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​UM6P, UNESCO & Fondation OCP : une alliance stratégique pour un développement africain souverain, intégré et durable


Rédigé par Dr LARAKI Khalid, Expert de l'AIEA le Jeudi 24 Juillet 2025

Rabat, juillet 2025 — Alors que l’Afrique s’affirme désormais comme un moteur décisif de la croissance mondiale, les acteurs institutionnels se mobilisent pour accompagner cette montée en puissance. Dans ce contexte, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), la Fondation OCP et l’UNESCO initient, pour la période 2025–2027, une plateforme triangulaire inédite, déployant l’intelligence collective africaine comme fer de lance d’un développement durable, intégré, souverain et porté par les réalités du continent.



​UM6P, UNESCO & Fondation OCP : une alliance stratégique pour un développement africain souverain, intégré et durable
Grâce à un budget initial de 6 millions USD, cette plateforme vise une transformation plurielle : éducation innovante, gouvernance culturelle, développement technologique et résilience environnementale. Elle repose sur une coopération politique et stratégique, où l’UM6P et l’UNESCO co-pilotent la démarche, soutenus activement par la Fondation OCP. Si le cycle officiel s’étend sur trois ans, les retombées concrètes, en termes d’innovations scientifiques, de capacités institutionnelles, de projets patrimoniaux et de solutions écologiques, sont envisagées jusqu’en 2028 et au-delà.
 
1. Une gouvernance coopérative et souveraine

Cette plateforme repense radicalement le paradigme de la coopération africaine. Loin des modèles descendants, elle engage une gouvernance partagée : l’UM6P coordonne les volets universitaires et technologiques, l’UNESCO apporte son expertise culturelle et éducative, et la Fondation OCP assure l’articulation opérationnelle et stratégique. Cette structure tripartite fonde une co-construction véritable, favorisant l’appropriation locale du développement et l’ancrage dans les dynamiques africaines. En s’appuyant à la fois sur les capacités de recherche universitaires et sur l’expérience multisectorielle de l’UNESCO, le dispositif vise à renforcer la capacitation institutionnelle et les compétences endogènes sur toute la période 2025–2027, avec un impact projeté plus largement jusqu’en 2028.
 
2. Réponses ciblées à une jeunesse massive

Aujourd’hui, l’Afrique héberge une population estimée à 1,5 milliard d’habitants, en croissance rapide (≈ +100 millions tous les trois ans) et fortement jeune : plus de 60 % ont moins de 25 ans. Chaque année, 10 à 12 millions de jeunes entrent sur le marché du travail, mais seulement 3 à 3,7 millions de postes formels sont créés. Cela engendre une dynamique informelle massive (≈ 70 % des jeunes en Afrique subsaharienne), tandis que des pays comme l’Afrique du Sud enregistrent un taux de chômage des 1524 ans supérieur à 62 %. Dans ce contexte, cette alliance propose une réponse structurée par le biais de cinq axes de transformation interconnectés, conçus pour offrir des solutions à la jeunesse africaine sur le plan éducatif, professionnel, culturel et écologique.
 
3. Cinq axes structurants d’impact
 
3.1 Consensus africain sur l’IA

Ce consensus, fruit d’un processus de consultation panafricain piloté par l’UM6P et l’UNESCO, pose les bases d’une approche africaine de l’intelligence artificielle. Il vise notamment à établir un cadre éthique, inclusif, adapté aux réalités linguistiques, culturelles et technologiques locales. Selon les estimations de PwC, l’exploitation raisonnée de l’IA pourrait générer jusqu’à 1 200 milliards USD par an de valeur ajoutée sur le continent d’ici 2030, soit près de 5 % du PIB ANTICIPÉ du continent. Pour réaliser ce potentiel, il faudra intensifier la formation aux métiers numériques, renforcer les infrastructures technologiques (centres de données, connectivité), et soutenir la création de start-up locales spécialisées en IA.

