L'affaire Brahim Ghali ne cesse de livrer ses secrets de jour en jour. L'instruction judiciaire menée par le juge d'instruction Rafael Lasala met la loupe sur l'origine du passeport falsifié dont s'est servi le chef des séparatistes avant d’accéder à l'hôpital de Logroño le 18 avril dernier, n’ayant pas fait l'objet de contrôle d'identité à son arrivée à l'aéroport.
Le site d'investigation espagnol La Razon a révélé que l'ex-bras droit d'Arancha Gonzalez Laya, Camilo Villarino a refusé de livrer le nom de la personne qui lui a donné le faux passeport algérien, qu'il a reçu par courrier électronique. Ce passeport, rappelons-le, contenait l'identité de Mohamed Benbatouche. Il s'agit donc d'une tentative de couvrir la responsabilité de l'Etat algérien dans ce scandale qui a failli causer la rupture des relations entre le Maroc et l'Espagne.
Selon la même source, la procureure générale María del Mar González Bella semble prendre partie en faveur de l'ancien chef de Cabinet d'Arancha Gonzalez Laya, en éludant la demande judiciaire sous prétexte que Villarino a supprimé des e-mails "pour des raisons de sécurité".
La procureure d'Etat s'est contentée d'envoyer au juge d'instruction une copie du passeport algérien de Ghali et du titre de séjour de son fils qui s'appelle Brahim Sid el Mustafa Luali.
Prenant acte de la réticence de Villarino, le magistrat Rafael Lasala s'est trouvé contraint de procéder autrement. Désormais, il lui appartient d'examiner la possibilité d'ordonner la saisie du téléphone portable du diplomate, pour tracer l'origine des emails. La procureure d'Etat a nié même l'existence d'une messagerie, prouvant le transfert d'un e-mail contenant la copie du passeport falsifié, et l'habitude de Villarino de supprimer ses e-mails de temps en temps, lorsqu'il dirigeait le Cabinet du ministre des Affaires étrangères.
En réalité, l'implication de Villarino dans l'affaire Brahim Ghali a été établie par l'instruction judiciaire qui a décelé la coordination entre ce dernier et le ministère espagnol de la Défense. Les messages échangés entre lui et un haut-gradé de l'Armée de l’Air espagnole ont permis de prouver la complicité dans la facilitation de l'entrée de Brahim Ghali à l'aéroport militaire, sans contrôle d'identité.
De son côté, la ministre démissionnaire Arancha Gonzalez Laya a défendu sa démarche, lors de sa comparution au tribunal, prétendant sans hésitation que le chef du polisario est entré légalement en Espagne.