La cérémonie de lancement a été marquée par la présence de Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, de Chakib Alj, président de la CGEM, de Brahim Benjelloun Touimi, président du Conseil d’Administration de la Bourse de Casablanca, de Tarik Senhaji, directeur général de la Bourse de Casablanca, ainsi que de Nasser Nasser Seddiqi, directeur du pôle Métiers de l’AMMC. Les dirigeants des entreprises industrielles sélectionnées pour participer à ce programme étaient également présents lors de cet événement.
Le programme a pour ambition de former et d’accompagner les champions nationaux opérant dans des secteurs stratégiques tels que l’agroalimentaire, la pharmacie, la chimie-parachimie et la métallurgie. Au total, trente entreprises industrielles marocaines de premier ordre ont été sélectionnées, dont certaines affichent déjà un chiffre d’affaires dépassant les 500 millions de dirhams.
La formation se déploiera autour de quatre modules complémentaires, à savoir le mindset entrepreneurial et l’ouverture du capital, la stratégie, gouvernance et organisation, le panorama des solutions de financement ainsi que la construction et valorisation de l’Equity Story.
À l’issue du programme, les entreprises bénéficieront des connaissances, des outils et des bonnes pratiques nécessaires pour structurer leurs projets de financement via le marché des capitaux, notamment à travers une introduction en Bourse.
Les partenaires à l’origine de ce dispositif ont réaffirmé leur volonté de soutenir la croissance des entreprises marocaines et de contribuer à l’édification d’un tissu économique compétitif, solide et durable. Ils ont également insisté sur le rôle central du marché des capitaux, et en particulier de la Bourse, dans le financement de l’économie nationale.
L’industrie au service de l’emploi
Dans son intervention, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a livré un discours empreint de pragmatisme et de détermination. Il a souligné que l’industrie constitue un levier essentiel pour répondre aux attentes de la jeunesse marocaine. « L’un des besoins essentiels de notre jeunesse est de pouvoir rêver d’un avenir meilleur, de construire sa vie dans un cadre décent. Nous avons la chance de former des jeunes d’un très haut niveau, capables de créer des emplois durables et intéressants. Mon seul objectif, c’est de pouvoir leur offrir de l’emploi », a affirmé M. Mezzour.
Il a insisté sur le rôle direct et indirect de l’industrie comme moteur de croissance et de création d’emplois : « Nous devons croître plus vite, conquérir des marchés plus rapidement, car la création d’emplois ne peut attendre », a-t-il ajouté.
Le ministre a rappelé que la croissance économique du Maroc atteindra 5,5 % en 2025, contre 3,8 % en 2024, et ce malgré une campagne agricole moyenne. Ces chiffres, selon lui, traduisent une dynamique exceptionnelle d’investissement et d’industrialisation.
Il a exhorté les chefs d’entreprises à assumer une double responsabilité : d’une part, accélérer la création d’opportunités pour les jeunes et, d’autre part, réussir leurs premières expériences de financement et d’expansion, quitte à les adapter pour les rendre plus efficaces.
Ryad Mezzour a également mis l’accent sur la nécessité de dépasser le marché national pour capter de nouvelles opportunités : « Nous devons aller chercher la croissance et la richesse à l’extérieur, à travers l’export et de nouvelles opportunités. C’est ainsi que nous pourrons rapatrier des bénéfices et les transformer en emplois et en développement chez nous », a-t-il souligné.
Il a conclu son intervention en réitérant son engagement : « C’est bon pour vous, c’est bon pour l’économie, c’est bon pour les jeunes et c’est bon pour le pays. Alors allons-y, sans hésiter. »
La voix du patronat : industrialisation et diversification des financements
Pour sa part, Chakib Alj, président de la CGEM, a mis en avant le rôle stratégique de la diversification des sources de financement comme levier essentiel pour accélérer l’industrialisation du Maroc et consolider sa souveraineté économique.
« L’industrie n’est pas seulement un secteur productif, elle est un secteur structurant », a-t-il déclaré. Selon lui, chaque investissement industriel génère des retombées positives sur l’ensemble de l’économie, notamment dans les secteurs du transport, de la logistique, de l’ingénierie, de la banque ou de l’assurance. Il a rappelé qu’un emploi industriel entraîne la création de deux emplois supplémentaires dans les services, illustrant l’effet multiplicateur de l’industrie.
Prenant l’exemple du phosphate, il a montré comment la valeur ajoutée est multipliée par cinq entre la roche brute et le produit exporté. « C’est cela, le sens profond de l’industrialisation : capter davantage de richesses locales, renforcer notre souveraineté et bâtir un avenir durable », a-t-il insisté.
Des avancées stratégiques grâce à la vision royale
Chakib Alj est également revenu sur les grandes réalisations du Royaume au cours des 25 dernières années. Il a cité le développement spectaculaire de secteurs tels que l’automobile, l’aéronautique et les énergies renouvelables.
Il a affirmé qu’en 2025, le Maroc est devenu le premier producteur automobile en Afrique, devant l’Afrique du Sud et même l’Italie, et a rappelé que le taux d’intégration dans la filière atteindra 80 % d’ici 2030.
Dans le domaine énergétique, plus de 41 % de la capacité installée provient déjà des énergies renouvelables, un atout majeur qui attire de nouveaux écosystèmes industriels, notamment autour des batteries, de la mobilité électrique et de l’hydrogène vert.
Lever les obstacles pour accélérer la cadence
Malgré ces avancées, le président de la CGEM a souligné la nécessité de lever un certain nombre de freins qui ralentissent encore le développement industriel. Parmi eux : la formation, l’innovation, le code du travail et la lourdeur administrative en matière de certification.
Il a insisté sur l’importance d’une diversification accrue des sources de financement et sur la place centrale que doit occuper la Bourse dans ce processus. « La Bourse n’est pas seulement un outil de financement, c’est un levier de transformation, de gouvernance et de compétitivité », a-t-il déclaré.
Un potentiel boursier encore sous-exploité
Les chiffres confirment toutefois l’intérêt croissant pour ce marché : en 2025, plus de 4,1 milliards de dirhams ont été levés, avec des émissions obligataires largement sursouscrites, traduisant une forte demande des investisseurs.
Vers une transformation culturelle et stratégique
Enfin, Chakib Alj a mis en avant la dimension culturelle de l’introduction en Bourse. Selon lui, il s’agit d’un changement profond qui permet aux entreprises de passer d’une logique patrimoniale à une logique de croissance partagée. Elle favorise également une meilleure gouvernance, plus de transparence et une reconnaissance accrue du marché.
« Pour les entrepreneurs, c’est un moment particulier, une reconnaissance du travail accompli, et un moyen de valoriser et d’assurer la pérennité de leur entreprise », a-t-il conclu.