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Energie : La recette de l’ISPI pour accélérer la transition énergétique au Maroc


Rédigé par A. CHANNAJE Mardi 15 Février 2022

La transition énergétique au Maroca fait l’objet d’un policy paper de l’Institut italien pour les études de politique internationale (en italien Istituto per gli Studi di Politica Internazionale, ISPI), élaboré par Rim Berahab, économiste au Policy Center for The New South. Éclairage.



Energie : La recette de l’ISPI pour accélérer la transition énergétique au Maroc
Intitulé « Morocco’s Future Energy : The Path Forward », ce policy paper s’est focalisé sur les défis du secteur énergétique marocain, ainsi que sur les mesures à prendre pour faire fonctionner la transition énergétique à plein régime. « Au cours des vingt dernières années, les énergies éolienne et solaire ont gagné du terrain et de l’élan au Maroc. La part des énergies renouvelables, y compris la production d’hydroélectricité, est passée de 6% en 2000 à 19% en 2020, un pourcentage similaire à celui de la France et de la Tunisie, mais inférieur à celui de l’Espagne et du Portugal.

En outre, le Maroc représentait environ la moitié de la production d’électricité de l’Afrique du Nord, y compris l’éolien, le solaire photovoltaïque et le solaire thermique en 2019 », relève-t-on dans ce policy paper, élaboré par Rim Berahab, économiste à Policy Center for The New South. L’analyse note, en outre, que les réalisations importantes du Maroc dans la transition énergétique ont été soutenues par des stratégies et des politiques gouvernementales concertées.

La transformation de son secteur énergétique a commencé en 2009 avec la Stratégie nationale de l’énergie, qui vise à renforcer sa sécurité d’approvisionnement électrique en diversifiant son mix énergétique à l’horizon 2030. Cette stratégie a servi de base à un ensemble articulé de politiques visant à lutter contre le changement climatique et à promouvoir davantage la transition.

Le policy paper, fraîchement publié, fait remarquer aussi que le Maroc s’est encore efforcé de fournir les cadres juridiques et réglementaires nécessaires au déploiement de sa stratégie de transition plus large, axée sur la création de marchés. De nouvelles législations ont été adoptées qui ont permis la tenue d’appels d’offres et d’enchères pour des projets solaires et éoliens à grande échelle, encourageant ainsi l’investissement privé dans le secteur.

Parmi les autres facteurs de succès, le policy paper cite le renforcement de la confiance des investisseurs et des prêteurs en créant des guichets uniques compétents, tels que l’Agence marocaine pour le développement durable (MASEN). Ce dernier est en charge du pilotage des énergies renouvelables au Maroc, dont le projet Noor Complex, considéré comme l’une des plus grandes centrales solaires à concentration (CSP) au monde.

Les défis du secteur énergétique

Autre élément soulevé dans cette analyse : le secteur énergétique reste confronté à certains défis qui doivent être surmontés afin d’accélérer la transition énergétique. « Dans le secteur de l’électricité, le principal défi est que le Maroc doit éliminer progressivement l’utilisation du charbon, qui domine toujours la production malgré l’augmentation des énergies renouvelables. En 2020, près de 68% de l’électricité était produite par le charbon, principalement importé, tandis que les énergies renouvelables, y compris l’hydroélectricité, représentaient 19% de l’ensemble de la production d’électricité », explique-t-on.

L’élimination progressive du charbon et l’augmentation des sources d’énergie renouvelables variables - principalement solaire et éolienne - créent de nouveaux défis pour le déploiement des énergies renouvelables, ajoute la même source.

De ce fait, le policy paper du think tank italien estime que « le passage aux énergies renouvelables, couplé à leur caractère intermittent, nécessite d’assurer la stabilité du réseau, ce qui nécessite des ajustements apportés par diverses technologies de stockage, peut-être assez coûteuses ».

Vers l’opérationnalisation de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité

Le policy paper note, d’autre part, que des limitations supplémentaires au développement des énergies renouvelables au Maroc peuvent être surmontées en améliorant les cadres institutionnels et réglementaires.

Il indique, à ce titre, que « certains facteurs sont susceptibles de jouer un rôle important, tels que l’achèvement de la libéralisation du marché de la production d’électricité renouvelable, l’opérationnalisation rapide de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité, qui est en cours, tout en assurant une coordination efficace entre les différents acteurs du secteur de l’énergie afin de garantir un suivi rigoureux de la mise en oeuvre de la transition ».

De plus, la transition énergétique devra dépasser le secteur de l’électricité pour englober d’autres pans de l’économie. A ce sujet, l’analyse de l’IPSI estime que des dépenses publiques importantes et efficaces seront nécessaires pour soutenir les mesures financières de décarbonation de l’économie marocaine.

« Avant tout, la transition énergétique doit s’appuyer sur le socio-économique afin de ne laisser personne de côté. En ce sens, le Maroc doit intégrer l’aspect d’équité sociale dans sa transition en termes d’emplois, d’accès, d’actifs bloqués, etc. », suggère-t-on.

La voie à suivre

Ainsi, fort de ses acquis en matière de transition énergétique, ladite analyse admet que le Maroc est bel et bien déterminé à donner un nouvel élan à cette dernière et jouer ainsi un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique en Afrique. La preuve : le pays a donc soumis sa contribution déterminée au niveau national (CDN) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en juin 2021. Dans sa nouvelle CDN, le pays a augmenté ses objectifs de réduction des émissions à 45,5% d’ici à 2030.

Par conséquent, une transition énergétique rapide a le potentiel de faire du Maroc un pays de référence dans la production d’énergie décarbonée, élargissant ainsi ses opportunités d’exportation vers des marchés voisins prometteurs.

Le policy paper conclut également que les nouvelles technologies propres ont montré un grand potentiel ces dernières années, notamment l’hydrogène vert, dans lequel le Maroc ambitionne de devenir un leader mondial de la production.

« Alors que des perspectives encourageantes existent au Maroc et que des feuilles de route ambitieuses sont en cours d’élaboration, des contraintes techniques (conversion, transport, stockage, perte de valeur écologique) doivent être surmontées avant que le Maroc ne puisse exporter de l’hydrogène vert », recommande-t-on.


A. CHANNAJE


L’arrêt du GME, une opportunité pour le Maroc
 
L’arrêt du Gazoduc Maghreb-Europe (GME) a constitué une opportunité pour opérer une révision globale de la feuille de route relative au gaz naturel, considéré comme un produit essentiel pour développer les énergies renouvelables, réaliser le développement industriel et du secteur de la logistique au Maroc. C’est ce qu’a déclaré, dernièrement au Parlement, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable.

Plus de 80% de la demande en énergie électrique ont été couverts, depuis novembre 2021, par le charbon, le fioul, le diesel et les importations de l’électricité des pays voisins et certains projets photovoltaïques, a-t-elle noté, précisant que l’accès au marché du gaz naturel international permettra l’accélération du développement des énergies renouvelables et la promotion d’une industrie et de services logistiques sobres en carbone.