à un accord équilibré et mutuellement valorisant, conçu pour permettre à chacune des deux capitales d’en revendiquer une victoire symbolique. Celui-ci devrait s’accompagner de mécanismes de confiance, d’un encadrement de la course aux armements et d’une coopération renforcée dans l’énergie, la sécurité et la lutte antiterroriste.







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