Ces paroles de bon sens de Balzac : « Quand tout le monde est bossu, la belle taille devient la monstruosité » ou encore, du même Balzac : « S’il existait un journal des bossus, il prouverait soir et matin la beauté, la bonté, la nécessité des bossus », résume bien l’essence du débat sur l’inutilité des comités de lecture en édition et les vertus de l’autoédition, un débat, il convient de le souligner, initié et mené, souvent, par des auteurs qui publient leurs oeuvres à compte d’auteur.
Ces débats, sans arguments ni prise sur la réalité, pullulent sur les réseaux sociaux, Facebook en étant le champion toute catégorie !
L’absurdité de l’approche consistant à mener le combat contre les comités de lecture dans l’édition, ressemble à celui qui consisterait à prôner la disparition du contrôle qualité dans l’agro-industrie : le consommerait pourrait alors avaler n’importe quoi, au détriment de sa santé et risquer même, à la limite, sa vie ! L’Onssa est là pour en témoigner durant le mois de ramadan... et le reste de l’année.
Pour justifier le bien-fondé du compte d’auteur qui se suffit de l’avis de l’auteur lui-même, les tenants de cette thèse rappellent, à juste titre, certes, que Proust a fait du compte d’auteur et des manuscrits de grands auteurs, connus et reconnus, furent refusés par des éditeurs ayant pignon sur rue… l’argument est facile à démonter : faire comme Proust, c’est à dire s’éditer à compte d’auteur, ce n’est pas «être» Proust.
Il y a quelques années, une dizaine de pages du «Palace» du Nobel de littérature de 1985, Claude Simon, furent envoyées à une vingtaine d’éditeurs à des fins de publication du texte complet : 12 éditeurs auraient dit non, 7 n’auraient même pas répondu à la sollicitation. Ce qui n’est pas une raison suffisante pour condamner l’édition professionnelle qui, au-delà de la qualité littéraire des ouvrages, fait jouer de nombreux autres critères dont la charte éditoriale et la dimension commerciale ne sont pas des moindres.
Qui t’a fait écrivain ?
Défendre le compte d’auteur est une hérésie dans une logique de marché du livre. Outre qu’il n’offre pas de «garanties» sur la qualité littéraire des écrivains autoproclamés, il se condamne à une diffusion confidentielle, car il ne bénéficie pas des circuits de distribution et de vente du livre : distributeurs, libraires. L’avenir d’un livre publié ne devrait pas être le pilon, à tout le moins, la distribution dans les cercles familiaux et amis, mais le circuit professionnel des points de vente, qui est une « forme » de validation de la qualité d’un ouvrage, après celle des comités de lecture. Hassan II aurait dit « Il ne faut pas perdre son temps à avancer des arguments de bonne foi face à des gens de mauvaise foi » devant qui la raison est un fétu de paille pour résister au souffle puissant de l’égo des auteurs autoproclamés.
Sur le modèle de l’expression « Qui t’a fait roi ? », on peut poser la question à l’écrivain autoproclamé : « Qui t’a fait écrivain? ». Le compte d’auteur étant un pis-aller et, parfois, sinon toujours une affaire d’égo, demander la suppression des comités de lecture dont cette catégorie d’auteurs se passe bien, relève du non-débat et traduit une certaine frustration de l’esprit même du compte d’auteur… qui veut se donner le même statut qu’un auteur dont l’oeuvre est passé au « contrôle de qualité », celui des comités de lecture. Se faire reconnaître comme auteur est à ce prix que les auteurs à compte d’auteur se refusent de payer ! Si avec des «lecteurs professionnels», des erreurs persistent dans un livre, que dire alors des livres qui ne sont passés au tamis d’un comité de lecture » ? Au-delà de la reconnaissance, c’est une forte «tentation d’exister», même, qui s’exprime avec le compte d’auteur, perdant de vue que l’impatience d’être publiés de ces auteurs risque de porter un coup sévère à leur rêve, précisément d’être reconnu comme auteur.
