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À Casablanca, la Capitale économique du Royaume et à Rabat, son pôle administratif et diplomatique, la Coupe d’Afrique des Nations 2025 agit comme un révélateur économique bien au-delà des enceintes sportives. Dans l’espace public, les rues, places et trottoirs deviennent le théâtre d’une intensification des échanges commerciaux, portée notamment par les modes culinaires et la street food africaines. L’événement continental crée un contexte favorable à l’émergence de micro-économies urbaines, souvent informelles, mais bien réelles dans leur capacité à générer revenus et emplois.
À Casablanca, métropole marchande par excellence, cette dynamique est particulièrement visible. Dans certains quartiers centraux, des stands éphémères et des vendeurs ambulants proposent des plats venus d’Afrique de l’Ouest et centrale, attirant une clientèle curieuse et cosmopolite. Thieboudienne, attiéké, brochettes épicées ou beignets africains trouvent leur place aux côtés des classiques marocains. «Cette offre culinaire, qui s’inscrit dans une logique de consommation rapide et accessible, répond à une demande nouvelle stimulée par l’afflux de visiteurs et par l’attention portée au continent africain dans son ensemble» entrevoit Franck, un journaliste béninois exerçant à Casablanca.
Derrière ces étals improvisés se dessine une chaîne économique plus large. Les petits restaurateurs s’approvisionnent auprès de grossistes, de marchés de quartier et de réseaux informels d’importation d’épices et de produits spécifiques. Chaque plat vendu mobilise ainsi plusieurs acteurs, du fournisseur au cuisinier, en passant par les transporteurs et les vendeurs de vaisselle jetable. Pour de nombreux jeunes entrepreneurs ou migrants africains installés au Maroc, la street food devient une porte d’entrée vers l’activité économique, avec des coûts d’installation limités et une forte visibilité dans l’espace public. «Nous nous sommes déjà habitués à cette atmosphère au marché sénégalais de Casablanca », entrevoit Madiha, commerçante à Bab Marrakech à Casablanca.
Rabat, plus institutionnelle, participe à cette dynamique selon des modalités différentes. La présence de cuisines africaines s’y manifeste principalement à travers des restaurants structurés, souvent portés par des ressortissants de pays du continent, qui jouent un rôle de vitrines culturelles et parfois diplomatiques de leurs traditions culinaires. Implantées le long des grandes avenues ou dans des quartiers fréquentés, ces enseignes contribuent à la diversité gastronomique de la capitale sans relever de la street food au sens strict. Dans cette ville exigeante et frondeuse, qui se projette vers l’avenir avec rigueur, ces espaces de restauration accompagnent l’évolution des pratiques urbaines, tout en interrogeant les politiques locales sur la place à accorder à ces formes d’expression économique et culturelle dans l’espace public.






















