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​Baraka : « Il est temps de refonder l’architecture territoriale pour un Maroc à une seule vitesse »


Rédigé par Youssef Benkirane Vendredi 24 Octobre 2025

Appelant à une refonte de l’architecture territoriale et à une diversification de l’économie rurale, Nizar Baraka a souligné la nécessité d’un nouveau modèle équilibré, capable de faire avancer le Maroc à une seule vitesse. Cette réflexion a été au cœur de la conférence-débat organisée, jeudi 23 octobre à Casablanca, par l’Alliance des Ingénieurs Istiqlaliens, en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer.



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« Nous aspirons à un Maroc unifié, où chaque citoyen, qu’il vive dans un village reculé ou une grande métropole, jouit des mêmes droits, des mêmes opportunités et du même rythme de développement », ta enu à rappeler Aziz Hilali, président de l’Alliance des Ingénieurs Istiqlaliens à l’ouverture de cette rencontre.

Faisant écho au Discours Royal du Trône, M. Hilali a affirmé qu’il n’est pas normal que le pays avance à deux vitesses. « C’est dans cette optique que nous souhaitons aujourd’hui ouvrir un débat, d’abord entre ingénieurs, mais aussi avec les acteurs économiques, afin d’identifier ensemble les leviers d’action et formuler des recommandations concrètes », a-t-il souligné.

Des fractures territoriales persistantes

Dans son intervention, Nizar Baraka a dressé un diagnostic sans complaisance des disparités territoriales. Le fossé entre le monde urbain et rural reste profond. En 2024, le taux de pauvreté multidimensionnelle atteint 13,1 % en milieu rural contre 6,8 % en ville. Trois régions littorales génèrent près de 60 % du PIB national, tandis que les zones rurales continuent de perdre des emplois : –107 000 en 2025, contre +113 000 créés dans les villes.

Les accès à l’eau potable et à internet demeurent également inégaux, malgré les efforts déployés depuis plusieurs années. En parallèle, l’indice de Gini, mesurant les inégalités de revenus, est passé de 38,5 % en 2019 à 40,5 % en 2024, signe d’une concentration accrue de la richesse.

Par ailleurs, face à ces inégalités persistantes, le Maroc déploie depuis plus de 30 ans une politique active de réduction des disparités, comme l’a souligné Nizar Baraka. Cette dynamique s’appuie sur des programmes structurants tels que l’Initiative nationale pour le Développement humain (INDH), le Programme d’Approvisionnement Groupé en Eau Potable des Populations Rurales (PAGER), qui a permis de porter le taux d’accès à l’eau potable de 14 % en 1995 à 98 % en 2024, ainsi que sur des efforts de désenclavement routier ayant abouti à la réalisation de 29 500 kilomètres de routes. Ces avancées ont été soutenues notamment par le Programme de Réduction des Disparités Territoriales et Sociales en Milieu Rural (PRDTS), doté d’une enveloppe de 50 milliards de dirhams entre 2013 et 2024.
 
Afin de définir de nouvelles orientations pour surmonter les obstacles vers un « Maroc à une seule vitesse », il faut, selon M. Baraka, faire une refonte de l’architecture territoriale, apour redimensionner les collectivités locales. Il a souligné que de nombreuses communes ne disposent pas des capacités nécessaires pour répondre aux attentes de leurs populations, ce qui engendre une crise de confiance. Le manque de ressources humaines et financières reste un défi majeur, bien que le gouvernement ait introduit une augmentation de la part de la TVA allouée aux collectivités territoriales dans le cadre du mandat en cours.

Sur ce point, le SG estime qu’il faut « décentraliser effectivement, professionnaliser la gestion locale, garantir la transparence et instaurer des contrats de convergence territoriale entre les régions, provinces et communes ».
 

Diversifier l’économie rurale

La deuxième priorité, selon Baraka, concerne la diversification économique du monde rural. " L’agriculture, bien qu’essentielle, ne suffit plus à elle seule à porter le développement, surtout face à la sécheresse et à la pression hydrique ", a-t-il rappelé.

Il a ainsi plaidé pour la création de zones d’activité de proximité (ZAP), le développement de l’emploi public local, la formation au e-commerce rural, le soutien à l’entrepreneuriat local, et la promotion du télétravail et des micro-services numériques. Ces initiatives doivent contribuer à faire émerger de nouvelles chaînes de valeur dans les campagnes.

Sur le plan social, Nizar Baraka a appelé à une réforme en profondeur de la protection sociale. « L’aide doit devenir un tremplin, non une béquille », a-t-il affirmé, plaidant pour une approche fondée sur la dignité, la capacité et l’autonomie. L’objectif est de passer du simple transfert d’aides à une véritable transformation sociale durable, assurant un “zéro retour à la pauvreté”.

Jeunes et femmes, moteurs du changement

Tous les intervenants ont insisté sur le rôle déterminant des jeunes et des femmes dans la construction d’un Maroc à une seule vitesse. Leur implication dans le leadership territorial, culturel, économique et social est jugée indispensable pour impulser un développement inclusif.

Ils ont également mis en avant la nécessité d’une économie productive et solidaire, fondée sur l’entrepreneuriat vert, digital et social, ainsi qu’une transformation numérique favorisant l’inclusion civique et l’accès équitable aux services publics.

Pour mener à bien cette transition, les participants ont plaidé pour l’instauration d’un pacte moral et civique reposant sur la confiance mutuelle et la responsabilité collective. Selon eux, le véritable défi ne réside plus dans la vision, mais dans sa mise en œuvre équitable et concertée sur l’ensemble du territoire.

Mezzour défend une approche équilibrée

Répondant aux critiques sur la concentration des efforts dans des projets à forte visibilité, le ministre de l’Industrie, Ryad Mezzour, a tenu à préciser : « Ceux qui estiment qu’il faut cesser d’investir dans les grands projets urbains se trompent. Ces initiatives attirent la confiance des investisseurs, créent de la richesse, génèrent des impôts et, in fine, renforcent nos systèmes de santé, d’éducation et nos infrastructures. »

Selon lui, la présence du Maroc sur la scène internationale prouve sa capacité à gérer des projets d’envergure et à offrir des services de qualité mondiale.

Les intervenants ont convenu de la nécessité de synchroniser les efforts publics et privés afin de créer des ponts entre toutes les régions du Royaume et d’assurer une véritable convergence territoriale.

Réunissant plus de 300 participants, cette rencontre s’inscrit dans la dynamique initiée par l’Alliance des Ingénieurs Istiqlaliens, qui multiplie les débats publics et promet d’organiser, dans les semaines à venir, une nouvelle conférence sur une thématique tout aussi stratégique.



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