Après le choc d’incertitude mondial au printemps 2025, en raison des annonces des Etats-Unis sur les droits de douane, les prévisions de croissance pour la région ont été revues à la hausse (2,8% en 2025, et 3,3% en 2026, contre 2,3% en 2024). Une fois n’est pas coutume, si chez les pays exportateurs de pétrole on s'attend à un ralentissement significatif, ce sont les pays importateurs qui devraient voir leur situation s’améliorer. Au rang desquels le Maroc, «lueur d’espoir avec une prévision de croissance pour 2025 qui a augmenté de 1,1% depuis avril et s'établit à 4,4%».
Dans le Royaume, la reprise amorcée au second semestre 2024 s’est nettement accélérée au premier trimestre 2025, portée par un rebond simultané de l’agriculture, du tourisme et de la construction. L’investissement s’impose lui aussi comme un moteur clé de la croissance, stimulé à la fois par l’effort public et l’arrivée accrue d’investissements directs étrangers (IDE). Une dynamique largement nourrie par les préparatifs de deux grands rendez-vous footballistiques : la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030.
Dans le Royaume, la reprise amorcée au second semestre 2024 s’est nettement accélérée au premier trimestre 2025, portée par un rebond simultané de l’agriculture, du tourisme et de la construction. L’investissement s’impose lui aussi comme un moteur clé de la croissance, stimulé à la fois par l’effort public et l’arrivée accrue d’investissements directs étrangers (IDE). Une dynamique largement nourrie par les préparatifs de deux grands rendez-vous footballistiques : la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du Monde 2030.
Potentiel inexploité, normes sociales pointées
Des annonces encourageantes, en dessous de leur potentiel si l’on en croit le rapport. La région MENAAP présente tout simplement le taux d’activité économique des femmes le plus faible au monde, plus faible que les autres pays aux revenus comparables. Economiste en chef de la Banque Mondiale pour cette région, Roberta Gatti pose les pieds dans le plat : «Seule une femme sur cinq participe au marché du travail, il y a énormément à gagner en les faisant davantage participer».
Les choses vont-elles en s’amélirant ? Le taux d’activité économique des femmes a diminué en Egypte et au Maroc en ce 21ème siècle. Dans le Royaume, alors que le nombre de femmes instruites est en augmentation, leur accès au marché du travail s’est réduit : c’est un vivier de femmes qualifiées qui ne profite pas à l’économie productive. En cause, des normes sociales plus restrictives qu’ailleurs. Au Maroc et en Égypte, plus de 80% des personnes interrogées estiment que, pour subvenir aux besoins financiers de leur famille, les hommes devraient être seuls responsables.
Transport et garde d’enfants
Deux domaines illustrent bien le chemin restant à parcourir. Selon le rapport, «La peur du harcèlement semble influer sur la décision des femmes de travailler et de participer au marché du travail». Dans le baromètre arabe 2019, 55% des Marocaines interrogées ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics. Nul doute que les comportements dans l’espace public jouent un rôle dans l’insertion économique des individus. Les attentes de la communauté également.
Au Maroc, 81% des personnes interrogées approuvent le travail des femmes, à condition qu’aucune question relative à la garde des enfants ne soit mentionnée. S’il y a des enfants de moins de trois ans, elles ne sont plus que 21% à approuver le travail des femmes. Dans la même logique, seul un tiers des Marocains interrogés estiment qu'il est socialement acceptable pour les femmes de travailler si les enfants sont confiés à des parents. Et selon les données du Baromètre arabe (2023-2024), 18% des Marocains trouvent les services formels de garde d'enfants socialement inacceptables.
Changement de mentalité
Une perception erronée des attentes communautaires peut également freiner l’entrée des femmes sur le marché du travail. Au Maroc, explique le rapport, les croyances personnelles sont plus favorables au travail féminin que ce que les individus pensent de leur communauté, ce qui crée un «piège social» paralysant et rend les réformes plus difficiles à faire accepter et à appliquer.
