Quand j’ai découvert Sempé, c’était au moment de mon entrée en philosophie. A la fac, on n’avait pas échappé à l’influence soixante-huitarde, dont le slogan « interdit d’interdire », venant des anarchistes et particulièrement de caricaturistes. Jeunes, chevelus, bradant la norme, le profane et le sacré, les dessinateurs avaient pour noms Reiser, Cabu, Wolinski... Ce dernier a d’ailleurs beaucoup fait pour la cause palestinienne, beaucoup plus que Naji Al Ali, le père du personnage Handala. Et il y avait Sempé, en ces temps où on prétendait vouloir mourir pour ses idées, sur les traces de Régis Debray, qui passera, plus tard, de la guérilla guévariste à la médiologie. Sempé n’était pas idéologiquement correct à notre goût, car il collaborait à des publications de droite. On préférait « avoir tort avec Sartre que raison avec Raymond Aron ! »
Philosophe humaniste
Et puis, un jour tous ces à-priori se sont volatilisés et nous nous sommes retrouvés face à une oeuvre graphique majeure. Fruit d’une collaboration entre Sempé et le grand René Goscinny, scénariste de BD. Asterix, Iznogood, Lucky Luck et le Petit Nicolas sont des héros nés de la collaboration avec le fondateur de la revue Pilote. Sempé, lui, a conquis le monde de la bien-pensance, celui des intellectuels dits traditionnels, dont beaucoup sont des Immortels, fabriquants de dicos et gendarmes de la langue qui lèche ! Le trait chez Sempé et des plus simples, au point de vous donner envie de vous y mettre. Et c’est le secret des grands artistes que de vulgariser la création. Mais là où nous sommes dans l’obligation de tirer chapeau au maître, c’est quand il réussit un travail de fourmi dont il a, seul, le secret. Il vous accule à vous perdre dans les artères labyrinthiques de vignettes où la perspective et la multiplication du modèle, vous mettent devant votre double. Comme chez Borges ou, chez nous, Abdelfettah Kilito. Philosophe humaniste et intellectuel, son oeuvre est une énigme, qui confond fond et forme, sans privilégier l’un ou l’autre.
Philosophe humaniste
Et puis, un jour tous ces à-priori se sont volatilisés et nous nous sommes retrouvés face à une oeuvre graphique majeure. Fruit d’une collaboration entre Sempé et le grand René Goscinny, scénariste de BD. Asterix, Iznogood, Lucky Luck et le Petit Nicolas sont des héros nés de la collaboration avec le fondateur de la revue Pilote. Sempé, lui, a conquis le monde de la bien-pensance, celui des intellectuels dits traditionnels, dont beaucoup sont des Immortels, fabriquants de dicos et gendarmes de la langue qui lèche ! Le trait chez Sempé et des plus simples, au point de vous donner envie de vous y mettre. Et c’est le secret des grands artistes que de vulgariser la création. Mais là où nous sommes dans l’obligation de tirer chapeau au maître, c’est quand il réussit un travail de fourmi dont il a, seul, le secret. Il vous accule à vous perdre dans les artères labyrinthiques de vignettes où la perspective et la multiplication du modèle, vous mettent devant votre double. Comme chez Borges ou, chez nous, Abdelfettah Kilito. Philosophe humaniste et intellectuel, son oeuvre est une énigme, qui confond fond et forme, sans privilégier l’un ou l’autre.
Belaid Bouimid