L'Opinion Maroc - Actuali
Consulter
GRATUITEMENT
notre journal
facebook
twitter
youtube
linkedin
instagram
search



Actu Maroc

Vulnérabilité sismique : Le Royaume est-il bien armé contre les catastrophes naturelles ?


Rédigé par Houda BELABD Mardi 18 Octobre 2022

Assurances obligatoires, fonds d’aide aux sinistrés, caisse nationale anti-catastrophes…, la réglementation marocaine devient de plus en plus prolifique quant à la gestion des sinistres de Dame Nature. Détails.



Le monde vient de célébrer la Journée de la prévention des catastrophes naturelles le 13 octobre. Au Maroc, des sismologues, géologues et topographes, parmi tant d’autres connaisseurs des sciences de la Terre, ont tenu, à coup de sorties médiatiques et conférences dédiées, à dresser un nouveau bilan des mesures de conservation préventive permettant de réduire les conséquences des catastrophes naturelles, des plus aux moins épouvantables.

«Les glissements de terre, les écroulements, les coulées de débris, les sapements de berge et les inondations arrivent en tête des catastrophes qui guettent souvent le Maroc », lance d’emblée le sismologue Lahsen Aït Brahim, interrogé par nos soins sur la question, avant de poursuivre : «Les tremblements de terre et tsunamis sont tout aussi plausibles mais ils ne sont pas aussi fréquents que nous pourrions le penser». Propos rassurants ? Presque. En effet, de plus en plus d’études ponctuelles traitant de la vulnérabilité sismique d’un certain nombre de villes marocaines telles que Taza, Chefchaouen, Tétouan, Tatounate, Al Hoceima, etc., basent leurs synthèses sur la Méthode de l’Indice de Vulnérabilité (MIV).

Développée dans le cadre d’un projet maroco-européen, elle vise à renforcer l’infrastructure de la surface terrestre, la terre intérieure et l’infrastructure sous-marine des deux côtés de la Méditerranée. La raison ? Les catastrophes naturelles ne connaissent pas de frontières géographiques et, en cas de catastrophe diluvienne, les pays voisins, même ceux d’outre-mer, sont susceptibles d’être touchés. Mais à tout point de vue, le Royaume reste un cas spécial pour avoir subi, au cours des siècles précédents, de nombreux tremblements de terre ravageurs, causant de nombreuses victimes et d’énormes dégâts.

Par conséquent, il est devenu nécessaire, voire vital, de s’intéresser au risque sismique et plus particulièrement à la vulnérabilité de nos maisons et de nos villes. Toujours selon les propos du sismologue Lahsen Aït Brahim, Al Hoceima est située dans une zone sismiquement active et caractérisée par une pente allant de 10% à 40%. Les bâtiments de cette ville font d’ailleurs l’objet de plusieurs visites techniques régulières.

Ainsi, ces édifices sont analysés, classés et répartis dans la ville, en fonction de leur typologie et de leurs caractéristiques géométriques et matérielles. Ce qui ressort des études consacrées à cette ville est comme suit : la typologie des bâtiments ayant la même performance sismique a été identifiée.

Ensuite, l’indice de vulnérabilité totale de chaque bâtiment a été calculé. Une carte de vulnérabilité sismique de la ville a été bel et bien établie. Les valeurs de l’indice de vulnérabilité varient entre 0,2 et 0,9. Les résultats montrent, somme toute, que les quartiers d’Aghza Aboulay et de Mirador Haut sont d’une vulnérabilité très élevée. En termes de prévention antisismique, continue notre sismologue, les résultats constituent un guide potentiel pour la gestion du risque sismique car ils permettent l’élaboration de plans de prévention des séismes.

Quid du Fonds d’aide aux sinistrés ?

