Avant, au Maroc comme dans la plupart des pays comparables, il y avait les grands et les petits, les anciens et les jeunes, les aguerris et les novices. Dans cet avant, toute expression sonnante ou dissonante venant des jeunes était considérée au mieux comme de la «Dsara» (insolence), au pire comme de la désobéissance qu’il importait de mater sans retenue. Aujourd’hui, à la faveur de l’émergence d’une graduation générationnelle que nous autres classés sous X du registre générationnel avons du mal à comprendre, nous assistons stupéfaits à l’éclosion de la GenZ comme un vivier aussi formidable qu’insoupçonnable d’énergies, de compétences et de courage politique et intellectuel.
Considérée il y'a peu comme une génération de «bons à rien», la GenZ s’est finalement révélée être une génération de justiciers non masqués qui n’ont appris ni à fermer leur clapet, ni à ravaler leur fougue. Une génération pour qui le respect doit se gagner et se mériter, car il n’est pas du tout acquis sous le seul couvert de l’ânesse et de l’antériorité. Surtout lorsqu’il s’agit de revendiquer ce qu’ils considèrent être leurs droits les plus élémentaires : un accès équitable à l’éducation, à la santé et à l’emploi, doublé d’une véritable justice sociale et spatiale portée par une accélération des réformes et de la cadence de développement du pays.
Il s’agit en somme d’aspirations et de revendications politiques et sociales légitimes partagées par tous les Marocains, du simple citoyen jusqu’au plus haut sommet de l’État représenté par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui n’a eu de cesse, depuis Son accession au trône, d’œuvrer pour la concrétisation de ces nobles objectifs. Ce sur quoi le Souverain n’a pas manqué de revenir dans Son discours inaugural de la première session de l’actuelle et ultime année législative. Dans Son allocution d’une précision nanométrique, Sa Majesté a synthétisé avec un langage feutré et savamment choisi l’ensemble de ces aspirations qui «débordent la limite temporelle de l’action gouvernementale et parlementaire» pour adresser des messages subliminaux mais limpides à l’ensemble des parties : gouvernement, élus de la nation et élus locaux, partis politiques, médias, société civile et citoyens, qu’ils soient issus de la GenZ ou des autres générations.
Captés cinq sur cinq, ces messages se résument en un appel global adressé à tout un chacun pour assumer pleinement ses responsabilités en vue de rendre possibles les aspirations légitimes du peuple marocain, qui est, lui-même, appelé à faire preuve d’implication et d’engagement dans le choix de ses décideurs et représentants à travers les voies institutionnelles et démocratiques existantes… Un appel qui résonne d’autant plus fort en cette fin de législature annonciatrice d’échéances électorales aussi singulières que décisives.