Au cœur de Deroua, une décharge sauvage s’étale sur plusieurs hectares de terrain. Depuis plus de trente ans, ce dépotoir informel s’amoncelle, dégradant le cadre de vie des habitants, polluant l’environnement et empoisonnant l’air, l’eau et le sol. Ce sont des milliers de mètres cubes d’ordures déversées sans contrôle, sans tri ni précaution, générant des conséquences dévastatrices sur la santé de la population.
« On ne peut plus vivre avec ce monstre en face de nos maisons », déplore Manar, 34 ans, mère de trois enfants, installée dans le quartier Al Massira, non loin de la décharge. «Chaque matin, dès que j’ouvre mes fenêtres, une odeur pestilentielle s’incruste dans toutes les chambres. Avec mes enfants, on tousse en permanence. Mon fils de 7 ans a de l’asthme, le médecin me dit que ce sont les émanations de la décharge».
Sa maison, modeste, se situe à quelques dizaines de mètres seulement des premiers monticules d’ordures. Derrière le mur de béton censé délimiter le site, le décharge prend des proportions inquiétantes. Pneus, bouteilles en plastique, décombres, restes de marchés et carcasses de chats morts… Tout s'y entasse pêle-mêle, formant de véritables collines de rebuts.
Abdelaziz, 65 ans, est né dans le quartier et a vu ce site grandir au fil des années. «C'était d’abord quelques décombres… puis ce sont des camions entiers d’ordures que l’on a déversés. Avec le temps, le décharge s’est transformée en décharge sauvage. Personne n'a pris la responsabilité de l’aménager ou de la fermer».
Les habitants interrogés racontent que des feux s'y déclarent parfois, répandant d’épais nuages de fumée noire sur la ville. «Cette fumée prend à la gorge, elle irrite les yeux. La nuit, certains vont jusqu’à s'enfermer dans leur maison en calfeutrant toutes les ouvertures», explique Khadija, une marchande du souk voisin. «Nous vivons avec ce danger en permanence, et ce sont les enfants et les plus faibles qui en souffrent le plus».
Les conséquences sur la santé sont alarmantes: toux chronique, cas d’asthme en hausse, affections cutanées, maux de tête… «Le médecin de ma cadette a vu le nombre de cas liés à la décharge monter en flèche en quelques années», témoigne Manar et c'est logique car la décharge dégage des gaz toxiques et des lixiviats qui s’infiltrent dans le sol et contaminer les nappes phréatiques utilisées par certains habitants. C’est une catastrophe sanitaire que l’on ignore jusqu’à ce que le mal soit généralisé.
Pourtant, Deroua a toutes les cartes en main, avec le schéma directeur de la région Casablanca-Settat, afin de s’attaquer à ce fléau. Il s’agit de trouver la volonté politique et d’allouer les moyens techniques et financiers suffisants. La décharge sauvage n’est pas une fatalité. Avec des politiques de gestion des déchets plus responsables, avec la participation des citoyens, le cas de Deroua peut trouver une issue. C’est ce que les habitants espèrent, ce que leur santé et leur dignité exigent.
Houda BELABD
« On ne peut plus vivre avec ce monstre en face de nos maisons », déplore Manar, 34 ans, mère de trois enfants, installée dans le quartier Al Massira, non loin de la décharge. «Chaque matin, dès que j’ouvre mes fenêtres, une odeur pestilentielle s’incruste dans toutes les chambres. Avec mes enfants, on tousse en permanence. Mon fils de 7 ans a de l’asthme, le médecin me dit que ce sont les émanations de la décharge».
Sa maison, modeste, se situe à quelques dizaines de mètres seulement des premiers monticules d’ordures. Derrière le mur de béton censé délimiter le site, le décharge prend des proportions inquiétantes. Pneus, bouteilles en plastique, décombres, restes de marchés et carcasses de chats morts… Tout s'y entasse pêle-mêle, formant de véritables collines de rebuts.
Abdelaziz, 65 ans, est né dans le quartier et a vu ce site grandir au fil des années. «C'était d’abord quelques décombres… puis ce sont des camions entiers d’ordures que l’on a déversés. Avec le temps, le décharge s’est transformée en décharge sauvage. Personne n'a pris la responsabilité de l’aménager ou de la fermer».
Les habitants interrogés racontent que des feux s'y déclarent parfois, répandant d’épais nuages de fumée noire sur la ville. «Cette fumée prend à la gorge, elle irrite les yeux. La nuit, certains vont jusqu’à s'enfermer dans leur maison en calfeutrant toutes les ouvertures», explique Khadija, une marchande du souk voisin. «Nous vivons avec ce danger en permanence, et ce sont les enfants et les plus faibles qui en souffrent le plus».
Les conséquences sur la santé sont alarmantes: toux chronique, cas d’asthme en hausse, affections cutanées, maux de tête… «Le médecin de ma cadette a vu le nombre de cas liés à la décharge monter en flèche en quelques années», témoigne Manar et c'est logique car la décharge dégage des gaz toxiques et des lixiviats qui s’infiltrent dans le sol et contaminer les nappes phréatiques utilisées par certains habitants. C’est une catastrophe sanitaire que l’on ignore jusqu’à ce que le mal soit généralisé.
Pourtant, Deroua a toutes les cartes en main, avec le schéma directeur de la région Casablanca-Settat, afin de s’attaquer à ce fléau. Il s’agit de trouver la volonté politique et d’allouer les moyens techniques et financiers suffisants. La décharge sauvage n’est pas une fatalité. Avec des politiques de gestion des déchets plus responsables, avec la participation des citoyens, le cas de Deroua peut trouver une issue. C’est ce que les habitants espèrent, ce que leur santé et leur dignité exigent.
Houda BELABD
Les autorités appellent à la responsabilité collective
Face à cette situation préoccupante, les autorités locales affirment avoir pris la mesure du problème. La commune, en coordination avec les services de la préfecture, travaille actuellement à l’élaboration d’un plan de réhabilitation du site et au transfert progressif des déchets vers une décharge contrôlée. Des campagnes de sensibilisation à destination des habitants ont également été lancées, incitant à ne plus jeter les ordures sur les terrains vagues ni alimenter le point noir existant. Car si les institutions sont tenues d’organiser la collecte et le traitement des déchets, une grande partie des dépôts sauvages provient aussi d’actes inciviques répétés. Les autorités insistent ainsi sur la nécessité d’une implication collective, estimant que sans changement des comportements au quotidien, aucune solution durable ne sera possible.