L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Eau potable : Sensibilisation accrue pour la rationalisation de la consommation


Rédigé par Houda BELABD Dimanche 27 Novembre 2022

Ce samedi, le siège du Parti de l’Istiqlal à Rabat a abrité une rencontre intitulée «L’eau, source de la vie », organisée par la Ligue marocaine pour l’éducation de base et la lutte contre l’analphabétisme.



Eau potable : Sensibilisation accrue pour la rationalisation de la consommation
C’est un secret de polichinelle que l’eau devient de plus en plus rare au Maroc. En effet, les Nations Unies classent le pays en situation de stress hydrique. Ce constat est étayé par une quantité annuelle d’à peine 500 mètres cubes d’eau douce par habitant. Le plus effarant est que ce volume était 5 fois supérieur dans les années 1960. De son côté, la Banque Mondiale se réfère à une situation de « stress hydrique structurel ».

Les hydrologues, quant à eux, évaluent qu’une cinquantaine de villes sont aujourd’hui sous la menace de la soif pour ne pas dire de la déshydratation, et que le monde rural et le Sud du pays sont tout particulièrement exposés au pire.

Ainsi, tout prête à déduire qu’à cette cadence, en 2050, le Maroc pourrait subir une perte de plus de 80% de ses réserves d’eau douce, cette denrée vitale. Le sachant avec acuité, les membres de la Ligue marocaine pour l’éducation de base et la lutte contre l’analphabétisme se sont, une fois de plus, rassemblés au siège du Parti de l’Istiqlal à Rabat pour rappeler l’importance de redoubler d’efforts pour sensibiliser à la rationalisation de ce précieux liquide. «Cette prise de conscience doit englober tous les publics possibles », lance d’emblée le Secrétaire général de la Ligue et enseignant en cycle supérieur, Lahcen Madi, car «l’heure n’est plus à la réflexion mais à l’action ».

Toujours selon ses propos au ton circonspect, «cette pénurie et cet état des faits sont susceptibles d’aller de mal en pis si les gaspilleurs ne décident pas de rompre avec leur laxisme dans l’optique d’adopter de bonnes pratiques. Des pratiques allant de l’autodiscipline, en utilisant l’eau exclusivement pour les besoins vitaux, à la sensibilisation de leur entourage ».

Ce scénario macabre qui guette le Royaume, selon les connaisseurs, pourrait être évité de justesse ou, à la rigueur, réduit à minima si le corps éducatif national décide de s’attarder davantage sur la question. «Avec des acteurs associatifs originaires de Salé, nous avons écrit et commencé la représentation de quelques pièces de théâtre sur la thématique de la pénurie de l’eau et de faire une tournée dans les écoles primaires, collégiales et secondaires de la ville. De plus, nous espérons que les autres membres de la ligue puissent reproduire cette expérience dans d’autres villes du Royaume », fait savoir une militante éducative et culturelle de Salé.

Cette rencontre n’a pas tardé à se transformer en une séance de brainstorming pure et simple. Ainsi, pendant deux heures, des représentants de toutes les villes du Royaume ont exposé des projets de campagnes pédagogiques, cinématographiques, théâtrales et même de storyboarding de bandes dessinées destinées aux tout-petits.

«Il y a quelques mois, j’étais dans le tramway à Rabat. Un jeune homme s’est levé et a tenu un discours digne d’un sage. Il s’est adressé à tous les usagers, grâce à sa voix qui porte à souhait, en leur rappelant que nous vivons une crise hydrique alarmante et que tous les citoyens devront revoir leur façon d’utiliser cette ressource si précieuse. Il a expliqué, avec un langage intelligible, que chaque verre, seau, litre d’eau que nous perdons est un geste nocif pour nos familles, quartiers, villes, voire pour tout le pays et que chaque goutte d’eau douce économisée ne peut qu’être saine et salutaire pour tous. Malgré l’aspect peu ordinaire de cette initiative, très peu de personnes semblent l’avoir pris pour un fou. Il nous a tous émus et nous l’avons même remercié pour son geste eco-friendly », raconte un membre de Salé.

Ce qu’en dit la loi

Au Maroc, l’eau est un bien public, elle appartient à toute la communauté nationale. Ce principe de la domanialité publique de l’eau a été confirmé par la loi 10-95 sur l’Eau, adoptée à l’unanimité par la Chambre des Représentants et publiée au Bulletin Officiel le 20 septembre 1995. En matière de droit administratif, sa gestion incombe directement aux collectivités locales et autres Conseils des villes.

Désormais, les temps sont aux mesures draconiennes, aux amendes et aux peines d’emprisonnement. Preuve en est la récente traque aux dilapidateurs d’eau, une opération engagée dans plusieurs villes marocaines par les autorités locales pour contrer le mauvais usage du liquide vital.

À Rabat, plusieurs garages de lavage de voitures qui recouraient de manière excessive à l’eau potable dans le cadre de leurs activités ont dû, cet été, cesser leurs travaux pour cause de gaspillage. Idem dans la ville avoisinante de Salé, où une série de commerces qui s’adonnaient à la pratique du gaspillage ont été soumis à un examen de leurs factures d’eau et de courant. Seules les entreprises consommant de l’eau de puits ont pu filer entre les doigts des autorités.

 


Une pénurie endémique

Il est peu étonnant de dire que presque tout le continent africain est impacté par la pénurie d’eau, de près ou de loin. Les populations qui subissent un impact direct n’ont pas d’accès quotidien à l’eau et sont amenées à parcourir de longues distances pour fournir de l’eau à leurs foyers et à leurs entreprises. La pénurie d’eau est un phénomène de plus en plus répandu dans ce continent du globe.

Ainsi, pour certains habitants, il ne suffit pas d’ouvrir un robinet ou de déclencher un système de rinçage pour avoir accès à l’eau. La rareté de l’eau est en outre un facteur majeur de conflit, et les zones sous pression sont de plus en plus souvent le théâtre de violences liées à l’eau. Les collectivités entourant le lac Tchad, notamment, ont été confrontées à des violences entre les utilisateurs d’eau et ceux qui ne souhaitent pas faire de compromis.

La plupart des pays d’Afrique subsaharienne comptent sur l’agriculture, qui fournit la base des revenus de près de la moitié des citoyens du continent. Les États africains comptent également sur une agriculture florissante pour préserver et faire progresser leur produit intérieur brut (PIB) et conserver la sécurité alimentaire de leur population. Alors que les sécheresses sont devenues la normalité dans la région ces dernières années, les économies sont plus vulnérables à l’instabilité et l’insécurité sanitaire s’est accrue.
 








🔴 Top News