
Auteur de - L’intelligence artificielle au Maroc – Souveraineté, inclusion et transformation systémique -
Face à cette complexité, la pensée politique classique, et notamment celle de Thomas Hobbes, offre un point d’appui précieux pour interroger les fondements et les formes de la souveraineté. Dans Le Léviathan (1651), Hobbes défend l’idée d’un pouvoir absolu et centralisé, né d’un contrat social par lequel les individus renoncent à leurs droits naturels pour garantir la paix et l’ordre.
Mais à l’ère du digital globalisé, ce modèle de souveraineté verticale se heurte à des réalités nouvelles : fragmentation des autorités, interconnexion des systèmes, asymétries numériques, dépendance technologique, absence de cadre de régulation global. Dans mes recherches et publications récentes, j’ai proposé une lecture systémique, distribuée et évolutive de la souveraineté à l’ère numérique, fondée sur la maîtrise des infrastructures, la gouvernance des données, la souveraineté cognitive et l’appropriation locale des outils technologiques.
Dans Le Léviathan, Thomas Hobbes part d’un constat pessimiste : dans l’état de nature, les êtres humains sont livrés à eux-mêmes, dans un monde sans lois ni sécurité, dominé par la méfiance, la peur et le conflit. Il en conclut que pour échapper à cette situation anarchique, les individus doivent établir un contrat social, par lequel chacun renonce à son droit de tout faire pour sa survie, en échange de la protection d’un souverain.
Ce souverain, qu’il soit un roi ou une assemblée, n’est pas une simple autorité : il est une entité politique supérieure que Hobbes nomme le Léviathan.
Le Léviathan, emprunté à un monstre biblique, est ici une métaphore de l’État : un corps artificiel composé des citoyens, unifié par un pouvoir central. Il symbolise la souveraineté absolue, indivisible et irrécusable, seule garante de la paix et de la cohésion sociale.
Dans la gravure célèbre qui ouvre le livre, le Léviathan est représenté comme un géant couronné, dont le corps est formé de centaines de petits hommes — les citoyens — et qui tient une épée (pouvoir militaire) et une crosse (pouvoir religieux), incarnant ainsi la fusion du pouvoir temporel et spirituel.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus confrontés à une guerre civile entre individus, mais à un désordre technologique mondial, où la souveraineté des États est concurrencée, voire dissoute, par des acteurs privés globaux, des plateformes numériques, et des intelligences artificielles autonomes.
Les plateformes numériques décident de ce qui est visible, vrai, prioritaire, ou supprimé. Les modèles d’IA générative produisent contenus, décisions et interprétations à l’échelle de milliards d’utilisateurs. Les données circulent librement dans des architectures techniques qui échappent aux juridictions nationales.
Ce nouvel état de fait évoque un état de nature numérique, sans règles communes, dominé par la puissance technologique brute, les asymétries d’accès, et l’absence d’un pouvoir souverain reconnu au niveau mondial.
Hobbes fonde la souveraineté sur un acte rationnel de renoncement, en échange de la sécurité. Cette logique reste puissante à l’heure où les citoyens renoncent à leurs données pour accéder à des services numériques, ou acceptent d’être surveillés pour garantir leur sécurité.
Mais à la différence de Hobbes, le défi actuel n’est pas d’instaurer une autorité unique, mais d’orchestrer une gouvernance systémique : décentralisée mais coordonnée, forte mais légitime, souveraine mais inclusive.
Dans mes travaux, je défends l’idée d’un nouveau pacte numérique, qui ne repose pas sur la soumission à un Léviathan technologique, mais sur une intelligence collective articulant : une maîtrise souveraine des infrastructures numériques (cloud, connectivité, cybersécurité), une gouvernance éthique des données et des modèles d’IA, une éducation critique et active à la culture numérique, une coopération Sud-Sud et Nord-Sud pour bâtir des cadres partagés.
Le monde digital ne connaît ni frontières fixes ni monopoles légitimes. Il appelle donc à repenser la souveraineté comme une capacité à gouverner l’interdépendance, et non comme une simple autorité centralisée.
Cette souveraineté systémique repose sur plusieurs piliers : la souveraineté cognitive, c’est-à-dire la capacité des citoyens à comprendre les enjeux, à maîtriser les outils, à produire de la connaissance ; la justice algorithmique, qui garantit l’équité, la transparence et la redevabilité des décisions automatisées ; la régulation ouverte, qui articule les niveaux local, national et international ; la valorisation des ressources culturelles et linguistiques, dans un espace numérique dominé par l’anglais et les référents occidentaux.
Thomas Hobbes a pensé la souveraineté comme une réponse rationnelle à la peur du chaos. En ce sens, il reste un penseur fondamental. Mais le monde numérique globalisé ne peut être gouverné par un Léviathan unique et absolu.
C’est pourquoi je propose de transposer la logique hobbesienne dans une perspective systémique, inclusive et éthique. Le nouveau contrat social numérique doit être construit collectivement, par des citoyens éclairés, des États stratèges, et des institutions capables de piloter la transformation digitale sans la subir.
La souveraineté aujourd’hui ne consiste plus à imposer, mais à organiser la coopération, la régulation, l’intelligence partagée. Ce n’est pas un monstre, mais une architecture vivante, faite de confiance, de compétence, et de responsabilité collective.
