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Dossier du Sahara : Zoom sur les chevilles ouvrières du Département d’Etat américain


Rédigé par Anass Machloukh Samedi 28 Octobre 2023

Le Conseil de Sécurité s’apprête à voter la prochaine résolution relative au conflit du Sahara, dont le texte a été rédigé par la diplomatie américaine, qui en est le “Pen Holder”, et transmis aux Etats membres. Un texte dont les contours sont élaborés sous l’influence des chevilles ouvrières du Département d’Etat. Victoria Nuland, Joshua Harris, Linda Thomas-Greenfield sont trois personnalités majeures dont la voix compte beaucoup au sein de l'administration Biden. Détails.



Victoria Nuland (à droite), Joshua Harris ( au centre), Linda Thomas-Greenfield (à gauche), trois personnalités majeures dont la voix compte beaucoup au sein de l'administration Biden
Victoria Nuland (à droite), Joshua Harris ( au centre), Linda Thomas-Greenfield (à gauche), trois personnalités majeures dont la voix compte beaucoup au sein de l'administration Biden
 
Quelques jours nous séparent du vote de  la prochaine résolution sur le Sahara au Conseil de Sécurité dont le projet a été transmis aux Etats-membres. Un texte jugé favorable aux intérêts du Maroc, à l'instar de celui de l’année précédente, à en croire les indiscrétions médiatiques qui ont circulé ces derniers jours. Ce texte est élaboré par la diplomatie américaine et notamment la représentation des Etats Unis auprès de l’ONU qui est, comme tout le monde le sait, le “Pen Holder”, c’est à dire la rédactrice des projets de résolutions relatives au Sahara, ce qui lui confère une capacité d’influence considérable sur l’évolution de ce dossier au niveau de l’ONU. 

Certes, l’attitude et la position américaine sur la question du Sahara dépendent de l’Administration américaine dans son ensemble, mais il serait insensé de sous-estimer le rôle du Département d’Etat dont les chevilles ouvrières dans ce dossier peuvent aiguillonner le positionnement des Etats Unis. Trois figures majeures gèrent la question du Sahara au Département d’Etat. En première ligne, on trouve la Sous-secrétaire d'État américaine pour les Affaires politiques, Victoria Nuland. Une diplomate de l’ombre, très influente, qui a l’oreille du Secrétaire d’Etat, Anthony Blinken. C’est elle qui a reçu l’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies, Staffan de Mistura, il y a une semaine, pour discuter des perspectives de relance du processus politique. Dans un poste sur Twitter, elle a employé un langage ambigu. “Nous restons engagés pour une solution digne pour les populations du Sahara”, a-t-elle écrit. 

Numéro 3 de la diplomatie américaine, Victoria Nuland a succédé, le 28 juillet 2023,  à Wendy Sherman, qui occupait ce poste depuis le 14 avril 2021. Celle-ci s’est rendue au Maroc en mars 2022 pour rassurer le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, du soutien américain à l’intégrité territoriale du Royaume et au plan d’autonomie, au moment où le doute s'installait dans l’esprit des observateurs à cause du blocage du soutien financier aux exercices militaires conjoints au Sénat. Cela était dû à l’activisme de certains sénateurs, dont des élus démocrates. 

Victoria Nuland est l’une des figures les plus connues du néoconservatisme américain, elle est, d’ailleurs, mariée à Robert Kagan, l’un des théoriciens majeurs de ce courant qui prône le bellicisme, l’interventionnisme et le hard power dans la politique étrangère américaine. Nuland est connue pour son rôle obscur dans la crise ukrainienne de 2014 et son activisme en faveur du mouvement Maïdan à Kiev. Elle a marqué les esprits par les propos triviaux qu’elle a tenus à l’égard de l’Union européenne lors d’un appel téléphonique avec l’Ambassadeur américain à Kiev, qui a fuité aux médias. Son “Fuck the EU” avait fait couler beaucoup d’encre et avait scandalisé plusieurs personnalités européennes. 

Jusqu’à présent, Victoria Nuland ne s’est pas clairement prononcée sur l’affaire du Sahara, étant très occupée actuellement par la crise au Niger qu’elle gère personnellement. 

A ses côtés, il y a le Sous-Secrétaire Joshua Harris, le “Monsieur Sahara” de l'administration Biden, comme s’amusent à le surnommer les observateurs. C’est à lui qu’incombe la région du Maghreb au Département d’Etat. Il s’est fait connaître dans les médias lorsqu’il a visité le Maroc, au début du mois de septembre, dans le cadre d'une tournée régionale qui l’a menée également en Algérie et aux camps de Tindouf. En marge de cette tournée, Harris a parlé de réalisme dans la gestion de ce dossier et n’a pas manqué de réitérer le soutien de son pays au plan d’autonomie, jugé sérieux et réaliste. 

A l’instar de Victoria Nuland, la voix de Joshua Harris compte au sein du Département d’Etat en ce qui concerne l’affaire du Sahara. N’oublions pas que c’est lui qui fut l’une des chevilles ouvrières des politiques américaines à l’égard de la région du Maghreb quand il était directeur des affaires nord-africaines au Conseil national de sécurité. 

À scruter son parcours, on voit bien que Joshua Harris est l’homme des situations difficiles étant donné qu’il a été dépêché à plusieurs reprises dans les foyers de tension dont la Lybie, la Syrie et l’Irak. De 2019 à 2021, il a fréquemment de chargé d’affaires à l’ambassade des États-Unis à Tripoli, et au bureau extérieur de la Libye à Tunis.  Il a aussi été le bras droit du président pour la coalition mondiale contre Daech en Irak et en Syrie (EIIS) et directeur pour l’Irak au Conseil de sécurité nationale.
 
Le tandem Harris-Nuland travaille en étroite coordination avec l’actuelle Ambassadrice américaine auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield. Celle-ci était surnommée “Madame Afrique” lorsqu’elle faisait office de Secrétaire d'État assistante aux Affaires africaines dans l’Administration Obama. 

Jugé moins ardent que l’Administration Trump, le team de Joe Biden continue de maintenir la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara tout en restant, pourtant, timide dans sa communication officielle. Le Département d’Etat parle souvent de processus politique et du soutien aux efforts de l’Envoyé personnel du SG de l’ONU, Staffan de Mistura.

L’administration Biden n’a toujours pas honoré certains engagements pris par Donald Trump dont le Consulat américain à Dakhla qui n’a toujours pas vu le jour. Jusqu’à présent, rien ne laisse augurer que Washington ira jusqu’au bout de sa promesse.  

La prochaine résolution du Conseil de Sécurité devrait renseigner plus sur le degré d’engagement des Etats Unis en faveur du Maroc. Mais les premières révélations sur le projet de résolution laissent présager que les Etats-Unis restent campés dans leur position actuelle. 
 








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