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Droits des femmes : Leadership féminin et réformes juridiques sous la loupe du PCNS


Rédigé par Kawtar CHAAT Vendredi 20 Mai 2022

Après deux décennies de réformes, le Maroc réalise des avancées en matière de droits des femmes. C’est ce qui ressort d’un rapport consacré par le groupe de réflexion marocain Policy Center for the New South (PCNS) au leadership des femmes au Maroc.



Droits des femmes : Leadership féminin et réformes juridiques sous la loupe du PCNS
Le rapport rédigé par 16 auteurs - dont 10 femmes - et dirigé par la Senior Fellow Nouzha Chekrouni, ancienne ministre déléguée auprès des Affaires étrangères et de la Coopération chargée des Marocains résidant à l’étranger et ancienne ambassadrice du Maroc au Canada, met en avant le long chemin parcouru depuis l’Indépendance. Que ce soit au niveau juridique, politique ou socio-économique, les réformes touchant au statut de la femme ont tantôt été timides, tantôt substantielles, indique le rapport, soulignant que ces réformes sont « parmi les plus avancées des pays arabes ».

Le rapport a également souligné la difficulté de mettre en pratique la Constitution de 2011, qui consacre le principe de parité et d’égalité. Il en précise clairement la raison : la difficulté réside dans « l’ambivalence des politiques publiques ayant tendance à privilégier l’approche et les actions de type compassionnel à l’égard des femmes en tant que catégorie vulnérable à laquelle il faut apporter aide et assistance ».

Cependant, il souligne également la matrice complexe des facteurs impliqués pour s’assurer que les réformes sont mises en oeuvre et qu’elles conduisent au changement social. Il s’agit notamment de favoriser la participation et le leadership des femmes, adopter des approches multipartites et multisectorielles, alignement sur les normes internationales/ régionales et les mécanismes d’examen.

Outre le manque continu de femmes aux postes de pouvoir, l’une des luttes qui sous-tend toutes les batailles politiques et juridiques pour améliorer le statut de la femme est « le maintien de l’obligation légale faite à l’époux de subvenir aux besoins de l’épouse et la non-reconnaissance du travail domestique et de soins effectués par les femmes », qui continuent d’entraver les progrès sur des questions allant de la rémunération à l’aide humanitaire en passant par la discrimination sous toutes ses formes.

Accès des femmes à la Fonction publique : une refonte réussie

Si le manque de femmes aux postes de direction continue d’alimenter les débats sur le statut de la femme marocaine, qui, d’après le « Cahier d’études sur la représentation des femmes » publié en janvier 2021, occupe seulement à 2% le poste de « Présidente Directrice Générale » à la tête des entreprises marocaines, le secteur public réalise des résultats remarquables en matière de représentativité des femmes fonctionnaires. Poussées par une forte volonté politique, les réformes se sont succédé pendant 20 ans, donnant des résultats dans le secteur public.

Alors que les taux de scolarisation des filles augmentent, les femmes représentent désormais plus d’un tiers des effectifs de la Fonction publique, et occupent des postes dans de hautes sphères, précise le document. Le fait que les femmes constituent, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), plus de la moitié (50,3%) de la population totale du pays, fait de leur habilitation à participer activement à toutes les initiatives de développement dans le pays une circonstance impérieuse.

Par conséquent, ce document appelle le gouvernement à s’engager fermement à autonomiser les femmes et à utiliser tous les potentiels du pays pour favoriser le développement durable.

Plus de femmes leaders pour des politiques plus inclusives

En effet, les réformes réussies ne concernent pas seulement les capacités techniques et les connaissances. L’amélioration de l’efficacité du secteur public est fondamentalement politique et façonnée par le règlement politique. Les réformes doivent faire face à des contextes politiques et sociaux complexes, notamment la corruption et l’emprise politique.

Dans ce sens, le PCNS affirme que plus de femmes en politique conduit à des décisions et des politiques publiques plus inclusives et peut changer l’image que les gens ont de ce à quoi ressemble un leader. La représentation des femmes dans la prise de décision politique continue d’augmenter, avec des améliorations qui se sont concrétisées avec le nouveau gouvernement.

Comme le rappelle le think tank marocain, le Maroc compte 7 femmes ministres sur 24, soit 30% depuis 2021, contre seulement 4 dans le gouvernement précédent. On sait très peu de choses en dehors des frontières du Royaume, mais au Maroc, trois des plus grandes villes - Rabat, Casablanca et Marrakech - sont dirigées par des femmes.

De plus, le nombre de femmes au Parlement a considérablement augmenté, passant entre 2011 et 2021 de 67 à 96 représentantes sur un total de 395 sièges - soit 24% des représentants du peuple actuels -, plaçant le Maroc au 98ème rang mondial sur 187 au classement de l’Union interparlementaire (UIP).

Résistance sociétale au changement

Le rapport évoque également les résistances sociétales liées « à des interprétations passéistes ». D’où la difficulté d’appliquer l’article 49 de la Moudawana sur la séparation des biens lors du divorce. La résistance fait partie de tout processus de changement qui s’adresse dans un premier lieu aux agents de changement au sein d’une organisation qui doivent ainsi anticiper les résistances pour les gérer.

Le document s’interroge ainsi dans un chapitre intitulé « Quelle est la place du leadership féminin dans une société régie par les codes masculins ?, sur l’origine de la perte de pouvoir des femmes, affirmant qu’elle est liée à la croyance et à la pratique du patriarcat qui subjugue les femmes à différents niveaux : politique, économique, social et culturel.

Il s’agit, selon le Policy Center, d’un paradoxe marocain, où la majorité des jeunes femmes sont inscrites dans les Universités du pays, mais le taux de participation au marché du travail est en baisse. « Le taux de féminisation des actifs occupés en 2020 est de 21,5%, contre 26,7% en 2010 et 27,1% en 2000 (HCP, 2021). Cela veut dire que non seulement le taux d’activité des femmes baisse d’année en année, mais que cette baisse s’accélère. Ce qui est désolant pour un pays en voie de développement qui a besoin de toutes ses forces vives pour se développer », préciset- on.

En effet, les changements fondamentaux des caractéristiques institutionnelles telles que la capacité du personnel et la culture organisationnelle, prennent des décennies. Cela pose des défis pour les espaces d’opportunités des politiques à court terme.



Kawtar CHAAT









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