Développement portuaire : Tanger Med met le cap sur l’international

C’est devenu un rituel : à chaque fois qu’un grand événement est organisé au Maroc ou à Tanger, le port Tanger Med en devient une étape incontournable pour des délégations d’officiels ou de professionnels qui tiennent à le visiter et à s’en inspirer. C’est souvent le cas pour les délégations africaines, toujours impressionnées par l’immensité et la modernité de cette plateforme maritime, la première du continent, et qui traite 40% de trafic de transbordement à destination des ports africains. Tanger Med est donc un modèle que l’ensemble des pays du continent aimeraient copier. Et ces vœux sont peu à peu en train de se concrétiser. En témoigne l’implication de l’Agence Spéciale Tanger Méditerranée (TMSA) dans des projets de gestion et de développement portuaire en Afrique. Dernière en date, le mémorandum d’entente signé le 15 février dernier au Cameroun, pour le développement de la zone industrielle du Port autonome de Kribi (PAK).
 

 
Selon vous, qu’est-ce que Tanger Med peut apporter aujourd’hui aux ports africains ?
Je pense que cela va sans dire que Tanger Med est une véritable success-story, aussi bien au niveau national, que méditerranéen et sur le continent africain. Plus encore, c’est un hub qui est devenu presque incontournable dans les flux du transport maritime mondial qui passe par la Méditerranée. Cela, en raison de sa situation géographique, de même que par les performances en termes de gestion et de conduite des opérations portuaires. C’est tout ceci que Tanger Med peut apporter aux ports africains désireux de suivre son exemple. C’est une expertise et un savoir-faire qui ont permis en quelques années de placer le Maroc sur la carte mondiale du transport maritime et de la logistique.
 
Pensez-vous qu’en plus de son expertise, Tanger Med peut viser l’international par la création de filiales dédiées ?
Franchement, c’est aux hautes autorités en charge de la gestion stratégique et de direction de cette plateforme portuaire qu’il faut poser cette question. Mon avis personnel est que oui, il est possible de conforter les actions à l’international de Tanger Med via une filiale dédiée, qui viendra créer des synergies par rapport à l’expertise mondialement reconnue en termes de développement des activités portuaires et de développement de zones industrielles intégrées au port Tanger Med.

L’expérience de Tanger Med a l’international, notamment en Afrique, est-ce durable dans le temps ? 
Vous savez, TMSA est consciente que le développement des ports africains est une opportunité pour hisser le continent au rang mérité. Ainsi, le trafic mondial ne sera plus absorbé que par les autres continents. Alors, le port Tanger Med, à travers des task-forces, essaie de jouer la locomotive du développement des ports africains. Car, aujourd’hui, on sent nettement que l’Afrique peut considérablement renforcer son poids dans le domaine portuaire.

Aller chercher l’inflexion pour atteindre les 9 millions d’EVP (Équivalent vingt pieds) à l’horizon 2025/2026. Tel est la grande ambition de la plateforme portuaire marocaine, qui entend ainsi considérablement creuser l’écart avec son poursuivant direct dans le bassin méditerranéen, qui en est à moins de 5 millions de conteneurs par an. Pour les autorités du port, cela passera d’abord par réussir à « maintenir les niveaux de trafic actuel, chercher les augmentations de trafic additionnés liés à la mise en service des terminaux en cours de réalisation aujourd’hui, les deux dernières parties du Port Tanger Med 2 », déclarait le Directeur général de Tanger Med Port Authority (TMPA), Hassan Abkari, dans une récente interview accordée à la MAP.

En 2022, le port a affiché une évolution de près de 6% de l’ensemble du tonnage manutentionné, qui a frôlé les 108 millions de tonnes. De même, 6% de croissance sur le trafic conteneurisé, qui a presque atteint 7,6 millions d’EVP (Équivalent vingt pieds) ont été enregistrés. Ce qui est le résultat de l’accroissement de l’ensemble des trafics, notamment l’export et véhicules neufs qui a presque atteint les 500.000 voitures, dont environ 300.000 voitures produites par les usines de Renault au niveau de Melloussa et la Somaca à Casablanca, le reste ayant été produit par Stellantis, et à peu près 125.000 unités produites par l’usine de Peugeot au niveau de Kénitra totalement exportées via le port Tanger Med. Selon Hassan Abkari, les investissements sur les extensions du port vont se poursuivre, afin de « permettre au port d’absorber les flux de trafic additionnels qui ne manqueront pas de venir au fur et à mesure ».

C’est l’un des objectifs de Tanger Med pour l’année 2023 : augmenter sensiblement les escales vers les ports africains. En tout cas, c’est ce que déclare le Directeur général de Tanger Med Port Authority (TMPA), Hassan Abkari. « L’un des éléments essentiels pour nous c’est de continuer à renforcer cette position (…)  et de multiplier les escales vers les ports africains et de continuer à contribuer à la maîtrise des coûts logistiques globaux, aussi bien pour les produits exportés au départ de l’Afrique que ceux importés des pays africains et qui ont fait confiance à Tanger Med aujourd’hui », fait-il savoir. Selon le responsable portuaire, il s’agira aussi d’améliorer la connectivité Europe-Afrique via Tanger Med en traversant le détroit.

ctuellement, le port Tanger Med joue sa véritable position de porte d’entrée pour l’Afrique parce qu’il assure 40% de trafic de transbordements à destination de pays africains.