3.2 Campus Africa : un réseau universitaire panafricain

Ce programme vise à tisser un véritable tissu universitaire africain intégré. Il favorise la mobilité des professeurs et étudiants, la coproduction de publications, l’organisation de séminaires transnationaux et l’harmonisation des standards universitaires. Dans un continent où moins de 10 % des jeunes ont accès à l’enseignement supérieur et où le chômage des diplômés dépasse 30 % dans de nombreux pays, Campus Africa ambitionne de former une nouvelle génération d’intellectuels africains capables de piloter les transformations économiques, technologiques et institutionnelles.

3.3 Réappropriation de l’Histoire générale de l’Afrique

L’histoire coloniale a laissé des traces durables dans les récits nationaux, souvent empreints de déterminismes externes. Ce pilier propose de réintroduire l’Histoire générale de l’Afrique, une œuvre collective coordonnée par l’UNESCO depuis les années 1960, dans les programmes scolaires et universitaires. Cela permettra de reconstruire une mémoire collective panafricaine valorisante, capable de renforcer la cohésion sociale, l’estime de soi et une citoyenneté active ancrée dans une histoire réaliste et empowerante.

3.4 Maou’root : patrimoine et développement local

Maou’root signifie « héritage » en arabe. Cette initiative se dédie à la gouvernance locale du patrimoine culturel, matériel et immatériel. Elle promeut la documentation participative, des programmes de conservation, des formations professionnelles pour les communautés locales, et la mise en place de circuits de tourisme culturel durable. Selon l’Organisation mondiale du tourisme, ce secteur pourrait créer plus de 10 millions d’emplois en Afrique d’ici 2035, à condition d’un pilotage stratégique des ressources patrimoniales et d’un développement des filières culturelles à forte valeur ajoutée.
 
3.5 Restauration des écosystèmes et résilience climatique

La dégradation des terres affecte aujourd’hui environ 280 millions de personnes en Afrique, avec des pertes économiques annuelles estimées à 68 milliards USD. Ce pilier de la plateforme vise à restaurer les moyens de subsistance de ces populations à travers des projets pilotes de régénération écologique, savanes, zones humides, littoraux. Il intègre l’agriculture régénérative, les chaînes de valeur locales (produits à base de ressources restaurées), les énergies renouvelables locales et une création d’emplois ruraux durables. L’objectif est de renforcer la résilience territoriale tout en stimulant des économies circulaires et inclusives.
 
4. Impacts économiques et modèles de financement

Pour atteindre les Objectifs de Développement Durable à l’horizon 2030, l’Afrique doit mobiliser environ 194 milliards USD par an, soit près de 7 % de son PIB continental. Toutefois, le continent dispose aujourd’hui d’importants leviers financiers non exploités : 1,8 trillion USD d’actifs institutionnels et plus de 500 milliards USD de transferts de diaspora attendus d’ici 2035. En réorientant ces flux via une fiscalité renforcée, des partenariats public-privé et un climat d’affaires attractif, cette plateforme constitue un modèle africain de financement du développement construit par l’Afrique pour l’Afrique, avec un fort potentiel de reproduction dans d’autres zones du Sud global.
 
5. Capacité de propagation et souveraineté normatrice

En proposant une structure de gouvernance équitable, une co-création normative, une production de savoirs endogènes et une action concrète ancrée sur les territoires, cette alliance devient un modèle pionnier de coopération africaine. Elle inaugure un nouveau paradigme : l’Afrique n’est plus spectatrice des transitions globales, mais actrice centrale des solutions globales, capable d’inspirer et d’exporter des modèles de développement durable et inclusif.
 
6. Conclusion : catalyser l’avenir africain

Le cycle officiel 2025–2027, tout en projetant son impact jusqu’en 2028, incarne un modèle de transformation stratégique : une Afrique qui ne subit plus l’histoire, mais la reconstruit et la guide. En conjuguant excellence académique, justice historique, innovation technologique et restauration écologique, cette initiative trace la voie d’un continent souverain, durable, ambitieux et influent, prêt à contribuer puissamment à une gouvernance internationale plus équilibrée et inclusive.
 







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