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​El Jadida, une ville sans lettrines: chronique d'un déni de gouvernance


Rédigé par Mohamed LOKHNATI le Lundi 29 Septembre 2025

El Jadida, cité historique et vitrine touristique des Doukkala, ne supporte plus les faux-semblants de ses gestionnaires. Alors que la ville multiplie les projets d’envergure et rêve de modernité, ses élus semblent oublier les fondamentaux. Dernier exemple en date : l’absence totale de toilettes publiques, révélée en marge de l’inauguration de deux chantiers structurants par le gouverneur de la province.



Interpellé sur cette carence, le président du conseil communal a préféré détourner la responsabilité vers une association locale, évoquant un manque de moyens pour concrétiser un partenariat. Une déclaration jugée irresponsable et trompeuse, qui heurte l’intelligence des citoyens et offense les efforts de la société civile.

La loi est pourtant sans équivoque. La loi organique n°113-14 relative aux communes confie explicitement aux conseils communaux la gestion des services de proximité. L’article 83 mentionne la création et l’entretien des équipements sanitaires comme une compétence propre. L’article 92 impose aux élus de délibérer sur leur gestion, et l’article 100 engage le président du conseil dans l’application des décisions liées à la propreté et à l’occupation du domaine public.

Les toilettes publiques ne relèvent ni du luxe ni du détail. Elles incarnent un droit fondamental, un marqueur de dignité dans l’espace urbain. À El Jadida, cette absence se fait cruellement sentir. Les habitants sont contraints à des expédients indignes, les visiteurs repartent avec l’image d’une ville belle mais inhospitalière.

Le paradoxe est saisissant. On investit dans des infrastructures modernes, on soigne les façades, mais on néglige l’essentiel. Ce n’est pas seulement une question d’hygiène, c’est une question de respect, de vision, de gouvernance.

El Jadida mérite mieux. La ville doit inscrire la création de toilettes publiques dans sa stratégie urbaine, mobiliser des budgets dédiés, envisager des délégations de service, et surtout considérer ce sujet comme central. Car la modernité d’une ville ne se mesure pas à ses boulevards ou à ses espaces verts, mais à sa capacité à garantir la dignité humaine dans ses moindres détails.

Il est temps de rompre avec les tartufferies. Il est temps que les élus traduisent la lettre de la loi en actes concrets. Il est temps que la gouvernance locale se souvienne que la dignité commence parfois par ce qui semble le plus simple : des toilettes publiques, propres et accessibles à tous.
 
Mohamed LOKHNATI



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