En sus de la création d’un Fonds de solidarité contre les catastrophes (toutes, même humaines, à l’instar du terrorisme, ndlr), moult dispositions légales connexes permettent de couvrir l’ensemble des citoyens et résidents au Maroc. Parmi elles, nommons l’assurance anti- catastrophes lancée en 2016 par l’ACAPS (l’Autorité de surveillance des assurances et des affaires sociales). Celle-ci est incluse dans tous les contrats d’assurance, à l’exception de l’assurance- vie.

Opérationnel depuis le début de 2020, le Fonds de solidarité en cas de catastrophes implique une taxe de 1% sur les primes et les cotisations versées au titre de toutes les assurances, hormis l’assurance-vie. De surcroît, un projet de décret d’application de la loi n° 110-14 du 25 août 2016, instituant un régime de couverture des catastrophes naturelles, a été approuvé par le Conseil de gouvernement le 21 mars 2019.

Ce projet instaure un double système d’indemnisation : un dispositif indemnitaire à l’égard des victimes titulaires d’une police d’assurance et des allocations destinées aux autres victimes non assurées.



Houda BELABD

Repère

Nizar Baraka : 15,5 millions de dirhams pour la prévention anti-tsunamis
En réponse à une question du groupe parlementaire du Parti Authenticité et Modernité (PAM), le ministère de l’Equipement et de l’Eau a révélé qu’il menait une étude technique pour établir une barrière de protection sur la côte de Salé afin de renforcer et protéger le littoral. Ainsi, et selon le département de Nizar Baraka, le coût de cette étude s’élève à 15,5 millions de dirhams, et elle devrait être achevée avant la fin de l’année 2022.

Le ministère a également indiqué que la réalisation de cette étude passe par plusieurs étapes, dont la collecte des données naturelles, les explorations géophysiques, l’étude d’ingénierie préliminaire du projet, l’étude géotechnique et l’étude technique. Le ministère a ajouté que le coût des travaux est évalué à près de 1 milliard de dirhams. Excepté que la planification des travaux demeure soumise à l’allocation des fonds financiers requis et à l’identification des parties concernées pour assurer le financement du projet dans le cadre d’un contrat de partenariat.

L'info...Graphie

Vulnérabilité sismique : Le Royaume est-il bien armé contre les catastrophes naturelles ?

Côtes atlantiques


De la vulnérabilité aux tsunamis
 
En 2021, alors que le climat pandémique était propice aux élucubrations eschatologiques les plus stupéfiantes, un documentaire américain sorti en 2014, prédisant un tsunami qui devra déferler sur la côte atlantique, des Canaries aux fins confins du Maroc, a refait surface et est devenu le sujet favori d’un bon nombre de citoyens.

Le bilan épidémiologique rappelant vaguement le scénario d’Apocalypse Now de Francis Ford Coppola était tel que beaucoup de nationaux auraient gagné en stoïcisme au point d’en devenir fatalistes. Parmi eux, ceux qui attendaient de pied ferme la n des temps en 2012 sont revenus à la charge avec, cette fois-ci, des preuves «formelles» de la véracité et la loyauté de leurs théories. Seul bémol, beaucoup de scientifiques affirment que la côte Atlantique, des Iles Canaries au Portugal en passant par le Maroc et Gibraltar, n’est pas à l’abri d’un tsunami diluvien.

De même, prédire la date précise d’un tsunami n’est pas chose aisée. Car les signes précurseurs d’une telle catastrophe sont immédiats et se manifestent par un tremblement de terre pouvant durer plusieurs dizaines de secondes, suivi d’une diminution considérable du niveau d’eau sur les côtes.
 

Histoire


Le tsunami le plus meurtrier au monde
 
La puissance du séisme le plus important au monde depuis 1960 est telle que la terre s’en était soulevée, entraînant une vague qui a ravagé, trente minutes plus tard, la province indonésienne d’Aceh, faisant partie du Sumatra. Ce sera la zone la plus affectée, car à la limite immédiate de l’épicentre : plusieurs dizaines de villages sont effacés de la carte, la force de la secousse a même déplacé des îles.

