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Casablanca : Juifs du Maroc, vivre entre dessein et memorabilia


Rédigé par Houda BELABD le Mercredi 24 Août 2022

Depuis la reprise officielle du dialogue entre le Maroc et Israël, des projets de lois visant le renforcement de l’arsenal juridique rabbinique se multiplient au gré des vols directs et réguliers entre les deux pays. D’ailleurs, des Juifs marocains ont tenu à nous parler, non sans émoi, de ce nouveau tournant dans l’Histoire du pays. Reportage.



Ph : H.Belabd
Ph : H.Belabd
Nous sommes dans un restaurant casher à Casablanca. Une agora inscrite dans les annales de la memorabilia judéo-marocaine. A quelques minutes du « motsaé shabbat » (sortie du shabbat, ndlr), les tables sont dressées et la salle, archicomble. «J’ai l’impression que tous les Juifs de Casablanca sont ici présents », lance d’emblée Cynthia, non sans humour, faisant allusion aux «revenants » de France, du Canada et d’Israël en cette période estivale. «Je reviendrais l’année prochaine pour la hiloula de Rabbi Amram Ben Diwan », lui répond une voix féminine fusant d’une table voisine.

A quelques enjambées de cet établissement culinaire, quelque part entre les venelles de Bab Marrakech (au centre-ville casablancais), non loin de la tombe de Rabbi Haim Pinto, une touriste originaire d’Ashkélon (Israël) s’est facilement prêtée au jeu des questions-réponses au dictaphone de «L’Opinion» : «J’ai grandi dans ce quartier qui faisait office de mellah et si ces murs pouvaient parler de l’amitié qui nous liait à nos voisins musulmans, ils le feraient sans être interrogés », témoigne Rivka avant d’ajouter avec une once de nostalgie : «Je suis partie du Maroc avec mes cinq frères et soeurs au milieu des années 70. J’ai étudié ici à Casablanca, à l’école hébraïque de Neve Shalom. Je suis revenue quand j’ai appris qu’il existe dorénavant des vols directs et réguliers entre mon pays d’origine et celui d’adoption qui démarrent à partir de la modique somme de 4000 dirhams ». «Mes parents n’ont jamais cessé de nous rappeler que lorsque le Maroc perd un de ces citoyens, il gagne un ambassadeur bien au-delà de ses frontières, comme le disait si bien Feu Hassan II », dit-elle.

A quelques arpentes de Bab Marrakech et plus précisément au coeur du carré d’or de la Cité blanche, Harry Levy, un prothésiste dentaire rentré de Marseille il y a moins de dix ans, nous reçoit à coeur et bras grand ouverts dans les locaux de son entreprise. La nouvelle conjoncture politique est aux amendements de l’arsenal juridique rabbinique, ce qui n’est pas sans le toucher au plus haut point.

En effet, face à la récente annonce de la création d’une série d’instances juives, régionales et nationales, et à cette clairvoyance des multiples sphères législatives et exécutives du pays, des membres de la Communauté n’ont pas lésiné sur les épithètes pour exprimer leur jubilation.

Pour Harry : « Ces appels solennels à la réunification et la réorganisation de la Communauté juive marocaine est une priorité car elle fait la fierté et l’originalité du Maroc et de son Exécutif. Toutefois, les Juifs du Maroc ne sont pas nombreux et notre pays doit maintenir ce lien ombilical avec les Juifs du monde, à la lumière éclairée des consignes de Feu Hassan II ». Comme Harry, Mercedes a fait le choix de quitter l’Hexagone pour le Maroc de ses ancêtres. Depuis des décennies, elle vit à Fès où la communauté juive s’est réduite à peau de chagrin au gré des printemps.

«Les nouveaux projets de lois sont reçus positivement par la communauté car ils visent à consolider la pluralité identitaire de notre pays, surtout ceux visant à mieux régir la cacheroute car cette dernière permettra de booster le tourisme religieux qui ne peut qu’être fructifiant pour tous », entrevoit-elle.


Les nouvelles sont bonnes

Rappelons qu’il y a quelques semaines, SM le Roi Mohammed VI a appelé à la réorganisation de la Communauté juive du Maroc - affluent intrinsèque à sa mosaïque identitaire - lors d’un Conseil des ministres qu’il a présidé au Palais royal de Rabat.

D’ailleurs, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit a passé en revue, devant le Souverain, de nouvelles mesures dédiées à cette composante marocaine. Ces dispositions ont été élaborées, au détail près, à l’issue de consultations avec les représentants et des intellectuels de la Communauté.

Des amendements ad hoc sont, jusqu’alors, en gestation. Ces projets in vitro concernent la création de nouvelles instances juives marocaines et la réorientation de moult autres, déjà existantes. Ces ébauches de changement viennent en application des hautes instructions royales afin de consacrer l’affluent hébraïque en tant que composante de la culture marocaine riche de ses multiples affluents.







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