Pourtant, selon les données de l'Enquête mondiale sur les valeurs entre 2001 et 2021, des changements d'attitude importants ont été observés au Maroc : les Marocains seraient de moins en moins d'accord avec l'idée que les hommes sont les principaux soutiens de famille (diminution de 35,5% chez les femmes et de 26,6% chez les hommes). Au Maroc, les jeunes générations en particulier auraient une vision moins traditionnelle de l'accès des femmes au marché du travail et à l'égard de l'égalité des sexes. L’avenir leur appartient ?
David LEDOARÉ
Trois questions à Hlima Razkaoui : « Il est crucial d’agir très tôt, en offrant aux femmes des perspectives économiques et sociales »
- D’après le rapport, le Maroc aurait le cadre juridique le plus favorable de la région à la participation économique des femmes. Partagez-vous ce constat ?
La structuration d’un cadre légal favorable à l’insertion socio-économique des femmes et des jeunes va dans la bonne direction. Il reste des angles morts, par exemple la voix des femmes rurales demeure largement absente des consultations, par manque de structuration et en raison des barrières de genre. Nous travaillons avec elles pour faire émerger des voix en mesure de dialoguer directement avec les instances décisionnelles. Ces initiatives s’appuient sur des femmes ayant participé à des programmes de développement et traversé des situations de crise, elles ont développé un réel leadership. Et il y en a besoin ! Je rappelle que plus de 40% des femmes sont analphabètes, un frein majeur à l’autonomisation économique. Et en milieu rural, la majorité des activités féminines sont liées au secteur agricole, il faut donc tenir compte des défis du changement climatique et de la raréfaction de l’eau pour permettre aux femmes d’adopter des pratiques de résilience.
- Selon le rapport, à l’échelle individuelle 81% des questionnés pensent qu’il n’y a pas de problème à ce qu’une femme travaille en dehors de son foyer, mais 56% estiment que la communauté ne l’acceptera pas. Comment expliquez-vous cet écart ?
Notre expérience nous montre qu’il existe un véritable malentendu social. Lorsqu’on engage le dialogue avec les hommes par exemple, et qu’on déconstruit les stéréotypes de genre, on réalise que les résistances ne relèvent pas tant de croyances profondes que de schémas sociaux ancrés, des comportements dictés par la peur du regard de la communauté plutôt que par des convictions personnelles. Beaucoup d’hommes souhaitent voir leurs filles poursuivre des études universitaires, mais ils se sentent rattrapés par les normes sociales locales. Il est crucial d’agir au niveau communautaire car dès qu’un homme ose faire différemment, il peut devenir un modèle et un déclencheur de transformation. On le voit sur le terrain, des hommes qui mettaient des barrières peuvent devenir des agents facilitateurs du changement. L’enjeu est de les impliquer pleinement, sans créer deux mondes séparés.
- Quelles sont vos attentes de la prochaine Moudawana ?
Nous œuvrons avant tout pour qu’elle réponde aux attentes et réalités des femmes marginalisées en milieu rural. Il faut les ramener autour de la table des discussions. Elles commencent déjà à se mobiliser et à faire des propositions concrètes sur des sujets essentiels : les violences basées sur le genre, l’accès à l’information ou encore les opportunités de commercialisation de leurs produits. Leur inclusion est la clé d’un développement équitable et durable. Par exemple, sur la question du mariage précoce, les programmes d’insertion économique intègrent de plus en plus de jeunes femmes en décrochage scolaire, car elles sont plus exposées. Il est crucial d’agir très tôt, en leur offrant des perspectives économiques et sociales.
Nota Bene : Augmenter la participation des femmes à la population active ?
