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Covid-19 : le Maroc guette une éventuelle nouvelle vague


Rédigé par Anass Machloukh Mercredi 4 Janvier 2023

L’explosion de la pandémie en Chine laisse entrevoir le risque d’une nouvelle vague du Covid-19. Contactés par « L’Opinion », des experts évaluent le degré du risque. Détails.




Bien qu’elle semble n’être qu’un lointain souvenir, la pandémie refait parler d’elle après sa recrudescence spectaculaire en Chine où elle fait des ravages actuellement. A peine les autorités chinoises ont-elles abandonné la politique stricte du zéro-Covid que les cas positifs se sont multipliés de façon telle que la situation semble échapper au contrôle des autorités de Pékin. Jusqu’à présent, il n’y a pas assez de visibilité sur les statistiques des cas positifs et des décès vu que la Chine ne communique pas assez sur ce sujet. Raison pour laquelle les responsables de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) se sont réunis, le 30 décembre, avec les autorités chinoises et les ont priées de communiquer la situation épidémiologique de façon transparente et dévoiler les chiffres de contamination tels qu’ils sont. En réalité, la pandémie explose au sein de l’Empire du Milieu, dont la population n’est pas assez immunisée naturellement vu les restrictions drastiques imposées par le gouvernement chinois dès le début de la pandémie. Près de 250 millions de personnes auraient été contaminées au mois de décembre, à en croire un rapport du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies. Une information relayée par l’AFP. Ceci a poussé plusieurs pays à rétablir le contrôle sanitaire aux frontières aux voyageurs en provenance de Chine. Ce à quoi ont sévèrement réagi les autorités de Pékin qui ont dénigré des « mesures sans fondement scientifique ».  « Certains pays ont mis en place des restrictions à l’entrée visant uniquement les voyageurs chinois. Cela est dénué de base scientifique », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, qui a laissé entendre que Pékin ne manquera pas de« décréter des représailles, par principe de réciprocité ».
 
Alors que certains pays ont imposé des tests aux voyageurs venus de Chine, le Maroc a complètement interdit son territoire aux personnes de quelque nationalité que ce soit, en provenance du territoire chinois. Une mesure défendue par Tayeb Hamdi, expert en politiques et systèmes de Santé, qui estime qu’il s’agit d’une précaution qui s’inscrit dans la lutte préventive.
 
Selon l’expert, le Maroc a jugé préférable de prendre une telle mesure pour protéger l’ensemble de la population plutôt que de compter sur le dépistage massif et le suivi de la traçabilité du virus en cas d’entrée de variants plus contagieux. « Cela donne au Maroc assez de temps pour se préparer », a-t-il conclu.
 
Vers des variants plus viraux ?
 
En effet, l’explosion des cas en Chine est due à la circulation de nouveaux variants d’Omicron tels que XXB et PF7 connus pour être fortement contagieux et plus transmissibles. De quoi inquiéter de nombreuses personnes qui craignent une nouvelle vague qui risque de replonger le pays dans l’océan des restrictions. Pour l’instant, rien ne justifie la panique, estime le professeur Kamal Marhoum El Filali, chef du service des maladies infectieuses au CHU Ibn Roch à Casablanca, qui pense que le Maroc est pourvu d’instruments nécessaires pour rester à l’abri d’éventuels périls sanitaires (Voir les trois questions). Encore faut-il rester vigilant, pense M. Filali, qui n’exclut pas, pour autant, l’éventualité que la forte circulation du Covid-19 en Chine génère d’autres variants plus contagieux qu’Omicron. « Certes, cette probabilité est faible, mais il faut la prendre en compte », reconnaît M. Hamdi, interrogé sur ce point.
 
Renforcement de la veille épidémiologique
 
De leur côté, les autorités sanitaires restent sereines. Le Comité scientifique reste rassuré tout en optant pour un renforcement de la veille épidémiologique sans céder à la panique. Ce que nous a confirmé une source au sein du ministère de la Santé.
 
Par ailleurs, aucune nouvelle souche du Covid-19 n'a été détectée en Chine, sachant que l’OMS prie Pékin de soumettre plus d’échantillons d’Omicron pour avoir plus de visibilité sur son évolution. Les récents échantillons apportés par Pékin «ressemblent tous fortement aux variants connus et circulant dans le monde entre juillet et décembre», selon l’Organisation « Gisaid » qui va dans le même sens que le virologue Jin Don-yan, de l'Université de Hong Kong, qui a estimé récemment dans un podcast que la possibilité qu'un variant plus mortel émerge en Chine reste «très faible».

