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Vie dans les prisons : Entre fascination, voyeurisme et Etat social


Rédigé par Majd EL ATOUABI le Mardi 1 Juillet 2025



Au Maroc, comme partout ailleurs, la prison a toujours été source de fantasmes et objet de fascination. Depuis les récits effroyables des détenus politiques des années de plomb, qui constituent l’essentiel de notre littérature carcérale nationale, cet «au-delà» de la société et de la vie civile n’a jamais cessé de susciter intérêt et curiosité. En témoignent l’engouement populaire pour les indiscrétions colportées par la rumeur publique sur les péripéties de certaines grosses huiles emprisonnées pour malversations et autres délits, ainsi que les audiences conséquentes cumulées par les blogueurs «d’outre-barreaux», dont les anecdotes et les aventures surjouées cartonnent sur les réseaux sociaux.

Plus que du voyeurisme, cet intérêt souvent exagéré pour la prison trouve son explication dans la peur primaire de tout un chacun de s’y retrouver un jour ou l’autre pour l’une ou l’autre raison, du simple chèque sans provision jusqu’aux accidents graves de la circulation, en passant bien sûr par la multitude de motifs relevant du droit commun. Pourtant, et contrairement à ce qu’elle fut un certain temps, la vie carcérale n’a jamais été aussi transparente et exposée qu’elle ne l’est maintenant. On sait tout ou presque de la prison, mais on en redemande. 

Le rapport annuel de la Délégation Générale à l’Administration Pénitentiaire et à la Réinsertion (DGAPR) qui vient d’être publié donne un aperçu on ne peut plus clair sur le fonctionnement de nos prisons, ainsi que sur leur population qui se chiffrait en 2024 à 105.094 détenus. Outre le nombre de prisons qui atteint les 74 établissements, dont 66 prisons locales, 4 prisons agricoles, 2 prisons centrales et 2 centres de réforme et d’éducation, ce rapport détaille l’organigramme de nos prisons et fournit même un profilage fouillé de la population carcérale. On y apprend ainsi que le pourcentage de femmes emprisonnées ne dépasse guère les 2,59%, confortant par la même la réputation sulfureuse du sexe dit fort et sa propension quasi-génétique pour les embrouilles. On y apprend aussi que les célibataires constituent le gros des contingents avec 62,41% de la population carcérale, ce qui confirme par ailleurs le supposé effet apaisant et assagissant du mariage. On y apprend enfin et surtout l’intérêt permanent porté à l’amélioration des conditions de vie en milieu carcéral, que ce soit pour les détenus ou pour les fonctionnaires chargés de la gestion de leur quotidien. Et c’est ça aussi, même si on a tendance à l’oublier, l’État social.



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