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Marché de l'emploi : Les nouvelles promesses de la tutelle pour un nouvel élan


Rédigé par Y. B. Mercredi 2 Juillet 2025

​Près d’un actif sur deux au Maroc ne possède aucun diplôme. Le gouvernement mise sur trois chantiers majeurs pour favoriser leur insertion professionnelle et répondre aux besoins du marché du travail. Détails.



La catégorie de travailleurs sans aucun diplôme représente encore 43% de la population active au Maroc, bien qu'elle ait fortement reculé depuis 2013, où elle s'élevait à 68%. "Elle reste une composante significative du marché du travail et nécessite une attention ciblée" a affirmé le ministre de l'Inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences, Younes Sekkouri lors de la séance de questions orales à la Chambre des représentants, tenue le lundi 30 juin.

Pour améliorer l’employabilité de ces non-diplômés, le gouvernement prévoit d’élargir la formation professionnelle par alternance, portant le nombre de bénéficiaires annuels de 31.000 à près de 100.000 d’ici la fin de l’année 2025.

Avec un budget de 500 millions de dirhams pour le programme y afférent, trois chantiers structurants sont en cours. Les présidents des Régions sont appelés à compléter ce projet par des subventions spéciales.

Non-diplômés : 3 axes structurants pour améliorer leur employabilité 

Le gouvernement a identifié trois leviers prioritaires pour renforcer les compétences de cette frange de la population active. Le premier concerne la formation professionnelle continue, considérée comme le pilier central de cette stratégie. Ce chantier, longtemps en souffrance, a été relancé grâce aux avancées du dialogue social, notamment depuis la session d’avril 2024. « Un plan de réforme a été élaboré à cet effet, avec un lancement prévu avant la prochaine session, prévue en septembre », a indiqué Younes Sekkouri.

Le second axe porte sur la validation des acquis de l’expérience (VAE), destinée aux personnes exerçant un métier sans disposer de certification formelle. La tutelle affirme que des expérimentations ont été menées dans les secteurs du tourisme et de l’artisanat, impliquant près de 3.000 bénéficiaires, avec des résultats jugés « très positifs ».

Le renforcement de la formation par apprentissage, destinée aux personnes non diplômées désireuses d’intégrer rapidement le marché du travail, constitue le troisième levier. L’ambition est de faire passer le nombre de bénéficiaires de ce dispositif de 31.000 actuellement à 100.000 d’ici la fin de l’année 2025. 

Le ministre a souligné que ces efforts s'inscrivent dans une dynamique positive : "Les chiffres sont en amélioration, mais nous devons maintenir l'effort. Nous visons de meilleurs résultats d'ici la fin de l'année".
 
La formation-emploi au service des secteurs stratégiques

Interpellé sur les moyens d’accompagnement des secteurs stratégiques comme l’automobile, l’aéronautique, l’électronique ou encore l’offshoring, le ministre a rappelé que l’adéquation entre formation et emploi restait l’outil principal.

« Sous l’impulsion de la vision royale et grâce aux moyens mobilisés par le gouvernement, nous avons enclenché une dynamique de libération des compétences », a-t-il affirmé. Pour cela, des « villages de formation » dotés de plateformes industrielles miniatures sont en cours de développement, afin de répondre aux besoins spécifiques des territoires.

Par ailleurs, la maîtrise de l’anglais, bien qu’importante, ne suffit plus selon Sekkouri ; les compétences techniques dans les filières pointues doivent également être renforcées. 

Et d’ajouter : « Quinze instituts sectoriels spécialisés sont d’ores et déjà opérationnels, notamment dans l’automobile et l’aéronautique avec une enveloppe d’un milliard de dirhams allouée à ce chantier ». 

« L’objectif ultime reste d’aligner les compétences avec les besoins des entreprises, même dans les phases les plus avancés de production ».  

Un contrôle renforcé du travail sous-traité 

En réponse à une question relative aux sociétés de sous-traitance, en particulier celles actives dans l’aménagement des espaces verts, Younes Sekkouri a fait état de nombreuses irrégularités constatées. Plus de 42.500 inspections ont été effectuées sur le terrain, aboutissant à quelque 357.000 observations, dont 11.000 liées à l’absence de contrat écrit, 13.000 concernant les conditions de travail, 1.200 infractions en matière de santé et de sécurité au travail, ainsi que 19.000 manquements en matière de protection sociale, dont 10.000 cas de non-affiliation à la CNSS.