Situation épidémiologique

 
La longue accalmie se poursuit 

Lors de son dernier point de presse consacré à la présentation du bilan mensuel de la situation épidémiologique de décembre, Mouad Merabet a noté que le Maroc connaît une cinquième petite vague de propagation massive du virus SARS-CoV-2, depuis novembre, et que la courbe des nouvelles infections a culminé quatre semaines plus tard, avant de commencer à décliner début décembre. Selon le responsable ministériel, cette cinquième vague “touchera à sa fin dans les prochains jours pour entamer une nouvelle phase intermédiaire”.
 
Il a relevé, par ailleurs, que le niveau de prévalence du virus est actuellement considéré comme étant faible dans cinq régions essentiellement, et moyen dans sept autres, tout en faisant savoir que le niveau rouge n’a pas été du tout atteint lors de cette vague.
 
Dans le même sillage, il a souligné que le variant Omicron est désormais dominant au Maroc et dans le monde et que la vague actuelle est mue du sous-variant BQ.1 et de ses sous-lignages. Selon les données des laboratoires nationaux de référence pour le suivi génomique, a-t-il ajouté, BQ.1 et ses souches constituent 91% et XBB.1 représente 4% alors que 5% concerne d’autres sous-variants de la lignée d’Omicron.
 
Le ministère de la Santé et de la Protection sociale appelle les personnes présentant des symptômes respiratoires à porter un masque et à cesser toute activité professionnelle ou sociale, tout en se rendant aux établissements de santé pour subir un diagnostic et recevoir le traitement approprié, surtout que la période actuelle est marquée par la propagation des virus respiratoires saisonniers.
 
Le ministère rappelle également aux personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques la nécessité de compléter leur schéma de vaccination pour renforcer leur immunité contre la Covid-19.                                              

Benchmark international


Le monde se méfie du péril covidien
 
Alertés par la situation épidémiologique en Chine, plusieurs pays ont durci le contrôle sur les voyageurs en provenance de Chine. La France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis ainsi que d’autres Etats européens ont durci le contrôle au niveau des aéroports. Le gouvernement français, par exemple, a exigé l’obligation de faire un test PCR à l’arrivée à l’aéroport. Ce à quoi s’ajoute l’obligation de présenter un test PCR ou antigénique négatif avant l'embarquement et réalisé moins de 48 heures avant leur départ. En cas de détection de cas positifs à l'issue de ces contrôles, les voyageurs reçoivent des "consignes pour leur isolement". Par ailleurs, l'Union Européenne pense à mettre en place une stratégie commune pour faire face à la nouvelle vague qui secoue la Chine. Les Etats-membres doivent discuter, le 4 janvier, d'une réponse commune à adopter, selon le gouvernement suédois, qui assure à partir de dimanche la présidence semestrielle de l'UE. En Europe, rappelons-le, ce sont la France, l'Italie et l'Espagne qui ont imposé des contrôles aux voyageurs provenant de Chine.

​Trois questions à Kamal Marhoum El Filali

 
“Nous avons assez d’armes pour lutter contre une nouvelle vague”
 
Kamal Marhoum El Filali, Chef du service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd à Casablanca, a répondu à nos questions sur la flambée des cas en Chine et l'éventualité d’une nouvelle vague au Maroc.
 
-Faut-il s’inquiéter de la vague qui secoue la Chine actuellement ?
 
En effet, j’estime qu’il ne faut pas avoir horreur de ce qui se passe en Chine qui fait face aux résultats de la fin de la stratégie du zéro-Covid. Au Maroc, actuellement, la situation semble sous contrôle et sous surveillance continue des autorités sanitaires. J’estime qu’il n’y a pas de raison de s'inquiéter pour autant qu’on a assez d'instruments pour faire face à une potentielle recrudescence du virus. J’en cite les vaccins, les nouveaux traitements et l’immunité collective, aussi légère soit-elle, que nous avions acquise jusqu’à présent. Toutefois, il faut rester vigilant.
 
-Y a-t-il un risque d’avoir un variant plus mortel qu’Omicron ?
 
Il est évident que plus un variant circule, plus il peut donner lieu à des mutations. Malheureusement, nous n’avons pas assez d’informations sur les variants qui circulent actuellement en Chine. Des pays ont opté pour des prélèvements aléatoires à l’arrivée pour les voyageurs en provenance de Chine. Ceci permettra de détecter de nouveaux variants s’ils apparaissent.
 
-A votre avis, pourquoi la Chine en est-elle arrivée là ?
 
Les autorités chinoises ont adopté une stratégie de lutte contre la pandémie radicalement différente du reste du monde. Une stratégie basée sur l’isolement drastique des cas potentiels et des contacts pour freiner drastiquement la circulation du virus. Elle s’est révélée fructueuse au début dans la mesure où elle a permis de gagner du temps avant l’arrivée des vaccins. Mais la poursuite de cette politique a des inconvénients puisque la population chinoise n’a pas été suffisamment immunisée par la contagion naturelle à l’instar des autres pays qui ont eu recours aux restrictions aussi longtemps.