Sortir un livre sans le minima requis des circuits de l’édition ne fait pas nécessairement «exister». Tahar Ben Jelloun serait-il le Tahar Ben Jelloun que nous connaissons, sans Maspero et Le Seuil, hier, Gallimard aujourd’hui, sans un puissant circuit de distribution ?
Ces débats, sans arguments ni prise sur la réalité, pullulent sur les réseaux sociaux, Facebook en étant le champion toute catégorie !
L’absurdité de l’approche consistant à mener le combat contre les comités de lecture dans l’édition, ressemble à celui qui consisterait à prôner la disparition du contrôle qualité dans l’agro-industrie : le consommerait pourrait alors avaler n’importe quoi, au détriment de sa santé et risquer même, à la limite, sa vie ! L’Onssa est là pour en témoigner durant le mois de ramadan... et le reste de l’année.
Pour justifier le bien-fondé du compte d’auteur qui se suffit de l’avis de l’auteur lui-même, les tenants de cette thèse rappellent, à juste titre, certes, que Proust a fait du compte d’auteur et des manuscrits de grands auteurs, connus et reconnus, furent refusés par des éditeurs ayant pignon sur rue… l’argument est facile à démonter : faire comme Proust, c’est à dire s’éditer à compte d’auteur, ce n’est pas «être» Proust.
Il y a quelques années, une dizaine de pages du «Palace» du Nobel de littérature de 1985, Claude Simon, furent envoyées à une vingtaine d’éditeurs à des fins de publication du texte complet : 12 éditeurs auraient dit non, 7 n’auraient même pas répondu à la sollicitation. Ce qui n’est pas une raison suffisante pour condamner l’édition professionnelle qui, au-delà de la qualité littéraire des ouvrages, fait jouer de nombreux autres critères dont la charte éditoriale et la dimension commerciale ne sont pas des moindres.
Qui t’a fait écrivain ?
Défendre le compte d’auteur est une hérésie dans une logique de marché du livre. Outre qu’il n’offre pas de «garanties» sur la qualité littéraire des écrivains autoproclamés, il se condamne à une diffusion confidentielle, car il ne bénéficie pas des circuits de distribution et de vente du livre : distributeurs, libraires. L’avenir d’un livre publié ne devrait pas être le pilon, à tout le moins, la distribution dans les cercles familiaux et amis, mais le circuit professionnel des points de vente, qui est une « forme » de validation de la qualité d’un ouvrage, après celle des comités de lecture. Hassan II aurait dit « Il ne faut pas perdre son temps à avancer des arguments de bonne foi face à des gens de mauvaise foi » devant qui la raison est un fétu de paille pour résister au souffle puissant de l’égo des auteurs autoproclamés.
Sur le modèle de l’expression « Qui t’a fait roi ? », on peut poser la question à l’écrivain autoproclamé : « Qui t’a fait écrivain? ». Le compte d’auteur étant un pis-aller et, parfois, sinon toujours une affaire d’égo, demander la suppression des comités de lecture dont cette catégorie d’auteurs se passe bien, relève du non-débat et traduit une certaine frustration de l’esprit même du compte d’auteur… qui veut se donner le même statut qu’un auteur dont l’oeuvre est passé au « contrôle de qualité », celui des comités de lecture. Se faire reconnaître comme auteur est à ce prix que les auteurs à compte d’auteur se refusent de payer ! Si avec des «lecteurs professionnels», des erreurs persistent dans un livre, que dire alors des livres qui ne sont passés au tamis d’un comité de lecture » ? Au-delà de la reconnaissance, c’est une forte «tentation d’exister», même, qui s’exprime avec le compte d’auteur, perdant de vue que l’impatience d’être publiés de ces auteurs risque de porter un coup sévère à leur rêve, précisément d’être reconnu comme auteur.
Sortir un livre sans le minima requis des circuits de l’édition ne fait pas nécessairement «exister». Tahar Ben Jelloun serait-il le Tahar Ben Jelloun que nous connaissons, sans Maspero et Le Seuil, hier, Gallimard aujourd’hui, sans un puissant circuit de distribution ?
Abdallah BENSMAÏN