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Cancer du sein : Autopalpation, comment s’y prendre ?


Rédigé par Meryem EL BARHRASSI le Dimanche 16 Octobre 2022

« Il se peut que certaines femmes observent fréquemment des écoulements à l’aspect laiteux ou des épanchements bilatéraux. Ceux-ci sont des phénomènes généralement bénins, dont la cause est souvent hormonale ».



Cet automne, comme chaque année depuis 1994, le mois d’octobre se revêt de rose pour sensibiliser au cancer du sein, le plus fréquent chez la femme. L’âge, la prédisposition génétique, un antécédent personnel de pathologie mammaire et un antécédent personnel d’irradiation thoracique médicale à forte dose sont les principaux facteurs de risques connus.

Le surpoids, l’obésité, le tabagisme, l’alcool, certains traitements hormonaux (notamment à la ménopause), et la pollution de l’air sont également suspectés d’augmenter les risques. « Quel que soit l’âge, surtout à partir de 30 ans, il est important de connaître et d’observer sa poitrine, afin de repérer toute modification susceptible d’alerter du développement d’une tumeur », indique Dr Saadia El Qorchi, gynécologue.

Ce mois est aussi l’occasion de se familiariser avec les gestes d’autopalpation qui permettent la détection de la maladie à un stade précoce et d’améliorer dès lors la prise en charge. Dans les pays scandinaves, les jeunes femmes sont éduquées dès la puberté à l’autopalpation de leur poitrine, des gestes du quotidien qui permettent aux femmes de devenir actrices de leur santé, ce qui expliquerait en partie le taux de dépistage des cancers du sein précoces beaucoup plus élevé dans ces pays.

Au Maroc, la technique est traditionnellement pratiquée en consultation gynécologique par le/la spécialiste, mais « rares sont celles à qui l’on apprend comment reproduire ces gestes qui peuvent sauver au quotidien », déplore la gynécologue.

Parcourir la peau avec la paume des doigts

Le travail commence d’abord par une observation de l’aspect de sa poitrine. « Debout devant un miroir et les bras le long du corps, on observe de potentielles rougeurs (plus de précisions plus bas), creux ou gonflement dans le sein. Cette observation se fait ensuite les bras levés », explique Dr El Qorchi.

L’autopalpation s’effectue debout ou allongée. On utilise la paume de ses doigts et non celle de la main. « Au niveau des premières phalanges, la surface du doigt est plus plate. On favorise donc cette zone pour parcourir la peau à la recherche d’une irrégularité », décrit-elle.

La gynécologue conseille de pratiquer les gestes sous la douche : « l’eau et le savon fluidifient le mouvement et aident les doigts à glisser plus naturellement sur la peau ».On évite les effleurages hésitants. « Au contact de la peau, on plaque la glande mammaire contre la paroi thoracique. Il ne faut pas hésiter à bien appuyer », insiste la spécialiste, qui incite par ailleurs à « drainer le sein » au travers de toute sa surface.

Presser légèrement le mamelon

C’est à ce niveau que l’on essaie de détecter un éventuel écoulement. Tous ne sont pas alarmants, rappelle la gynécologue : « Il se peut que certaines femmes observent fréquemment des écoulements à l’aspect laiteux ou des épanchements bilatéraux. Ceux-ci sont des phénomènes généralement bénins, dont la cause est souvent hormonale ». Un écoulement sanguinolent et unilatéral, lui, doit être examiné par un médecin. Le mamelon dans son ensemble doit aussi être étudié. Lors d’un début de cancer, des lésions semblables à un eczéma peuvent apparaître sur son pourtour. Si ces apparitions dites « eczématiformes » concernent majoritairement les personnes âgées, Dr El Qorchi rappelle que la sensibilisation doit être amorcée le plut tôt possible.