Ces dernières décennies, le nombre de jeunes entrant dans la population en âge de travailler a largement dépassé celui de ceux en sortant, créant une population active jeune et en forte croissance. Selon les estimations récentes de l’ONU, la région compte environ 510 millions de personnes âgées de 15 à 64 ans. Cela représente un potentiel important de croissance économique, à condition que les économies puissent créer suffisamment d’emplois pour absorber cet afflux. Aujourd’hui, les nouveaux entrants nets se stabilisent autour de 10 millions par an, un niveau élevé qui devrait se maintenir sur la prochaine décennie avant un ralentissement progressif. Parallèlement, la part des personnes âgées dans la population devrait presque doubler, passant de 5,1 % à 9,5 % d’ici 2050. Le Maroc, à l’instar de l’Iran et de la Tunisie, est en avance dans cette transition démographique. La baisse de la fécondité amorcée à la fin des années 1990 et le ralentissement de la croissance de la population active signifient que le pays pourrait voir cette croissance devenir négative dès la prochaine décennie. Dans ce contexte, augmenter la participation des femmes à la population active devient un levier crucial pour soutenir l’économie, compenser le ralentissement de la croissance démographique et exploiter pleinement le potentiel du capital humain disponible.
Conjoncture : Contexte économique délicat
Selon les dernières Perspectives économiques mondiales, la croissance mondiale en 2025 est prévue à 2,3 %, contre 2,8 % en 2024. Si cette prévision se confirme, il s’agirait du rythme de croissance le plus faible en dehors d’une récession mondiale depuis 2008 (Banque mondiale, 2025a).
Cependant, les prévisions pour 2025 se sont récemment améliorées après une baisse entre avril et juin, grâce à une activité commerciale plus soutenue que prévu au premier trimestre 2025, des hausses tarifaires moins importantes que redoutées, un assouplissement des conditions financières mondiales et des mesures de relance budgétaire dans certaines grandes économies.
Malgré cette amélioration, l’incertitude politique, principalement liée aux politiques commerciales, persiste, bien qu’à un niveau inférieur à celui d’avril. Les marchés pétroliers restent cruciaux, en particulier pour la région MENAAP. Le prix du Brent devrait se situer en moyenne autour de 69 $/baril en 2025, contre 80 $ en 2024. Les prix ont chuté fortement en avril en raison d’une demande plus faible, des tensions commerciales et de l’ajustement de la production par l’OPEP+. Après un pic en juin, ils se sont stabilisés, mais des inquiétudes stratégiques demeurent autour du détroit d’Hormuz, avec un trafic maritime en baisse de 11 % en juillet et de 5 % en août sur un an. Les contrats à terme indiquent que les prix resteront proches des niveaux actuels jusqu’en 2027, soutenus par une o re robuste et une croissance modérée de la demande.
Les prix du gaz naturel devraient également rester relativement stables, avec de nouvelles capacités prévues sur le marché européen à moyen terme.
Cependant, les prévisions pour 2025 se sont récemment améliorées après une baisse entre avril et juin, grâce à une activité commerciale plus soutenue que prévu au premier trimestre 2025, des hausses tarifaires moins importantes que redoutées, un assouplissement des conditions financières mondiales et des mesures de relance budgétaire dans certaines grandes économies.
Malgré cette amélioration, l’incertitude politique, principalement liée aux politiques commerciales, persiste, bien qu’à un niveau inférieur à celui d’avril. Les marchés pétroliers restent cruciaux, en particulier pour la région MENAAP. Le prix du Brent devrait se situer en moyenne autour de 69 $/baril en 2025, contre 80 $ en 2024. Les prix ont chuté fortement en avril en raison d’une demande plus faible, des tensions commerciales et de l’ajustement de la production par l’OPEP+. Après un pic en juin, ils se sont stabilisés, mais des inquiétudes stratégiques demeurent autour du détroit d’Hormuz, avec un trafic maritime en baisse de 11 % en juillet et de 5 % en août sur un an. Les contrats à terme indiquent que les prix resteront proches des niveaux actuels jusqu’en 2027, soutenus par une o re robuste et une croissance modérée de la demande.
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