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Vols internationaux : Plaidoyer pour une fin du lockdown aérien


Rédigé par Anass MACHLOUKH Mardi 18 Janvier 2022

Après plus d’un mois et demi de la fermeture des frontières, le maintien de la suspension des vols n’est plus justifiée sur le plan épidémiologique, selon des experts qui plaident pour la réouverture des frontières et la coexistence avec la pandémie. Détails.



Ph : MOSA'AB ELSHAMY / AP
Ph : MOSA'AB ELSHAMY / AP
Cela fait maintenant plus d’un mois et demi que les frontières aériennes sont fermées sans qu’aucun indice ne laisse présager des intentions des autorités compétentes. En guise de précaution sanitaire, le Royaume a fermé ses frontières, le 28 novembre dernier, afin de parer à l’entrée du variant Omicron. La nouvelle souche a fini, deux semaines plus tard, par infiltrer le pays, provoquant une nouvelle vague de contaminations.

Compte tenu de cette réalité, l’utilité du maintien de la fermeture des frontières est de plus en plus remise en question dans les cercles scientifiques, dont quelques voix se sont élevées pour plaider la réouverture des frontières internationales.

Parmi ces voix, Azeddine Ibrahimi, membre du Comité scientifique, qui a estimé que rien ne justifiait la suspension des vols internationaux, maintenant que la nouvelle souche envahit le pays et fait exploser le nombre des contagions. Dans une publication sur son compte Facebook, l’expert, connu pour ses multiples plaidoiries pour la levée des restrictions, a appelé à rouvrir les frontières aériennes pour plusieurs raisons.

Il est temps de vivre avec la pandémie !

Pour argumenter son postulat, Azeddine Ibrahimi avance l’idée que la fermeture des frontières n’est qu’une mesure de prévention pour ralentir l’entrée de la nouvelle mutation du Covid-19 au Maroc. Il serait illusoire de croire que la fermeture aurait pu empêcher l’entrée du virus. «La fermeture des frontières nous a permis de gagner du temps pour mieux nous préparer à la nouvelle vague et de mieux connaître la nouvelle souche», a-t-il indiqué, expliquant qu’Omicron n’est pas aussi virulent qu’on le croit.

Bien que le Maroc soit toujours envahi par la nouvelle vague, le maintien de la fermeture des frontières reste inutile et sans incidence sur le cours de la pandémie, pense M. Ibrahimi. Évoquant une récente étude américaine, il précise que les personnes atteintes de la nouvelle souche risquent 53% moins d’être hospitalisées que celles atteintes de Delta. En plus, le risque d’aller en réanimation demeure inférieur de 74% à celui de Delta.

M. Ibrahimi continue sa démonstration en affirmant que la nouvelle souche est moins meurtrière, puisque les patients Omicron encourent 91% moins le risque de décès. Conclusion : vivre et coexister avec la pandémie, telle est l’intime conviction d’Azeddine Ibrahimi qu’il n’a pas cachée dans une interview précédente accordée à « L’Opinion». Selon lui, le monde entier se dirige vers cette approche.

En effet, plusieurs pays comme l’Espagne, l’Italie et Israël ont d’ores et déjà commencé à se préparer à la sortie de la crise sanitaire. Le gouvernement espagnol considère désormais le SARS-COV-2 comme une épidémie saisonnière.

Pour une approche plus pragmatique

Le gouvernement a conditionné la réouverture des frontières à l’évolution de la situation épidémiologique, celle-ci ne peut empirer davantage qu’elle ne l’est actuellement même en cas d’entrée de visiteurs étrangers, estime M. Ibrahimi.

L’ouverture des frontières est d’autant plus soutenable, à ses yeux, que les voyageurs étrangers vaccinés ne sont pas plus menaçants que les Marocains non vaccinés. D’où la nécessité de voir la réalité en face et d’avoir une approche plus pragmatique dans la gestion de la crise sanitaire.

Donc, il est recommandé de redémarrer les aéroports avec un protocole sanitaire strict pour les visiteurs étrangers (pass vaccinal, test PCR…). De son côté, l’épidémiologiste Jaâfar Heikel estime que la fermeture des frontières n’a pas empêché Omicron de se diffuser à grande vitesse.

Les mesures de distanciation sociale et le dépistage massif sont les seuls moyens de limiter la circulation du virus. M. Heikel plaide, pour sa part, pour l’octroi de plus d’importance au sauvetage de l’économie et notamment le tourisme qui a le plus pâti du statu quo.


Anass MACHLOUKH

3 questions à Tayeb Hamdi

Vols internationaux : Plaidoyer pour une fin du lockdown aérien

« L’arrivée des voyageurs de l’étranger ne présente pas un risque épidémique »
 
 
Tayeb Hamdi, expert en Politiques et Systèmes de Santé, a répondu à nos questions sur la possibilité de l’ouverture des frontières d’un point de vue épidémiologique.



- Plusieurs experts se sont prononcé pour l’ouverture des frontières aériennes, qu’en pensez-vous ?

- Personnellement, j’estime que l’ouverture des frontières est possible. En effet, il devient évident que l’arrivée des visiteurs étrangers, complètement vaccinés, sur le territoire national présente moins de risques sur la situation épidémiologique que le comportement des personnes non vaccinées ou celles qui n’adhèrent pas aux mesures préventives.

Les voyageurs étrangers ne peuvent pas également être plus dangereux que les nationaux qui se rassemblent dans des cafés et des rassemblements publics ou privés, ou qui présentent des symptômes sans se faire tester. Compte tenu de la propagation du virus au sein du Maroc, l’accès au territoire national dans les conditions sanitaires imposées et applicables ne présente pas un risque épidémique.


- A quelle condition faut-il ouvrir les frontières ?


- Il serait souhaitable d’envisager l’ouverture des frontières conformément à notre approche marocaine réussie, proactive et anticipative basée sur la prise de décisions adossées aux données scientifiques pour protéger les citoyens et protéger le Maroc avec le moins possible d’impact, de conséquences et de dommages sociaux, psychologiques, éducatifs et économiques. Encore faut-il un protocole sanitaire adapté spécifiquement à chaque pays d’origine des voyageurs avec des données actualisées.


- Selon votre analyse, combien de temps pourrait durer encore la troisième vague ?


- Quand on passera le pic de cas hospitalisés dans la région de Casablanca, on pourra voir le bout du tunnel, même si les autres régions vont connaître une situation presque similaire de leur côté dans les jours et semaines qui suivront, du moment qu’on pourra compter sur la capacité hospitalière de Casablanca comme option de secours quand il le faudra.
 

Recueillis par A. M.
 








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