Mon prochain livre, intitulé « IA, pont entre le Sud et le Nord – Le cas Maroc–France », développe de façon très détaillée l’objet de cet article, en croisant analyse théorique, études de cas et propositions concrètes pour une gouvernance numérique partagée entre les deux rives de la Méditerranée.
Mais à l’ère du digital globalisé, ce modèle de souveraineté verticale se heurte à des réalités nouvelles : fragmentation des autorités, interconnexion des systèmes, asymétries numériques, dépendance technologique, absence de cadre de régulation global. Dans mes recherches et publications récentes, j’ai proposé une lecture systémique, distribuée et évolutive de la souveraineté à l’ère numérique, fondée sur la maîtrise des infrastructures, la gouvernance des données, la souveraineté cognitive et l’appropriation locale des outils technologiques.
Dans Le Léviathan, Thomas Hobbes part d’un constat pessimiste : dans l’état de nature, les êtres humains sont livrés à eux-mêmes, dans un monde sans lois ni sécurité, dominé par la méfiance, la peur et le conflit. Il en conclut que pour échapper à cette situation anarchique, les individus doivent établir un contrat social, par lequel chacun renonce à son droit de tout faire pour sa survie, en échange de la protection d’un souverain.
Ce souverain, qu’il soit un roi ou une assemblée, n’est pas une simple autorité : il est une entité politique supérieure que Hobbes nomme le Léviathan.
Le Léviathan, emprunté à un monstre biblique, est ici une métaphore de l’État : un corps artificiel composé des citoyens, unifié par un pouvoir central. Il symbolise la souveraineté absolue, indivisible et irrécusable, seule garante de la paix et de la cohésion sociale.
Dans la gravure célèbre qui ouvre le livre, le Léviathan est représenté comme un géant couronné, dont le corps est formé de centaines de petits hommes — les citoyens — et qui tient une épée (pouvoir militaire) et une crosse (pouvoir religieux), incarnant ainsi la fusion du pouvoir temporel et spirituel.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus confrontés à une guerre civile entre individus, mais à un désordre technologique mondial, où la souveraineté des États est concurrencée, voire dissoute, par des acteurs privés globaux, des plateformes numériques, et des intelligences artificielles autonomes.
Les plateformes numériques décident de ce qui est visible, vrai, prioritaire, ou supprimé. Les modèles d’IA générative produisent contenus, décisions et interprétations à l’échelle de milliards d’utilisateurs. Les données circulent librement dans des architectures techniques qui échappent aux juridictions nationales.
Ce nouvel état de fait évoque un état de nature numérique, sans règles communes, dominé par la puissance technologique brute, les asymétries d’accès, et l’absence d’un pouvoir souverain reconnu au niveau mondial.
Hobbes fonde la souveraineté sur un acte rationnel de renoncement, en échange de la sécurité. Cette logique reste puissante à l’heure où les citoyens renoncent à leurs données pour accéder à des services numériques, ou acceptent d’être surveillés pour garantir leur sécurité.
Mais à la différence de Hobbes, le défi actuel n’est pas d’instaurer une autorité unique, mais d’orchestrer une gouvernance systémique : décentralisée mais coordonnée, forte mais légitime, souveraine mais inclusive.
Dans mes travaux, je défends l’idée d’un nouveau pacte numérique, qui ne repose pas sur la soumission à un Léviathan technologique, mais sur une intelligence collective articulant : une maîtrise souveraine des infrastructures numériques (cloud, connectivité, cybersécurité), une gouvernance éthique des données et des modèles d’IA, une éducation critique et active à la culture numérique, une coopération Sud-Sud et Nord-Sud pour bâtir des cadres partagés.
Le monde digital ne connaît ni frontières fixes ni monopoles légitimes. Il appelle donc à repenser la souveraineté comme une capacité à gouverner l’interdépendance, et non comme une simple autorité centralisée.
Cette souveraineté systémique repose sur plusieurs piliers : la souveraineté cognitive, c’est-à-dire la capacité des citoyens à comprendre les enjeux, à maîtriser les outils, à produire de la connaissance ; la justice algorithmique, qui garantit l’équité, la transparence et la redevabilité des décisions automatisées ; la régulation ouverte, qui articule les niveaux local, national et international ; la valorisation des ressources culturelles et linguistiques, dans un espace numérique dominé par l’anglais et les référents occidentaux.
Thomas Hobbes a pensé la souveraineté comme une réponse rationnelle à la peur du chaos. En ce sens, il reste un penseur fondamental. Mais le monde numérique globalisé ne peut être gouverné par un Léviathan unique et absolu.
C’est pourquoi je propose de transposer la logique hobbesienne dans une perspective systémique, inclusive et éthique. Le nouveau contrat social numérique doit être construit collectivement, par des citoyens éclairés, des États stratèges, et des institutions capables de piloter la transformation digitale sans la subir.
La souveraineté aujourd’hui ne consiste plus à imposer, mais à organiser la coopération, la régulation, l’intelligence partagée. Ce n’est pas un monstre, mais une architecture vivante, faite de confiance, de compétence, et de responsabilité collective.
Mon prochain livre, intitulé « IA, pont entre le Sud et le Nord – Le cas Maroc–France », développe de façon très détaillée l’objet de cet article, en croisant analyse théorique, études de cas et propositions concrètes pour une gouvernance numérique partagée entre les deux rives de la Méditerranée.