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Culture

Histoire : La Marche verte racontée par Mohammed Dakka


Rédigé par MAP le Lundi 10 Novembre 2025

"Ici Radio du Royaume du Maroc à Laâyoune" (Décembre, 1975). Un demi-siècle plus tard, ces mots prononcés par la voix grave et puissante de feu Mohamed Jad, annonçant l'aube d’une ère nouvelle, résonnent encore dans la mémoire du journaliste Mohammed Dakka..



 


Août 1974. À 27 ans, Mohammed Dakka, journaliste formé au quotidien "Al Alam", rejoint la Radio Nationale dans un contexte de mobilisation nationale autour du parachèvement de l’intégrité territoriale du Royaume.

 

Quelques semaines plus tôt, Feu Sa Majesté Hassan II avait proclamé, dans son discours du 9 juillet 1974, "l’année de la libération et de l’unité", donnant ainsi le signal d’une vaste dynamique de mobilisation nationale. Les médias nationaux furent au premier rang de cet élan.

 

Aguerri par son passage au journal de l’Istiqlal (1970-74), Mohammed Dakka s’était forgé une solide conscience politique, nourrie par les écrits de feu Allal El Fassi sur les causes nationales et l’unité, qui allaient marquer durablement sa vision du journalisme engagé au service de la Patrie.

 

Le jeune journaliste supervise alors l’émission bihebdomadaire "La Voix du Sahara". Quelques semaines plus tard, il fait partie de l’équipe fondatrice de la radio "Sawt Attahrir wal Wahda" (La Voix de la libération et de l’unité), installée à Tarfaya, en septembre 1974.

 

"Nous vivions un moment de mobilisation nationale inédit. La question du Sahara marocain était une cause de foi et de dignité. Je sentais que ma mission était de participer à la libération et à l’unité du pays", souligne Dakka, dans un entretien à la MAP.

 

Couvrant la région de Sakia El Hamra, alors sous administration espagnole, la radio de Tarfaya avait pour mission de contrer la propagande émise depuis la radio de Laâyoune, en diffusant la voix du Maroc libre et le message de son unité retrouvée.

 

"Nous ne disposions que de moyens rudimentaires - un magnétophone, une machine de diffusion, une petite cabine et un poste radio pour suivre l’actualité - mais notre voix était forte, portée par la conviction inébranlable de la justesse de notre cause", se souvient-il.

 

Le journaliste Benaïssa El Fassi présentait les journaux, lui assurait le commentaire politique quotidien, tandis que Benaïssa Hajji assurait la technique et Mohamed Jad, depuis Tan-Tan, envoyait des reportages et des entretiens en hassania.

 

L’équipe bénéficiait du soutien logistique des Forces Armées Royales, notamment pour les déplacements dans une zone encore sous tension. Six mois passés à Tarfaya, Mohammed Dakka et ses collègues regagnent Rabat. La mobilisation se poursuit.

 

Le 16 octobre 1975, la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye rend son avis consultatif confirmant l’existence de liens juridiques et d’allégeance entre les Sultans du Maroc et les tribus sahraouies. Le même jour, Feu SM Hassan II annonce, dans un discours historique, l’organisation d’une Marche Verte pacifique.

 

Le 5 novembre, le regretté Souverain s’adresse à la Nation dans un discours resté gravé dans la mémoire collective : "Demain, tu franchiras la frontière. Demain, tu entameras ta Marche. Demain, tu fouleras une terre qui est tienne. Tu palperas des sables qui sont tiens. Demain, tu embrasseras un sol qui fait partie intégrante de ton cher pays (...)".

 

Mohammed Dakka aurait tant voulu prendre part à la Marche Verte, aux côtés des 350.000 Marocains qui ont répondu à "Nidae Al Hassan". Mais le destin en décida autrement. Retenu à Rabat pour assurer la coordination de son émission devenue quotidienne après l’annonce de la Marche.

 

Il vécut ces journées intenses, les larmes aux yeux, rivé à son micro. Il n’était pas sur le sable du Sahara, mais son âme - et surtout sa voix - y étaient.

 

"Il est des choses que les mots ne peuvent décrire… Il en est ainsi de la Marche Verte. Cet acte de foi collective, ce miracle d’unité nationale...", relève le journaliste, le regard plongé dans le fil de ses souvenirs.

 

Après la Glorieuse Marche Verte et les Accords de Madrid du 14 novembre 1975, une phase transitoire précède la restitution définitive des provinces du Sud. Mohammed Dakka est appelé à rejoindre Laâyoune pour participer, avec d’autres cadres marocains, à la reprise des administrations locales.

 

Quelques semaines avant le départ du dernier soldat espagnol des provinces du Sud (le 28 février 1976), l’équipe de la Radio Nationale obtient le droit de diffuser une heure quotidienne sur les ondes de Radio Laâyoune. Cette même station qui, jadis, relayait les messages hostiles à l’intégrité territoriale du Royaume !

 

Pour Mohammed Dakka et ses collègues, cet instant symbolise le devoir accompli, mais aussi le triomphe de la voix du Maroc libre sur celle de la colonisation.

 

"Ici Radio du Royaume du Maroc à Laâyoune"… furent les premiers mots prononcés par feu Mohamed Jad, annonçant le retour de la souveraineté nationale sur les ondes du Sahara marocain.

 

Le 28 février 1976, c’était au tour de Mohammed Dakka de commenter un moment d’histoire. "Je revois encore le colonel Valdés abaissant le drapeau espagnol, avant que le drapeau marocain ne soit hissé haut dans le ciel de Laâyoune. J’enregistrais le reportage pour la radio centrale et pour Radio Laâyoune. C’était un moment d’émotion pure", se souvient-il, la voix empreinte de la même intensité qu’à l’époque.

 

Mohammed Dakka est nommé responsable de la Radio de Laâyoune, et supervisera ensuite la création de Radio de Dakhla, opérationnelle dès mars 1981, à l’occasion de la visite royale de Feu SM Hassan II dans la région.

 

Entre Tarfaya, Laâyoune et Dakhla, il aura consacré plus de 34 ans à faire rayonner la voix du Maroc dans ses provinces du Sud et à affronter les discours haineux des ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume, héritiers du discours du colonisateur d’hier.

 

Et la marche s’est poursuivie…

 

Cinquante ans plus tard, Mohammed Dakka considère que, grâce au leadership visionnaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l’action du Royaume s’est renforcée et consolidée dans ses provinces du Sud à travers une approche de développement global, fondée sur la promotion de la démocratie locale.

 

Parti à la retraite en 2007, il voit une coïncidence symbolique dans le fait que son départ intervienne la même année où le Maroc a présenté son projet d’autonomie pour le Sahara.

 

"Le projet d’autonomie présenté par le Maroc sous la conduite éclairée de SM le Roi a clos définitivement le conflit artificiel autour de la marocanité du Sahara", souligne Mohammed Dakka, la voix empreinte de conviction.

 

"C’est la solution réaliste, crédible et conforme à l’esprit d’unité nationale que j’ai vu se construire au fil des décennies", soutient-il.

 

À l’heure où le peuple marocain commémore le cinquantenaire de la Marche Verte, la voix de Mohammed Dakka demeure celle d’une génération de journalistes qui ont porté haut la vérité et défendu, avec foi et loyauté, les valeurs de la Patrie.








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