Pour la seule côte occidentale de Sumatra, 131.000 habitants ont péri. Ensuite, la déferlante a envahi tout le littoral du golfe du Bengale, atteignant successivement les côtes de la Thaïlande, de la Birmanie, du Sri Lanka, de l’Inde (y compris les archipels d’Andaman et de Nicobar). Six heures à peu près après le déclenchement de la catastrophe, ce sont les côtes de l’Afrique de l’Est (Somalie, Tanzanie, Kenya) qui ont été affectées par le gigantesque raz de marée. Bien que peu fréquents, les tsunamis font partie des catastrophes naturelles les plus meurtrières. Ils ignorent les frontières. Les populations côtières généralement regroupées dans des zones basses et densément peuplées y sont particulièrement exposées.

Pour mieux organiser la protection contre le phénomène des tsunamis, la coopération internationale est indispensable, et seuls les systèmes d’alerte mis en place aux points stratégiques à travers le monde peuvent en donner l’alerte. En décembre 2015, l’Assemblée Générale des Nations Unies a fait du 5 novembre la Journée mondiale de la prévention des tsunamis.
 

3 questions à Lahsen Aït Brahim

Vulnérabilité sismique : Le Royaume est-il bien armé contre les catastrophes naturelles ?


« Il est possible de construire des villes intelligentes au Maroc »

 
Sismologue, Lahsen Aït Brahim répond à nos questions.

- De plus en plus de sociologues pensent qu’il ne faudrait pas annoncer aux Marocains, à coup de discours officiels, la vulnérabilité sismique de leurs villes, afin de ne pas créer la psychose. Qu’en pensez-vous ?


- Il est du devoir de chaque homme de science qui se respecte de sensibiliser l’humain aux dangers qui le guettent. Entamé en 2008, sur instruction royale et en étroite collaboration avec le ministère de l’Urbanisme, un dispositif permettant d’élaborer des plans de prévention contre les catastrophes naturelles, a fortiori le séisme, les glissements de terrains et le tsunami, va bon train.

De ce fait, depuis 2016, il existe une caisse appelée le FSFC, soit le Fonds de Solidarité contre les événements catastrophiques, englobant toutes les catastrophes qui puissent survenir, même celles humaines, à l’instar du terrorisme. De plus, si nous prenons le cas de la vulnérabilité sismique d’une ville comme Al Hoceima, sachez que l’Agence urbaine de la province ne laisse rien au hasard. Les populations locales savent pertinemment là où il est dorénavant permis de construire et là où la construction est périlleuse.


- Nous sommes à l’ère des smart cities et des villes de l’avenir aux pentes adaptables aux reliefs limitrophes. Pourquoi ne pas investir dans ce sens au Maroc, ne serait-ce que dans les villes sanctionnées par les conditions sismologiques ?

- Il est possible, avec les moyens de bord, de construire des villes intelligentes avec des pentes légères pouvant résister aux secousses légères et d’adapter la canalisation aux zones à risques en envoyant l’excès des eaux aux endroits qu’il faut pour éviter les glissements de terrains, surtout en cas de pluviométrie plutôt importante. Cela nous éviterait deux catastrophes naturelles : les inondations et les glissements de terrains.

Cependant, cela impliquerait plus de savoir-faire que d’argent, car beaucoup de branches scientifiques entrent en jeu, comme la géotechnique, la géophysique, la géomatique et pas seulement. Quant au budget, 12 millions de dhs serviraient à peine à étudier la vulnérabilité du bâti et la faisabilité d’un tel projet.


- A quel point sommes-nous protégés quant aux catastrophes naturelles ?

- Des cartes de réhabilitation urbaine nous permettent, depuis bien des années, d’éviter le pire, et ce, depuis l’entrée en vigueur du Code de construction parasismique il y a environ une vingtaine d’années.


Recueillis par H. B.








🔴 Top News