Ces opérations de contrôle ont donné lieu à l’établissement de 259 procès-verbaux pour infractions constatées.

Autant de situations qui appellent une réforme structurelle en profondeur, afin de corriger les manquements constatés et mettre un terme aux dépassements persistants. Dans cette optique, le gouvernement affirme avoir engagé une revalorisation progressive du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et prépare une refonte du Code du travail, tout en renforçant les mécanismes de contrôle nécessaires.

Code du travail : l’heure de la révision a sonné

Le ministre a rejoint les parlementaires de la chambre basse dans la réforme du Code du Travail comme impératif de toute future politique de l’emploi. « On ne résoudra pas les problèmes du chômage sans une réforme du Code de Travail lisible, flexible et en phase avec les mutations actuelles », précise-t-il.
 
Sekkouri a tenu à vanter le bilan de son ministère dans la création d’emploi. Il a notamment insisté sur le taux de croissance qui a augmenté par rapport aux années précédentes, sur les chantiers relatifs à la Coupe du Monde qui produiraient déjà leurs effets, sur l’accessibilité des formations professionnelles, et sur le dialogue social.

Reste la réforme du Code du Travail pour parachever ce bilan, un cadre législatif qui résoudrait, selon lui, des problèmes s’inscrivant dans une temporalité et une échelle autres que celle des ponctuels programmes gouvernementaux, et qu’il ne peut donc résoudre de son propre chef.

Il ne s'agit pas d'une réforme exhaustive qui touchera les 600 articles de l’actuel Code, mais ciblera plutôt quelques points prioritaires. Le premier concerne les injustices que subissent certaines catégories professionnelles dont les agents de sécurité et les employés des jardinages qui travaillent plus de 12 heures.  

En outre, la réforme portera sur la réglementation des nouveaux métiers qui ne disposent pas de cadre légal comme les livreurs. Il est aussi question d'organiser les nouvelles tendances professionnelles comme le travail à temps partiel et le télétravail. Le ministre a également abordé le travail des femmes et des jeunes, que le Code actuel n’encadre pas suffisamment.

L’enjeu principal de la réforme du Code du Travail est de rester en phase avec les développements socioéconomiques de notre société. « Il ne faut pas que la société soit d’un côté et l’Etat d’un autre », indique le ministre qui a insisté sur la mise en place d’un cadre légal qui tient compte ses nouvelles modalités d’emploi et permet l’épanouissement des nouveaux métiers. « La société doit se libérer des chaînes de la vieille économie », a-t-il plaidé.

Repère

Création de 288.000 emplois : une avancée notable, mais le chômage reste préoccupant

Malgré un contexte économique difficile marqué par un taux de chômage qui dépasse les 13 %, le ministre de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri, a annoncé devant les parlementaires, lundi, la création de quelque 288.000 emplois rémunérés et déclarés depuis le début de l’année.

« Ce ne sont pas des postes informels, mais bel et bien des emplois rémunérés, validés par les données du Haut-Commissariat au Plan », a-t-il précisé, ajoutant que cette dynamique permet progressivement de compenser les pertes enregistrées en 2024.

Cependant, plusieurs parlementaires ont relativisé ces résultats, estimant qu’ils restent insuffisants pour inverser la courbe du chômage, notamment chez les jeunes. « Le gouvernement s’était engagé à ramener le taux de chômage à 8 %, or il dépasse aujourd’hui les 13 % », ont rappelé certains députés, dénonçant un écart préoccupant entre les promesses et la réalité sociale.

Si la progression de l’emploi est bien réelle, elle peine encore à répondre aux attentes d’une jeunesse en quête d’insertion et à combler les fractures du marché du travail.

"Nous sommes pleinement engagés. Les chiffres montrent une amélioration, mais nous restons mobilisés pour faire mieux encore. Je vous assure que d'ici la fin de l'année, les résultats seront bien plus probants", a conclu le ministre.
 







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