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Culture

El Mehdi El Kourti s’exprime sur le soutien au Livre

Entretien


Rédigé par Abdallah BENSMAÏN le Mercredi 7 Octobre 2020



El Mehdi El Kourti s’exprime sur le soutien au Livre
Auteur avant d’être éditeur, El Mehdi El Kourti répond à nos questions sur la distribution
des subventions à l’édition dans ses différents aspects.

- Le ministère de la Culture vient de rendre public la liste des bénéficiaires du soutien exceptionnel à l’édition et au livre au titre de l’année 2020. Quelles conclusions en tirez-vous au vu des secteurs aidés (édition, librairie, promotion, auteur) ?
- Un soutien, c’est toujours ça de pris. Et eu égard à la situation sanitaire et ses répercussions, c’est largement préférable à une certaine inertie. Ce programme de soutien est salutaire de par la diversité des bénéficiaires. Il répond de ce fait à l’un de ses objectifs : la promotion du livre, de la lecture et l’accompagnement des différents acteurs dans le domaine. Ce qui me semble intéressant à faire maintenant, c’est de transformer le caractère exceptionnel de ce coup de pouce en une aide pérenne. Surtout pour les maisons d’édition nouvellement créées.

- A lire les chiffres, les montants paraissent d’une certaine modicité. L’achat de 142 exemplaires contribue-t-il à réduire le seuil de rentabilité de la publication d’un ouvrage ? Jusqu’à quel point et quelle est la moyenne de tirage de l’édition locale ?
- Dans notre cas, c’est seulement 100 exemplaires pour chaque livre publié chez nous. Et je pense que vous vous en doutez déjà, c’est une goutte d’eau dans un océan. Il faut avoir à l’esprit que cette subvention est accordée pour des livres qui n’ont bénéficié d’aucune aide au préalable. Au Maroc, un livre est tiré généralement à 1000 exemplaires, voire 2000 dans des cas bien particuliers. Cela ne peut rentabiliser le processus d’édition.

- Le ministère a annoncé des subventions pour les Salons internationaux du livre. Apparemment, cette enveloppe ne sera pas distribuée, les frontières aériennes étant fermées. Seriez-vous pour la redistribution de cette enveloppe entre des éditeurs comme Aquila, Onze Editions, Orion, par exemple, pour les aider à se développer ?
- En tout cas pour la foire du Livre de Francfort à laquelle nous comptions participer, ce n’est pas possible. D’autant plus que ce Salon risque ne pas être maintenu en cas d’une recrudescence de cas en Allemagne. L’enveloppe qui a été allouée à cette opération se doit d’être remise aux éditeurs concernés, encore plus à de jeunes maisons d’édition comme ORION, Onze Editions ou AQUILA. Le budget est là, autant l’utiliser à bon escient. Ce n’est certes pas grand-chose, mais il saura être exploité pour combler un peu plus le déficit engendré par l’impression d’un livre. Nous avons un manque flagrant d’éditeurs, sans l’once d’un doute. Aider les nouvelles structures sérieuses et rigoureuses colmatera cette brèche, encore une fois sans l’once d’un doute.

- Une dernière question au promoteur dans l’édition : peut-on imaginer la création de champions nationaux dans le domaine de l’édition et réserver les subventions aux nouveaux éditeurs, porteurs de projets innovants ?
La réponse à votre question coule de source. Elle est d’une telle évidence que je ne comprends pas pourquoi elle n’est pas dans l’ordre des priorités du ministère. Nous ne pouvons traiter de la même manière une maison d’édition nouvellement créée, encore balbutiante, et une autre avec plus de 25 ans de vécu, supposée être parvenue à un état d’indépendance. Une bonne partie des subventions doit être destinée aux porteurs de projets sérieux et innovants. C’est le seul moyen pour que ces structures éditoriales parviennent à s’installer durablement. L’idéal est de parvenir à créer des structures autonomes et non tributaires des subventions du ministère de la Culture, comme c’est le cas de toutes les maisons d’édition actuellement.
 
Propos recueillis
par A. Bensmain







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