Examiner tout le sein

Circulairement, de haut en bas, de gauche à droite. Pour pratiquer efficacement l’autopalpation, il faut brasser le sein dans son intégralité et ce, sans oublier les zones à la lisière de sa partie saillante. Le creux auxiliaire (dessous des aisselles) regorge de ganglions. « Ces minuscules organes qui font partie du système lymphatique et servent de filtres pour les tissus, sont généralement les premiers à être touchés. On prend donc le temps de palper cette zone, tout en gardant en tête les caractéristiques qui permettent de différencier une grosseur inquiétante d’un petit kyste lié par exemple à une mauvaise épilation », détaille Dr El Qorchi.

Autre zone fréquemment tombée aux oubliettes : le décolleté. « Selon la taille de la poitrine, certaines femmes peuvent avoir des seins qui s’attachent assez haut, presque sous la clavicule. Pendant l’autopalpation, on n’hésite pas à étendre ses gestes un peu plus haut et un peu plus loin », conseille la gynécologue.

 

Repères

Ne pas s’auto-palper pendant les règles
Chaque mois, il est probable que les seins soient parfois lourds, tendus et granuleux. C’est ce qui se passe naturellement quelques jours avant l’apparition des règles ou pendant celles-ci. Cependant, inutile d’accourir chez le gynécologue à chaque fois que les glandes mammaires gonflent sous l’effet des oestrogènes. Pour faire la différence entre une grosseur bégnine et un potentiel symptôme, on attend la fin des règles pour s’auto-palper. « Si la boule persiste quel que soit le moment du cycle, si elle est dure, indolore et n’est pas ou peu mobile, on peut y reconnaître la manifestation d’une éventuelle tumeur », explique Dr El Qorchi.
 
Les traitements hormonaux pour la ménopause augmentent-ils les risques
Des recherches scientifiques, publiées dans la revue The Lancet, ont confirmé que les femmes qui suivent un traitement hormonal de substitution (THS) pour la ménopause ont un risque accru de développer un cancer de sein. Tous les types de THS sont associés à un sur-risque de cancer du sein, sauf les traitements locaux. Cinq années de THS à partir de 50 ans accroissent le risque d’un cas supplémentaire pour cinquante femmes traitées avec le traitement combinant oestrogènes et progestatifs en continu. Les résultats de l’étude suggèrent également que le risque pour une durée de traitement de dix ans est deux fois plus grand que pour cinq ans.

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Transpiration


Les déodorants sans sels d’aluminium pour limiter les risques
 
Il peut sembler important de bannir de sa salle de bains les substances dangereuses qui pourraient favoriser l’apparition du cancer. Pointés du doigt régulièrement, les sels d’aluminium, présents dans la composition de nombreux déodorants, s’invitent à nouveau sur le banc des accusés. Une étude suisse souligne à nouveau le lien entre les deux.

Ainsi les sels d’aluminium induiraient dans les cellules de la glande mammaire des altérations marquées similaires à celles identifiées dans certains cas de cancer. Plus alarmant encore, l’étude souligne que l’effet sur les gènes se produit même avec une toute petite quantité.

Si une étude à plus long terme permettrait de conclure à une réelle dangerosité de cette substance, mieux vaut pratiquer le principe de précaution. De quoi nous convaincre de fuir cette substance au sein de notre allié quotidien contre la transpiration. Pour s’y repérer, on privilégie les déodorants bio et ceux portant la mention « sans sels d’aluminium ». Et dans le doute, on traque sur la liste des composants les termes aluminium chloride, aluminium chlorohydrate, aluminium chlorydrex, aluminium sesquichlorohydrate ou aluminium zirconium. Roll-on, spray ou encore baume, il est tout à fait possible de trouver son bonheur... et surtout de limiter les risques.
 

« Maman a un cancer du sein »


Comment l’annoncer aux enfants ?
 
Annoncer une maladie à ses enfants n’est pas une tâche facile, mais pourtant nécessaire pour les accompagner au mieux dans cette période douloureuse pour toute la famille. C’est une annonce difficile à digérer et réussir à en parler à son entourage peut aussi être très compliqué. D’autant plus si l’on est mère. La perspective d’inquiéter ses enfants peut être insoutenable.

