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A l’échelle du partage, les Marocains sont 4èmes


Rédigé par Abdallah BENSMAÏN le Mercredi 10 Août 2022



A l’échelle du partage, les Marocains sont 4èmes
La société du partage existe depuis la nuit des temps. Contrairement au piratage, elle n’a pas de connotation morale négative. Les nouvelles technologies viennent encore une nouvelle fois de la rencontrer avec l’emprunt du wifi des voisins qu’elles dénoncent comme piratage. Dans ce cas de figure, emprunter la connexion wifi à son voisin, partager le code Netflix avec les amis, des membres de la famille, s’inscrit dans une logique du partage. Rendre service est un signe de solidarité, de convivialité certaine.

A ce jeu, les Africains, en général, et les Marocains, en particulier, ont une longueur d’avance sur le reste de la planète. Bien avant l’arrivée de la connexion à internet, les Africains ont fait plier bagage à Canal + Afrique qui proposait des abonnements à son bouquet de chaînes télé… à un prix qui ne pouvait qu’être partagé !

Les Marocains qui occupent la 4ème place mondiale dans l’emprunt de la connexion wifi des voisins ne devraient pas surprendre outre mesure : l’expérience de 2M, dans les années 90, est encore dans les mémoires. La crédibilité des résultats de l’étude menée par le Global Consumer Survey de la plateforme de statistiques allemande Statista, ne se discute pas… par ses résultats on ne peut plus surprenants. Menée entre 2021 et 2022 dans plusieurs pays, elle montre que le partage est universel et ne concerne pas que les pays à faible pouvoir d’achat en faisant ressortir que les principaux utilisateurs de la wifi des voisins sont Européens : Néerlandais en tête, suivis des Belges, des Mexicains… et des Marocains, avec pour voisin de palier les Suisses…

Sur le modèle des télévisions payantes, la chaîne de Aïn Sebaâ, comme on la qualifie souvent, s’était lancée à la conquête du marché local en proposant un abonnement et un décodeur pour capter les images en clair. Le modèle économique de 2M (Dozem en appelation populaire !) fera long feu et les partages donnaient une allure bizarre aux balcons des immeubles qui étaient barrés, verticalement et horizontalement, des câbles de partage entre voisins.

La wifi a supprimé les câbles mais pas la pratique du partage : la guerre menée contre le piratage mondialisé des bouquets télés de l’Iptv est un signe qui ne trompe pas et les cris de victoire poussés à l’occasion des démantèlements de réseaux organisés n’ont jamais réglé le problème et ne le régleront jamais, en somme.

Comment ne pas rappeler dans ce contexte le sort réservé à la presse écrite qui s’est longtemps plainte des lectures « gratuites » dans les cafés et autres lieux publics ? Encore le réflexe du partage… et des publications n’ont pas hésité à capitaliser auprès des annonceurs, non pas sur la vente mais sur l’audience, la circulation des exemplaires qui pouvaient être lus par, au moins, les membres de la famille de l’acheteur de l’édition du jour.




Abdallah BENSMAÏN