Dr Ghizlane Benamar, pédopsychiatre, conseille d’en parler avec ses enfants, et pourquoi pas d’en discuter avec les proches ou parents avant. « Cela permettra de s’approprier les mots et d’évacuer les premiers moments émotionnels. L’enfant n’a peut-être pas besoin de tout porter, directement et de plein fouet », déclare-t-elle.

Par ailleurs, avant de mettre au courant les enfants, il est préférable de connaître tout ce qui va être mis en place pour le traitement. « En théorie, on préfère attendre d’avoir l’entièreté du diagnostic et puis le protocole qui va s’en suivre. Cela permet de rassurer les enfants et s’ils ont des questions, d’être en mesure de pouvoir répondre. Les enfants n’aiment pas trop être dans le flou », explique Dr Benamar.

« Ils vont avoir beaucoup de questions, comme par exemple : combien de temps ça va durer, est-ce que tu vas être très malade ? Il y aura beaucoup d’interrogations par rapport à la vie pratique et de l’inquiétude par rapport aux parents. Le cancer n’est plus synonyme de mort et les enfants ont besoin de savoir ce qu’il va pouvoir se passer pour eux et pour les parents », ajoute-t-elle. La pédopsychiatre estime que cacher la vérité ou la diminuer, peut créer un tabou. « Un enfant a besoin de comprendre les changements de routine, les changements physiques », selon elle.
 

3 questions à Zakaria Chihab, kinésithérapeute


« La rééducation après la chirurgie d’un cancer du sein est une étape importante et indispensable puisqu’elle concerne %100 des femmes »
 
Souvent, le cancer du sein est associé au choc de l’annonce et aux lourds traitements qu’il engendre. Mais le parcours de la patiente ne s’arrête pas là, car il faut aussi gérer les « effets collatéraux » du cancer du sein. Mais aussi surmonter l’après-cancer : la reconstruction physique et psychologique. Pour aider les femmes à mieux supporter les effets secondaires des traitements, invalidants et douloureux, mais aussi pour retrouver une féminité souvent oubliée au fil des traitements, les séances de kiné peuvent être d’une grande aide. Zakaria Chihab, kinésithérapeute, nous en dit plus.


-Après quel type de chirurgie faut-il faire appel à un kinésithérapeute ?

- Quelle que soit la façon dont vous avez été prise en charge, vous avez droit à des séances. Vous pouvez demander à votre médecin de vous les prescrire. La rééducation après la chirurgie d’un cancer du sein est une étape importante et indispensable puisqu’elle concerne 100% des femmes. Non seulement, elle est utile pour limiter les lymphoedèmes (gonflement du bras) et favoriser la mobilité du bras et de l’épaule. Mais en plus, la kinésithérapie est aussi une aide à la cicatrisation. Car qui dit cicatrice, dit rétraction de la peau, adhérences ou encore brides cicatricielles, lesquelles peuvent entrainer des douleurs, des gênes, voire des déformations du sein dans les tumorectomies.


-A quelle étape de son parcours peut-on avoir accès à la rééducation ?

- La rééducation est accessible à partir de trois semaines post-opératoires. Une fois la première séance enclenchée, la patiente peut être suivie durant toutes les étapes des traitements avec accord du chirurgien.


-Quelles sont les parties concernées par la rééducation ?

- Lors de la rééducation, on doit aborder le traitement du thorax, du bras et de l’épaule, puis descendre jusqu’au bassin de façon à libérer un maximum de zones. Si elle est bien réalisée, une à deux séances par semaine suffisent. Théoriquement, si la rééducation est efficace, les patientes doivent avoir progressé à chaque séance. Bien entendu la durée du traitement est en fonction de la nécessité de soins : pour certaines, trois séances suffisent, pour d’autres il en faudra 30.

 







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